Récemment, je suis tombé par hasard sur un speedrun de Crash Bandicoot présenté par les relativement célèbres RealMyope & Cœur de Vandale… "Pourquoi pas" me dis-je, "ils sont plutôt cools, et j'adore la série". Sauf que le spectacle auquel j'assistai fut sidérant : tout au long de la vidéo, ils n'ont cessé de descendre le jeu, sans aucune objectivité ni subtilité… Et cette manie de le comparer sans cesse à Mario 64, parfait à leurs yeux (alors que moi, c'que j'en pense…) : je ne voulais pas croire jusque là leur réputation de "mafia Nintendo", mais force est de reconnaître qu'elle n'est finalement pas si usurpée… Essayons de ne pas faire comme eux, et de vanter le plus objectivement possible les qualités de ce Crash Bandicoot


D'un point de vue scénar', c'est plutôt élaboré et original pour un jeu du genre : on nous présente un savant fou, Dr. Neo Cortex, raillé par la communauté scientifique pour ses théories farfelues (et pourtant presque réalisables, comme le dit si bien la notice…), souhaitant désormais dominer le monde en créant une armée "intelligente", composée d'animaux sauvages anthropomorphiques modifiés génétiquement…et en même temps leur clouer le bec à tous.


Le bandicoot Crash était sensé prendre la tête des troupes, mais étant de nature pacifiste (et, faut avouer, un peu con aussi), Cortex a fini par le congédier. Mais Crash s'était attaché à Tawna, une femelle de son espèce que le scientifique retient captive… Il revient donc pour libérer sa belle (qui le larguera bien vite si tôt libre… ah, les femmes…), et accessoirement contrecarrer les plans de Cortex, qui l'a si mal considéré…


Entrons dans le vif du sujet : s'il y a bien un truc qu'on peut reprocher à ce premier opus, c'est la panoplie de mouvements extrêmement réduite de Crash. Certes, le jeu multiplie les situations variées pour limiter quelque peu ce "défaut", comme les phases vues de profil, les courses-poursuites indianajonesques en sens inverse, les rodéos à dos de sanglier, le château plongé dans l'obscurité, seulement éclairé par les masques Aku-Aku…mais de base, Crash ne peut que sauter et faire une "attaque toupie".


Les masques Aku-Aku ? Ce sont avant tout des protections, un masque acquis permettant de se prémunir d'un coup, un second de deux coups. Un troisième et dernier masque donne une invincibilité temporaire (comme l'étoile chez la mascotte nintendienne) qui nous fait revenir à un double-masque une fois celle-ci terminée. Ils ne seront pas de trop si on cherche à finir le jeu à 100%, challenge ici bien plus complexe que dans ses futures suites (il faut traverser un niveau sans mourir, en plus de casser toutes ses caisses, pour obtenir son diamant).


Techniquement parlant, Crash Bandicoot peut se targuer de proposer des graphismes qui tiennent encore aujourd'hui superbement bien la route, dans le haut du panier de ce qu'on trouvait sur PS1 en 1996… Si on pouvait craindre une certaine redondance des environnements à la vue des premiers niveaux, on quitte rapidement la jungle dès la deuxième île : se succèdent alors des tombeaux, des ruines mayas-like, des usines, des égoûts, des laboratoires… Certains stages sortent du lot, comme ceux au dessus du vide avec leurs ponts vétustes tout sauf engageants, ou encore les deux niveaux noyés sous une pluie torrentielle, à escalader les murs de la forteresse de Cortex…


Mais si le level design s'en sort bien, le chara design est plus mitigé, que ce soit le "charisme" de certains boss (Papu Papu, Koala Kong) ou le bestiaire de base qui, dans sa globalité, manque d'un je-ne-sais-quoi de personnalité (par exemple la plante carnivore, pour moi le meilleur ennemi commun du jeu, ressemble quand même pas mal au célèbre ennemi idoine de la série kyotoite…).


Enfin, dernier aspect qui m'a un peu surpris sur les critiques de RM et CdV (ouais, on en revient à nos deux lascars), ce sont les reproches faits aux musiques. Je les trouve au contraire parfaitement dans le ton, misant sur des mélodies simples et des rythmes différés de percussions, rendant l'ensemble très "tribal", ce qui était sans aucun doute l'effet recherché. Certains thèmes sont même particulièrement bons, comme l'inspiration très Wild West des phases à dos de sanglier, ou celui très posé de l'affrontement final. Pour finir, des bruitages cartoonesques dans la veine d'un Tex Avery complètent admirablement cet environnement sonore réussi.


En résumé, ce premier opus est une très grande réussite, à tous les niveaux. Certes, il ne révolutionne pas grand-chose, piochant même la plupart de ses idées/mécaniques chez la concurrence…mais il le fait très bien. Et puis Crash possède un capital sympathie indéniable, concourant sans peine (avec Spyro) dans la catégorie des mascottes non officielles de la play…


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le 10 janv. 2016

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