La série Civilization est tellement connue que je ne vous fais pas l'insulte de me la jouer super testeur et de vous la présenter pour le principe. Le V corrige quelques lourdeurs du quatrième, qui était devenu relativement ennuyeux à jouer (les religions, les espions, l'importance du combat aérien, l'impossibilité de faire une partie véritablement "à la cool" contre l'IA pour raser Babylone avec des tanks), et fait prendre à la série un tournant révolutionnaire en remplaçant les cases en forme de carré par des hexagones (subtile ironie).
Le nouveau système de combat, qui est le même que l'ancien sauf qu'on ne peut pas mettre deux unités sur la même case, est plutôt réussi et apporte un changement intéressant sur le déroulement du jeu. On protège ses archers derrières ses unités de contacts. On gagne pas mal en agressivité aussi, puisqu'on a besoin de moins d'unités pour encercler et prendre une ville (qui elles non plus ne peuvent accueillir plus d'une seule division en défense).
Les Cité-Etats apportent un petit peu de fun et de fraîcheur dans un jeu qui n'a presque pas changé depuis le III. Malheureusement lesdites citées ne sont pas d'un grand intérêt passé le moyen-âge, ayant tendance a stagner assez vite. Pour terminer avec les nouveautés intéressantes, il est agréable de constater que le système de régime et d'idéologie a été fondu dans les "politiques sociales" qui offrent des bonus a débloquer avec les points de culture accumulés ; et même une victoire pour qui réussira à en compléter cinq (il faut pour cela passer le jeu à construire Merveilles, Colisées, Théâtres, Radios, et toutes ces choses qui ralentissent la production de Tanks, mais chacun son truc). Autre changement de taille, avec la bonne technologie, nos fières unités terrestres peuvent naviguer sur les mers (sans défense) et atteindre les contrées sauvage meta-océaniques sans passer par la case "je passe 20 tours à construire ma caravelle". Original, et un vrai soulagement.
Mais voilà, je débarque avec mon gros Sens Critique, et je vais maintenant passer aux choses fâcheuses. Les plus gros défauts de Civilization sont inhérents à la série. Le plus important à mon goût, c'est qu'on a affaire à un jeu typé "arcade", et calibré pour toute la famille, 8 ans et plus. Ainsi, personne ne sera étonné de constater que du point de vue Historique, c'est toujours aussi insultant, on nage dans le wtf le plus complet : Georges Washington s'allie à Napoléon en 50 avant J-C et conquiert Rio de Janeiro dans la sphère d'influence de Gandhi. Attention, l'immersion est totale. D'autre part, on envoie des satellites dans l'espace mais impossible de révéler les continents sans y envoyer ses navires (ce qui est une nouveauté, cependant les aberrations technologiques pour des raisons de gameplay ont toujours été présentes). En clair, quand les développeurs ont le choix entre faire un jeu à l'ambiance cohérente et bidouiller le gameplay pour des partis pris, le choix est vite fait.
L'arbre technologique est toujours aussi évident à maîtriser : on fonce sur la poudre, l'industrialisation, les chemins de fer, les tanks, le nucléaire, et le reste relève du décor (j'exagère, bien sûr, mais le fait est que certaines technologies valent largement plus le coup que d'autres). A ce titre là, l'arbre technologique n'est pas vraiment une question de choix stratégique que d'erreur ou d'ignorance des conséquences des technologies sur le jeu.
Bref pour un jeu de meta-stratégie, on est loin de la profondeur et de la subtilité d'un titre de Paradox Interactive. Mais bon, ça reste rigolo.
En bref, toujours aussi plaisant, toujours aussi Civilization, plus beau, quelques changements, emballez c'est pesé on va en vendre des tonnes. Las, à terme, je crains qu'il ne faille faire preuve d'un peu plus d'audace pour renouveler la série. Mais tout le monde n'est peut-être pas aussi exigeant.
