Le PSN est souvent considéré comme le "parent pauvre" du marché dématérialisé (les services proposés par Nintendo étant hors-compétition). Que dire alors du PSN réservé à la PSP, encore plus déshérité ? Pour autant, pour qui s'y penche, on y trouve en exclusivité des jeux de niche, qui n'auront pas l'honneur de sorties physiques en Europe.
Corpse Party est l'une de ces exclusivités qui méritent que l'on s'y penche. Sorti en novembre aux Etats-Unis (où il a pris la tête des ventes sur PSN malgré sa sortie la dernière semaine du mois), le jeu est sorti dans l'anonymat le plus complet sur le PSN français il y a quelques semaines. Je n'en ai entendu parler pour ma part que dans un podcast "bilan 2011" de radio01.net.
Il s'agit à la base d'un jeu PC sorti en 1998 et qui a eu droit à quelques remakes, dont cette version PSP est la seule disponible en Occident.
L'histoire commence avec un groupe mixte de lycéens (plus leur professeur et la petite soeur d'un des lycéens) qui s'amusent à se faire peur dans leur salle de classe. Une des histoires parle d'une légende urbaine qui veut que leur lycée soit bâti sur les fondations d'une école où se sont déroulés d'horribles meurtres une trentaine d'années plus tôt. Ils terminent leur séance d'histoires par un rituel aux conséquences inattendues. En effet, après un violent tremblement de terre, ils se réveillent séparés en petits groupes dans ce qui semble être les ruines de la fameuse école des crimes ... Les cadavres nombreux semblent démontrer qu'ils ne sont pas les seuls à être tombés dans cette galère.
S'en suit une aventure découpée en 5 chapitres (plus 10 chapitres "extra" qui se débloquent au fur et à mesure de la collecte de certains objets) où la mort rôde, dans des formes tout aussi cruelles les unes que les autres ...
Il s'agit d'un jeu horrifique, mais qui tient cependant plus du visual novel que du survival horror. Mais au contraire d'autres jeux du même genre (tels 999), on ne navigue pas sur des écrans fixes plus ou moins en 3D, mais comme dans un jeu 2D, avec des graphismes rappelant les jeux de la fin des années 90 (Wild Arms par exemple).
Le jeu réussit à instiller la peur, non par rapport à ses graphismes modestes, mais grâce à un excellent travail sur le son (très bon doublage japonais, bruitages dérangeants, rires malsains) et des textes qui décrivent de manière macabre les horreurs auxquels sont confrontés les jeunes personnages. Car oui, le jeu est extrêmement violent, ce qui tranche d'autant plus avec le design et la psychologie "cliché" des lycéens, dans la plus pure tradition des animes : lycéennes de 16 ans dont le physique et les minauderies les font passer pour des gamines de 12 ans, faux rebelle, binoclard, héros "oublieux de l'amour". L'univers en lui-même n'a rien de particulièrement original : fantômes vengeurs, légendes urbaines japonaises. Ce ne sont pas les quelques phases d'action (mémorisation d'emplacements, courses poursuites) qui feront pencher la balance.
Pour autant l'histoire se laisse suivre avec grand plaisir, malgré des débuts laborieux et un cheminement répétitif et sans aucune indication précise. Je conseille de consulter le walkthrough sans spoilers de GameFaqs pour bien profiter du jeu et arriver sans trop d'embûches à la fin de la huitaine d'heures que propose ce jeu d'un genre sous-exploité en France. Allergiques à l'anglais et/ou aux anime et/ou aux histoires horrifiques s'abstenir.