Cela fait 25 ans que Final Fantasy VII est arrivé dans nos contrées. Je ne vais pas vous refaire l’histoire du jeu, ni la claque qu’il m’a mise en me faisant entrer dans le monde un RPG japonais.
Square Enix a par la suite décidé d’étendre le lore de FF VII, en expliquant comment nous en étions arrivés à ce qui se passe dans le jeu. Certains de ces épisodes ne sont jamais parvenus en Europe. Pour les 10 ans de son jeu mythique apparut un jeu mettant en scène Zack Fair, qui sortit sur PSP, la première console portable de Sony. Un jeu que j’avais apprécié à l’époque et qui se passe avant FF VII et fait même le lien avec lui. Sorti en 2007 au Japon, Crisis Core : Final Fantasy VII est arrivé l’année suivante dans nos contrées. Square ne pouvait pas rater non plus l’anniversaire d’un jeu fondamental dans le lore de FFVII, et nous gratifie donc pour les 15 ans de Crisis Core un remaster en bonne et due forme. Pour quel résultat ?
L’affaire est dans le Zack
L’histoire débute 5 ans avant les événements se déroulant dans Final Fantasy VII.
Le SOLDAT, le corps militaire d’élite de la Shinra et les TURKs, les agents spéciaux, travaillent ensemble pour enrayer les troubles et autres conflits, visibles ou invisibles. Mais une période de crise semble s’amorcer au fur et à mesure que les secrets de la Shinra sont amenés au grand jour.
Le conglomérat fait régner la terreur mais se fait de plus en plus détester notamment à Midgar, ville tentaculaire dans laquelle les plus pauvres vivent dans des taudis situés sous la plaque centrale de la ville, située 300 mètres plus haut, et au dessus de laquelle se trouve l’immense siège de la compagnie. La toute puissante Shinra Electric Power Company étend son monopole sur le monde et sur l’exploitation de l’énergie Mako. Seul le Wutaï résiste encore. Le seconde classe du SOLDAT Zack Fair est envoyé avec son mentor Angeal dans la capitale pour éliminer les dernières poches de résistance, tout en enquêtant sur la disparition de Genesis Rhapsodos, un première classe. Mais voilà qu’Angeal disparaît à son tour et des monstres avec la tête de Genesis apparaissent. Petit à petit, Zack va s’apercevoir que son employeur n’est pas aussi blanc qu’il n’y paraît et découvre de mystérieuses expériences génétiques pratiquées au sein même de la Shinra…
C’est l’histoire d’un SOLDAT…
Je n’en dirai pas plus pour ceux qui découvrent le jeu, mais sachez qu’il s’avère être l’origin story de FF VII. De fait, il s’avère indispensable pour mieux comprendre ce qui se passe dans celui-ci. Il apporte des réponses à beaucoup de questions de l’original. Et ce d’autant plus qu’on retrouve Cloud, et le véritable rôle qu’il a joué dans la « crise » décrite dans le titre et dans le scénario du jeu, mais on retrouve également un certain SOLDAT aux longs cheveux argentés ainsi qu’une fleuriste qui est la dernière descendante de sa lignée, entre autres… Oui je ne vais pas tout vous dire non plus, je tiens à ce que vous découvriez par vous-même de qui il retourne.
Donner un rôle plus étendu à Zack était également une bonne idée, tant son importance est primordiale dans FF VII. Vous incarnez donc Zack Fair, originaire du village de Gongaga, et voyez son évolution au sein du SOLDAT. Impulsif et cherchant toujours l’action, il n’a qu’un but : devenir un héros. Mais c’était sans compter l’écriture de Square Enix qui fait en sorte que notre homme mettra petit à petit ses idéaux de côté et affronter la réalité tant qu’il le peut. Le scénario est bien écrit dans l’ensemble, a bénéficié de modifications mineures pour le rendre encore plus cohérent avec FF VII. Crisis Core se veut donc un trait d’union, au cœur même de la crise, qui couvait dans Before Crisis, hélas jamais sorti chez nous.
Quant à ceux qui disent que Zack est un plot twist complètement malvenu du jeu fondateur, je leur dirai simplement de refaire le jeu et de faire les actions suivantes : aller à Gongaga avec Aertih et Tifa, pour y voir des scènes spéciales, notamment dans la maison au sud du village où vivent ses parents. Ensuite, lorsque Cloud aura retrouvé la mémoire, d’aller au sous sol du manoir de Nibelheim pour voir les scènes concernant la fuite des deux hommes vers Midgar. Parce que la mauvaise foi, ça va bien 5 minutes, et encore...
