Intro
Petite critique à chaud qui n'en n'est pas vraiment une : je veux juste remettre un peu en perspective l'accueil plutôt chaleureux qu'a eu le jeu sur Senscritique.com, et sur quelques sites spécialisés. En très bref, le jeu en l'état (Novembre 2016) n'est pas complet ni optimisé, et est très loin de ce qu'a atteint Civ 5 avec Brave New World, voir même de Beyond the Sword. Évidemment il est largement correct, et on peut s'amuser pendant des dizaines d'heures dessus, mais la régression par rapport aux opus précédents, ainsi que le manque d'équilibrage m'a forcé à écrire cette critique - qui s'apparente plus à une vilaine charge contre le jeu.
Le problème n'est tant pas le contenu, ou l'aspect graphique (que je trouve très réussi et cohérent, ayant découvert la série sur Civilization Revolution), mais vient surtout des mécaniques de jeu, ainsi que de nombreux détails ou soucis d'optimisation qui viennent parasiter l'expérience de jeu, jusqu'à rendre les parties carrément frustrantes.
I. Tout n'est pas à jeter, évidemment
Avant de lister les boulets que traîne cet opus, j'admets volontiers plusieurs qualités au titre. Le nouveau système de villes est une bonne avancée sur le papier, la religion et la culture n'ont jamais été aussi gratifiantes et utiles, et certains éléments ou détails qui relèvent de l'évidence (mais qui pour une raison inconnue n'avaient jamais été intégrés) tels que l'expérience des unités de reconnaissance, ou les ouvriers qui peuvent aménager des bateaux de pêche, sont les bienvenus.
II. Des défauts à la pelle
Cependant voilà, malgré les 6 ans de développement (!), le jeu est très loin d'être équilibré, mais alors là c'est pire que Civilization IV vanilla ! C'est carrément révoltant. A se demander si les devs ont jamais joué une partie du début à la fin - tout comme les utilisateurs de Senscritique à en voir certaines critiques.
C'est alarmant de voir à quel point chaque ajout, qui relève pourtant d'une bonne idée à la base (à part pour les ouvriers, mais je vais y venir), se plante et ruine complètement le fun et la progression dans les parties. Le nouveau système de ville, même si il innove, est carrément paradoxal et mal foutu ! Déjà, pour les joueurs comme moi qui aimaient avoir un nombre réduit de villes, et les optimiser à fond, là autant vous dire que c'est fini. Avec l'ajout des quartiers, vous allez avoir besoin d 'au moins 4 à 6 villes quelque soit la taille de la carte pour être un minimum polyvalent, et surtout, il va falloir sacrifier un nombre scandaleux d'aménagements et de cases pour ces putain de quartiers, ce qui va parfois handicaper votre ville outrageusement, et lui assurer un rendement digne d'un village rural Somalien - et je ne parle même pas des villes côtières, qui à cause de ces foutus quartiers, seront carrément contre productives, et bonjour les 18 tours pour construire une caravelle.
On pointe là l'un des plus gros défauts du titre, conséquence de cette refonte des villes et des ouvrier : le stress inhérent au gameplay. La série des Civilization n'a jamais été une promenade de santé pour tout le monde, et a toujours demandé des efforts de gestion et de stratégie relativement importants, mais là c'est carrément devenu une purge que de mener une partie du début jusqu'à la fin ! On passe son temps à fabriquer des ouvriers, car ils s'autodétruisent au bout de 3 aménagements (défrichage inclu !) sans aucune putain de raison, car, dans la vraie vie à ce que je sache, les ouvriers ne se suicident pas au bout de 3 chantiers. Après on passe son temps à construire des fermes pour augmenter les habitations, nouvelle mécanique qui rajoute du bon stress comme on l'aime, et on passe son temps à trouver des occupations pour les villes (nouvelle mécanique complètement déséquilibrée qui remplace ici le bonheur des épisodes précédents, sans aucune raison particulière, encore une fois), ce qui dans certains cas est littéralement impossible, et condamne le joueur à se taper des villes avec une croissance amputée pour tout le reste de la partie.
Au niveau du bashing plus répandu (à raison), on retrouve des reproches récurrents faits à la série depuis qu'elle existe : temps de chargements entre les tours, optimisation, diplomatie et IA. Dans Civilization VI, ces défauts atteignent leur paroxysme : les parties sur des cartes grandes ou immenses sont tout simplement injouables passé le moyen âge, et l'IA est tellement débile et incohérente que ça en devient hilarant : et vas y que je refuse ta proposition d'amitié mais que je te la propose le tour d'après, et vas y que je te propose des échanges commerciaux que même un enfant de 5 ans refuserait par bon sens, et vas y que je t'aime pas parce que mon leader c'était un énorme connard et qu'il voulait tuer tout le monde dans les livres d'histoires...
Bref c'est vraiment pitoyable, tous les efforts entrepris par BNW sont balayés d'un revers de la main par ce nouvel épisode, c'est réellement le sentiment qui domine quand un habitué joue à Civ 6 : on régresse. Dois-je vraiment parler de la carte ? Tout simplement illisible si les graphismes sont au dessous de moyen, et le brouillard de guerre... mon dieu ce brouillard de guerre... j'en rêve la nuit. Pour finir ma charge contre Civilization VI, je ne peux que déplorer un manque flagrant de finition, l'un des meilleurs exemples étant le design des dirigeants et de leurs décors, alors là c'est simple : c'est aussi minimaliste que Civilization III, mis à part les jolies animations trop rigolotes qui arrivent à faire passer n'importe quel leader légendaire pour un personnage de Tex Avery.
En parlant des civilisations, une poignée domine sur le reste, comme c'était le cas depuis le V donc ici rien de vraiment nouveau, si ce n'est que le nombre de civilisations disponibles est vraiment ridicule comparé aux opus précédents : 21, ça peut paraître beaucoup sur le papier, mais il y a un réel manque de diversité et d’identité pour la plupart des leaders, et cela venant de devs qui nous ont amené Boadicée, Sejong, Nabuchodonosor III dans le 5, des leaders qui faisaient rêver, voyager, et qui en imposaient bon dieu !
Conclusion
Voilà. Direct, ça fait un peu moins "Retour du Roi" et plus "Brave New World en moins bien", mais bon en même temps on sait tous très bien que les extensions viendront corriger tout ça, et feront peut-être de Civilization VI le meilleur opus de la série ! Mais toujours est-il qu'en 2016, c'est un mauvais jeu, mal équilibré et mal optimisé, ce qui en fait donc un mauvais Civilization, et ça il suffit d'y jouer 5-6h pour s'en rendre compte, ce qui me fait encore une fois me questionner quand à l'état d'ébriété ou de mauvaise fois des critiques qui le bombardent de 9/10 ou 10/10... m'enfin...