Vous vous souvenez de Crazy Frog ? Mais si, cherchez bien tout au fond de votre mémoire, ça vous dit forcément quelque chose… Non, rien ? Mémoire sélective sans doute...comme je vous envie !! Mais laissez-moi sadiquement vous la rafraîchir : Crazy Frog, c'est une putain de bestiole bleuâtre irritante qui croit savoir imiter le vrombissement d'une mobylette, et qui a massacré le thème de Beverly Hills Cop avec son remix "dance" absolument dégueu…
Comme tous les trucs les plus horribles de la Terre, qui marchent auprès d'un grand public formaté au caca -dont la sensibilité artistique est proche du zéro absolu-, cet horripilant personnage s'est vu décliner à toutes les sauces : peluches, t-shirts, tasses à café...et malheureusement pour nous, joueurs de tous horizons, en jeu vidéal…
Lorsqu'on adapte de bons trucs en jeu vidéo, on obtient rarement l'excellence (même si ça s'améliore depuis quelques années) ; lorsqu'on adapte de la merde...ben, sans surprise, on obtient de la merde !! Preuves par l'écrit pas plus tard que tout de suite…
Sans vouloir afficher plus de prétentions que cela, je m'y connais un minimum dans ce genre qu'on appelle génériquement le "Mario Kart-like". J'en ai joué de très bons (l'indétrônable Crash Team Racing, le "précurseur" Super Mario Kart, l'innovant Diddy Kong Racing…), de très honnêtes constituant de bonnes alternatives aux cadors (Street Racer, Sonic and All-Stars Racing Transformed, Konami Krazy Racers…) et d'autres, tantôt très moyens, tantôt over-surcôtés, mais jamais totalement catastrophiques (Mario Kart 64, Speed Freaks, Re-Volt, Sonic R, Cocoto Kart Racer…).
Mais lorsqu'on fait face à ce Crazy Frog Racer, un frisson inhabituel nous traverse le corps… Une sensation impossible à exprimer sans trembler de tout son être, un mélange de peur et de dégoût qui nous prend aux tripes, qui nous fait redouter le pire avant même d'avoir allumé la console… On dit souvent que la première impression est toujours la bonne… Dans le cas présent, ça n'a jamais été aussi vrai…
On va commencer par évoquer la plastique du jeu. Pour le peu que j'en sais de cette saleté bleue, son univers se résume à elle-même, sa "mobylette" de merde et une route. Crazy Frog Racer étant un jeu de course (ou en tout cas se réclamant comme tel), il a bien fallu créer des concurrents...ben je vous raconte pas la gueule de ceux-ci !! Ça flirte tellement avec le nawak et le non-charisme que je pense sincèrement que "The Annoying Thing" est le perso le plus "classe" du jeu…
Et les pistes alors, je n'ai pas encore parlé des pistes. Il y en a très exactement 12, réparties dans trois environnements différents. Enfin, "différents" est un bien grand mot, tant les trois décors sont difficilement dissociables… Et si je n'ai pas de griefs majeurs concernant les tracés à proprement parler, c'est tout le reste que je conspue…
En effet, le graphisme est médiocre, enfin presque, car il n'arrive pas selon mes critères persos à la cheville de la médiocrité… Techniquement, c'est encore pire : vous trouvez le clipping de Daytona USA sur Saturn monstrueux ? Vous n'avez pas encore joué à ce jeu… La piste se construit LITTÉRALEMENT sous nos yeux, et il m'est même parfois arrivé de la devancer, et donc de piloter sur du vide…
Sans surprise, la qualité du gameplay est proportionnelle à celle de ce design de folie (on appelle ça la loi des séries). La physique des bolides est aléatoire, la caméra est fort mal placée (il est difficile d'anticiper certains virages), l'IA semble bloquée en mode "beginner" en permanence, les pilotes sont bien moins hétéroclites que ne le laissent penser leurs statistiques…
Mario Kart-like oblige, le jeu offre des power-ups : ceux-ci sont loins d'être originaux et au nombre fort frugal de...6, et d'ailleurs les opposants ne s'en servent quasiment jamais… Même la petite touche d'originalité est en fait une fausse bonne idée : les bonus ne se trouvent pas sur la piste ; en revanche, on y trouve des pièces servant à les acheter, en direct live pendant la course (sur le second écran), grâce aux boutons de la tranche. Mais où c'est qu'ils ne sont pas, nos yeux, quand on fait notre choix ? Sur la piste, bien sûr !! Donc, à moins d'avoir des yeux bioniques, c'est la sortie de route quasi-assurée…
Vous pensez sans doute qu'on ne peut descendre plus bas… Parlons alors de la durée de vie très limite (3 modes, 8 persos, 12 courses) qui nous fait remonter le temps, au moins 10 ans en arrière… Ok, il y a bien un mode multi, mais je défie quiconque de trouver 1 à 3 potes pour jouer avec lui (et sérieux, si vous y arrivez, un conseil gratuit, changez de potes).
Il reste cependant le summum : l'environnement sonore. J'en ai entendu des ambiances pourraves dans les jeux vidéo, mais là ça dépasse l'entendement… Dès le début, on est "chaleureusement accueilli" par la "douce voix" de ce putain de batracien de malheur qui, quand ça lui chante, prendra un malin plaisir à récidiver si on passe un peu trop de temps dans les menus…
Par chance, on ne l'entend pas pendant les courses. Est-ce à dire que l'ambiance est bonne pendant celles-ci ? Heu, comment dire… Je ne saurais même pas expliquer avec des mots ce qu'on ressent lorsqu'on entend ces successions de bruits infâmes qui tentent tant bien que mal de se faire passer pour de la musique…
En bref, Crazy Frog Racer est autant à éviter que des vacances d'été dans une station balnéaire de l'ouest japonais au milieu des années 40…