Activating Combat Mode
Vous entendrez très souvent cette phrase, je vous le garantis.
Crisis Core était déjà un jeu tourné vers l’action en 2007 sur PSP. Cette version remasterisée reprend donc ce principe, ce qui veut dire que le tour-par-tour n’est absolument pas d’actualité. Cela permet aussi d’être dans la continuité de Final Fantasy VII Remake, car Square Enix a conservé les fondamentaux. Zack donne des coups avec Carré, esquive avec Croix, pare avec R1, utilise des objets avec Rond et Triangle sert à activer les effets de l’OCN. Vous savez, la roulette qui s’activait tout le temps dans l’original. OCN signifie Onde Cérébrale Numérique et s’active dès qu’un combat est lancé . Trois rouleaux tournent alors dans le coin supérieur gauche de l’écran à mesure que vous combattez. Des effets bénéfiques se font sentir à partir de deux visages de personnages et deux chiffres identiques. Si vous en avez trois, vous pourrez alors déclencher une « Transcendance », à savoir l’équivalent des Limites du VII. Bien entendu, les possibilités de départ sont limitées mais plus vous évoluerez dans l’histoire, plus vous aurez de nouveaux visages. Si vous avez des invocations, si les trois symboles identiques tombent, vous déclencherez alors la furie de la créature.
La bonne nouvelle, c’est que cette roulette est nettement moins aléatoire, notamment pour les montées de niveaux avec un 777, et aussi, moins intrusive. Une bonne manière de fluidifier encore plus le système de combat, d’autant que le système d’utilisation des matérias a été modifié. Vous pouvez équiper Zack de 6 matérias et construire différents builds. Personnellement, je vous recommanderai d’avoir un build magique (matérias vertes) et un build physique (matérias jaunes), tout en mettant aussi deux matérias de renfort ou d’améliorations (matérias bleues et roses) . Rien ne vous empêche de faire des mélanges si vous le désirez. Bien entendu, les matérias évoluent à mesure que vous les utilisez. Il faut pour cela appuyer sur L1 puis le bouton correspondant. Il faut toutefois faire attention : certains sorts sont assez lents et si l’ennemi bouge, vous risquez de faire chou blanc. Bien entendu, utiliser des sorts consommera des MP , les points de magie, tandis qu’utiliser des coups spéciaux hors transcendance ou invocations utilisera des AP, les points d’actions, symbolisés par une barre jaune. Chaque ennemi vaincu rapporte des points d’XP, même si ceux-ci ne sont pas affichés à l’écran, ce qui permet d’expliquer un changement de niveau beaucoup plus régulier avec l’OCN. Combattre dans cette version remasterisée est un vrai plaisir, c’est fluide, dynamique et moins laborieux qu’à l’époque. On sent bien que l’expérience de FF VII Remake n’a pas été vaine, pour notre plus grand bonheur.
Missions bourratives
Zack disposera rapidement de la faculté de faire fusionner des matérias pour en obtenir de plus puissantes, et pourquoi pas avec un objet pour pouvoir ajouter des effets supplémentaires. La plupart du temps, ces objets sont à récupérer dans les différentes missions que Zack aura à effectuer depuis un point de sauvegarde, qui restaurera de surcroît tous vos HP, MP et AP. Si vous appuyez sur Triangle, vous aurez accès à un set de missions divisées en 10 grands thèmes, pour un total de 300. Elles sont disponibles soit en progressant dans l’histoire, soit en parlant à certains PNJ que vous croisez dans les différents lieux. N’hésitez pas à aller vers eux, parce que vous pourrez passer à côté de certaines d’entre elles. Un indice allant de 1 à 10 étoiles indique la difficulté. Pour les plus avancées, inutile de dire que certains objets seront indispensables. Parce que bon, parfois il arrive qu’on se lance dans une mission de 6 étoiles de difficulté, de pas trop mal progresser jusqu’à ce que par exemple, un ennemi fasse « Mort subite » sur notre héros. Oui c’est du vécu et ça énerve. A moins d’avoir une ceinture de sûreté, que vous pouvez acheter dans une des boutiques du jeu, à condition là aussi d’avoir suffisamment avancé ou rempli certaines conditions. Certaines sont en effet facultatives et peuvent donc ne jamais apparaître. Le truc, c’est que les actions à faire pour les débloquer ne sont absolument pas indiquées.
