Dans ma tentative de devenir riche grâce aux jeux vidéo, deux stratégies se sont imposées à moi : par l’intermédiaire de ma plume ou bien à l’aide de mes légendaires capacités, mon clic puissant, mes réflexes affûtés et ma vision perçante. Je vous livre ici un extrait de mon journal ou comment j’ai essayé de me mettre à Counter-Strike 15 ans trop tard.
“Allez, c’est parti, ça ne peut pas être si compliqué que ça. Bon alors, le menu pour les armes. Qu’est-ce que je vais prendre ? Faisons le tour rapidement. C’est le début, je n’ai pas d’argent. Allons-y avec le flingue de base pour comprendre déjà. Ah, tout le monde est déjà mort dans mon équipe ? Ils comptent sur moi. Je ne peux pas les décevoir. C’est mon moment de gloire, je vais être le héros qui à la première partie va… C’était ambitieux, gardons la tête froide.”
“Ne faisons pas deux fois la même erreur. Vite, une arme, n’importe laquelle, hop. Faut aller où maintenant ? Je vais suivre le plus gros groupe. Pourquoi ils passent tous par là ? Il y a un autre chemin ici qui n’est pas défendu du coup et… Pu… naise.”
“Il y en a marre de se faire flinguer à tout bout de champ, je vais me planquer. Je dois défendre donc je me mets à un point et j’attends. Le premier qui passe, je lui mets une balle dans la tête. Ou une douzaine dans les jambes, peu importe ce que permet mon Parkinson. Donc, derrière cette caisse, j’ai une bonne vue sur ce qui arrive et je suis plutôt discret. C’est long là quand même. J’ai l’impression que toute l’action se passe de l’autre côté. Si je jette juste un coup d’œil peut-être que… OK, c’était pas malin.”
“Ne faisons pas deux, trois, quatre, bref peu importe. Je vais la jouer homme de la nature et planter ma tente. Je ne bougerai pas d’ici peu importe les… BOMB HAS BEEN PLANTED. Allez, le retour du quart d’heure héroïque. J’entends déjà la musique épique monter Je vais au moins essayer d’en avoir un. Elle est par où déjà la zone B. Houlà, ça bipe beaucoup là. Eh mince.”
“On recommence. Ma stratégie va bien finir par fonctionner. Attendons patiemment. Tiens, voilà un client. Il ne m’a pas vu. Zut, pourquoi je le tue pas. Je le touche au moins ? Allez, tu vas mourir ou quoi ? Bordel, tu crèves ou… Ou c’est moi, oui, c’est moi bien sûr.
“Je change tout. Je me jette dans la mêlée. Je cours avec mon couteau comme tout le monde. J’alterne les armes à toute vitesse, je vise et… Je rate. Encore. Incroyable d’être aussi mauvais. C’est pitoyable. Au point où j’en suis, peut-être qu’avec le cout… Non, évidemment non.”
“Alors faisons les comptes. J’ai passé plus de temps à attendre les fins de match qu’à jouer concrètement. Passionnant. Quinze secondes de course au début. Trente ensuite à se planquer derrière un muret. Puis une minute trente à regarder des gens meilleurs que moi faire des trucs qui n’ont pourtant pas l’air fous. Eh merde, quoi !”
“Et c’est quoi tous ces gamins de 12 ans qui braillent sans arrêt et qui me mettent des balles dans la tête dès qu’une touffe de cheveux apparaît. Toutes les cachettes sont connues. Je ne peux même pas me dire que je vais être meilleur parce que je suis plus intelligent. Comme un con, j’ai cru que je devais m’adapter. Faire l’usage de me capacité principale d’humain. C’est faux, il s’agit là de pure pratique. Il n’y a aucune réflexion à avoir. Il faut devenir un robot, enchaîner les heures à se faire tirer comme un lapin paraplégique en pleine campagne et à attendre le début d’une nouvelle partie. Le contraire de ce qui est amusant. Ou alors, il fallait arriver il y a quinze ans.”
“5 heures de jeu. Désinstaller ? Oui.”