Conarium nous propose une aventure à la première personne basée sur l'univers d'Harry Potter Lovecraft et très fortement inspirée par le livre "Les Montagnes Hallucinées". Le personnage principal se réveille amnésique dans une base scientifique en Antarctique alors que tout les membres de son équipe ont disparu : il va dès lors explorer les lieux en tentant de comprendre ce qu'il s'est passé et à quoi correspondent ces étranges visions qui s'imposent à lui... Je n'en dirais pas plus pour éviter de spoiler le scénario qui, s'il est convenu pour qui est familier des œuvres de Horace Pitivier Lovecraft, est capital dans l'expérience que nous offre Conarium.
En effet, ce n'est pas le gameplay qui prédomine ici car l'aventure n'est au final qu'un Walking Simulator mâtiné d'énigmes, comprendre que le joueur passera 90% du temps à explorer et observer des lieux, ramasser des objets et lire des lettres faisant avancer l'histoire et le background. Puis il lui faudra résoudre des énigmes de difficulté variable, allant du très facile à l'improbable : j'ai jeté l'éponge et regardé une soluce à certains moments car malgré mes efforts, mes deux neurones n'étaient pas suffisant pour m'en sortir.
Ce n'est donc pas par son gameplay absent que peut briller Conarium mais bien grâce à son atmosphère, sa réalisation et son écriture. Et de côté là, c'est très réussi : malgré son statut de "petit jeu indépendant", ses graphismes sont superbes, les différents tableaux tirant largement profits du système d'éclairage efficace et d'effets de brouillard volumétriques, sublimant une direction artistique en béton armé représentant à la perfection le monde de Henry Pointcarré Lovecraft, tout en sculptures étranges, plantes inconnues, structures incompréhensibles... Plein de petits détails parsèment les niveaux qui ont visiblement été réalisés avec amour du Mythe, ce qui réchauffera les petits cœurs des amateurs du barjo de Providence. L'écriture quand à elle est parfaitement en adéquation avec le thème, les extraits de correspondances ou de livres sur lesquels le joueur s'arrête ajoutant véritablement à l'atmosphère lovecraftienne et créant une cohérence narrative en se basant sur des éléments véritables de l'histoire du mysticisme (voir les attributs métaphysiques que certains donnent à la glande pinéale aka conarion).
En somme, Conarium est un bon Walking Simulator, visuellement abouti, très bien écrit, réussissant à créer une véritable atmosphère de solitude et d'étrangeté. Mais justement, c'est son genre qui le tire vers le bas : si seulement les développeurs avaient voulu nous proposer autre chose ! S'ils avaient, par exemple, rajouté des composantes de gameplay horrifiques dans cette ambiance, le jeu aurait pu être un véritable chef d'oeuvre ! En effet, parfois la tension monte lors de nos explorations de souterrains morbides envahis par la brume, de petits bruits étranges se font entendre au loin, semblant se rapprocher de notre personnage démuni et là... rien. Rien car nous savons pertinemment qu'il s'agit d'un Walking Sim dans lequel on ne risque rien, ou si peu.
Bref, si vous êtes amateur de ce genre de jeu, vous pouvez rajouter 2 points à la note, si vous êtes absolument allergiques à l'oeuvre de Howard Philip Lovecraft, vous pouvez en enlever 3, et si, comme moi, vous n'aimez pas les jeux de promenades mais adorez les livres du reclus de Providence, ne touchez à rien et tentez l'aventure : vous serez peut-être séduits.
Iä! Iä! Cthulhu fhtagn! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn!