Condemned : Criminal Origins (2005) est un titre phare de ma jeunesse puisqu’il est mon tout premier jeu acheté sur ma Xbox 360 fraîchement sortie en décembre 2005. À cette époque, j’étais encore au lycée et j’avais utilisé mon argent de poche durement gagné pendant les vacances scolaires (les fameux travaux d’été) pour me la payer. Le titre de Sega faisait partie des titres de lancement de la console et, étant déjà un amateur de jeux d’horreur, j’ai sauté dessus avant de prendre ensuite ce bon vieux Call of Duty 2. Refaire Condemned : Criminal Origins a une résonnance particulière puisqu’il me rappelle tout simplement mes années au lycée et l’émancipation proche à la faculté. Techniquement, le titre de Sega était impressionnant à l’époque, en particulier les effets de lumière. J’étais devenu la star de ma bande de copains puisque tout le monde voulait venir chez moi tester la nouvelle machine de Microsoft !

Aujourd’hui, en 2024, difficile de s’émerveiller devant Condemned tant il a mal vieilli. Alors certes, les effets de lumière sont encore jolis (éclairage volumétrique et ombres dynamiques) mais les textures sont absolument hideuses. Même le héros principal, Ethan Thomas, est modélisé comme un sac de patates avec des textures grossières et baveuses que ce soit les vêtements ou le visage… Côté ambiance, il s’agit probablement du point du fort du titre. Les différents niveaux parcourus sont tous aussi sombres, glauques et malaisants les uns des autres. Le scénario et l’univers développé dans ce titre sont totalement raccords, on a vraiment le sentiment d’évoluer dans les bas-fonds d’une ville nocturne. Pas de musique ici, seulement l’ambiance macabre des égouts, d’une station de métro à 4h du matin et la voie de votre acolyte au FBI, via un téléphone mobile, pour vous aider à vous sortir de ce pétrin. Je suis toujours aussi impressionné par l’ambiance unique de ce titre grâce à une mise en scène sommaire mais efficace. Si le scénario ne vous empêche pas de dormir la nuit, il reste original, car vous incarnez dans ce jeu d’horreur un enquêteur du FBI à la recherche d’un tueur en série appelé « Match Maker » qui sévit dans le quartier d’une ville fictive. Dès l’introduction du jeu, un drame se produit puisque vos deux acolytes de la police sont assassinés devant vos yeux par un mystérieux individu et vous êtes accusés par vos pairs de ces meurtres. N’ayant pas d’autres solutions que de prouver votre innocence, vous fuyiez la police et plongez dans des cloaques urbains à la recherche du coupable. Outre son scénario sympathique, différent de la majorité des jeux du genre, Condemned vous permettra de mener votre enquête sur le fameux tueur en série via des outils propres à la police : rayon ultraviolet pour les empreintes digitales, capteur de substance liquide, appareil photo pour enregistrer les preuves, capteur olfactif pour repérer les cadavres… Une idée bienvenue mais malheureusement limitée à des zones scriptées hors desquelles vous ne pourrez plus utiliser ces outils.

Enfin, parlons du plus important, le gameplay unique du jeu. Condemned propose aux joueurs un gameplay viscéral où vous allez vous battre la plupart du temps au corps-à-corps avec des clochards, des fous, des maniaques ou drogués dans les bas-fonds de la ville. Le principe s’articule de manière très simple : trouver une arme dans l’environnement (un tuyau de canalisation, une planche de bois, une clé à molette, une pelle, une hache à incendie, une masse, un coupe-papier, etc.) et tabasser la gueule de votre adversaire. Même 20 ans après, c’est toujours aussi jouissif et efficace : clique gauche pour frapper, clique droit pour se protéger. Une jauge d’endurance viendra réguler les plus excités de la manette parmi vous ainsi qu’un système de parade à apprivoiser pour éviter de perdre sa dentition trop rapidement puisque bien évidemment, les adversaires disposeront des mêmes atouts. Quelques armes à feu existent (pistolet, fusil à pompe, fusil automatique) et viendront régulièrement ponctuer l’aventure mais, celles-ci disposent toutes d’un chargeur unique, une fois celui-ci vidé, il faut soit se contenter de taper votre adversaire avec le manche du fusil par exemple soit passer à une arme de corps-à-corps. En d’autres termes, on ne ramasse pas de chargeur au sol et on ne conserve pas les armes avec soit dans un inventaire. Certaines des armes de corps-à-corps précitées vous serviront également à progresser dans les niveaux ou à dénicher des secrets : la hache à incendie permet d’ouvrir des portes, tandis que la pelle peut vous servir à couper les câbles d’un digicode verrouillant aussi certains modèles de portes, etc. Des collectables sont disséminés ça et là dans les niveaux, ils n’ont jamais vraiment servi à grand-chose même à l’époque sur Xbox 360 si ce n’est à déverrouiller des succès, succès qui ne fonctionnent plus sur la version Steam.

Parlons de cette version justement, je trouve qu’il s’agit d’un portage relativement fainéant du titre qui aurait mérité un petit lissage visuel. Par ailleurs, le personnage avance à 2km/h dans tous les escaliers du jeu que ce soit en montée ou en descente. Honnêtement, je ne me rappelle pas de ce détail pénible lors de ma découverte en 2005… Bon, cela ne m’a pas dérangé outre mesure mais franchement, c’est agaçant d’avancer comme un camion-benne et peut rebuter les néophytes qui souhaiteraient découvrir ce formidable jeu. Autre aspect négatif, la physique de certains adversaires qui part totalement en cacahouète. Dans Condemned, il vous sera possible d’exécuter des adversaire KO pour les finir après un âpre combat. Mais certaines exécutions font péter un câble à la physique du jeu et il n’est pas rare de voir l’adversaire rebondir du sol au plafond comme un vulgaire ballon de basket. Alors c’est drôle, mais cela casse totalement l’immersion et l’ambiance pesante du titre. Enfin, le menu du jeu est complètement à la ramasse puisque des onglets importants comme la configuration des touches du clavier existent, mais demeurent invisibles à l’écran… Il faut consulter le Hub de la communauté sur Steam pour apprendre qu’en cliquant à un endroit bien déterminé, vous accéder dans le dit menu.


En conclusion, ce fut un véritable plaisir de remettre les mains sur ce titre marquant de ma jeunesse. Condemned : Criminal Origins est dans mes souvenirs inséparables de l’époque où j’ai découvert pour la première fois la Xbox 360, une console absolument formidable au demeurant. En effet, c’était peut-être la dernière fois de ma vie où je pris une vraie claque visuelle en passant des jeux de l’ère 128 bits à une vraie console HD résolument tournée vers le futur : Xbox Live, Hub dans la console, découverte du système de « Succès » inexistant auparavant, etc. Mais sans verser dans la nostalgie, Condemned reste un jeu solide à l’ambiance unique dans le paysage vidéoludique horrifique. Certes, techniquement, nous sommes loin de la claque visuelle de 2005 du fait de textures dépassées, mais il propose un gameplay nerveux et agressif, une histoire plutôt originale tirant sur le thriller psychologique et une IA appréciable qui pourra parfois vous faire sauter de votre fauteuil. À 10 € plein tarif sur Steam, comptez environ 5-6 heures pour en voir le bout. Je recommande.

silaxe
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le 7 sept. 2024

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