Pour en revenir aux missions, je regrette qu’elles ne soient pas mises en scène. Et comme le jeu est sorti à la base sur PSP, nous avons droit à un texte explicatif avant de se lancer dans la mission, avec une récompense visible, son niveau de difficulté, et c’est tout. Pas de cinématique permettant de d’introduire le contexte. Elles sont nombreuses, et toutes les faire vous demandera du temps si vous êtes un acharné ou un complétiste . Mais je regrette le manque variété au sein de celles-ci. L’immense majorité d’entre elles consisteront juste à chercher les coffres disséminés ça et là, le jeu est gentil et vous indique combien il y en a dans la zone, combattre des monstres qui apparaissent aléatoirement dans le couloir qui vous mènera à la cible de la mission. Il se peut qu’il y en ait parfois plusieurs, mais dans tous les cas, quel que soit le prétexte du texte de briefing, cela consiste en des éliminations de cibles. Si elles ne sont pas à négliger, notamment pour le levelling et les objets qu’on y trouve, le tout s’avère trop répétitif, pour ne pas dire indigeste. Un peu de variété n’aurait pas fait de mal.
La différence entre remaster et remake,c’est quoi ?
Lorsqu’on lance Crisis Core Reunion, on voit qu’il flatte l’œil directement. Le travail sur les décors, les textures, les menus entièrement refaits, on sent là encore que FF VII Remake est passé par là, cela se voit dans l’esthétique globale du jeu. C’est beau, même sur PS4, à condition toutefois de passer outre certaines animations notamment lors des cinématiques, qui n’ont pas été retravaillées ou certaines textures assez immondes si on va dans le détail. Mais on reconnaît sans mal différents les différents lieux emblématiques, On le voit, le jeu a bénéficié d’un travail certain qui améliore le confort du joueur, même s’il n’a pas bénéficié du même budget que son modèle. On appréciera aussi les musiques remasterisées et réarrangées, avec certains thèmes reconnaissables notamment pour ceux qui comme moi suivent FF VII et son lore depuis longtemps. Vous pouvez opter pour le doublage anglais ou japonais, les sous-titres sont quant à eux en français. Heureusement, ça aurait fait tâche sinon, sachant qu’il était déjà traduit sur PSP. L’histoire, quant à elle, n’a pas changé d’un iota dans sa structure depuis la première édition du jeu. Ce qui implique qu’il faut parfois composer avec un enchaînement des événements un peu précipité, cela se voit surtout vers la fin. Même s’il apporte des réponses à FF VII , cette narration paraît un peu datée, typique d’un titre sorti sur console portable. Malheureusement, Crisis Core Reunion ne peut pas renier ses origines et il n’y a pas qu’ici que cela se voit.
Dis papa, c’est quoi un couloir ?
En effet, si Square Enix a fait un effort indéniable sur la technique pure, avec des graphismes remis au goût du jour et de toute beauté ou presque partout où il tourne, même sur Switch, de belles musiques comme je viens de dire, c’est au niveau de la structure globale que Crisis Core Reunion fait sentir son ancienneté. C’est bien simple, vous évoluerez la plupart du temps dans des couloirs, parfois aussi étroits que celui de mon appartement. Certains donjons comme les réacteurs Mako permettent d’habilement camoufler cela, mais ça se ressent beaucoup dans les espaces en extérieur. Je ne demandais pas que le soft devienne un open-world, mais élargir les possibilités d’exploration n’aurait pas été de trop. D’autant qu’il y a parfois quelques embranchements, dans lesquels se trouvent souvent des coffres- leur contenu peut toujours servir- mais en dehors de ça, ils ne servent pas à grand-chose. Autre reproche : les univers dans lesquels évolue Zack notamment lors des missions annexes sont trop peu nombreux. Les décors pour Cosmo Canyon ou une île déserte sont les mêmes à peu de chose près, à savoir un environnement rocheux sans trop de personnalité propre. De même pour les sous-sols de la Shinra, qui ressemblent à n’importe quel entrepôt lambda. La PSP était limitée, notamment à cause de son format de jeu, l’UMD, qui n’a jamais pris, qui était de moindre capacité. On voit bien ici la différence entre un remaster, réussi dans l’ensemble, certes, et un remake, où sans doute dans ce cas, Square Enix aurait complètement révisé la structure du jeu pour offrir quelques chose de plus moderne.
Ensuite, le jeu est assez court en ligne droite, comptez entre 12 et 15 heures grand max pour l'histoire, mais les missions permettent cependant de tripler la durée de vie. Encore faut-il avoir la volonté de toutes les faire... Mais je persiste et signe, malgré des défauts assez voyants, cela n’a pas entravé mon plaisir de (re)jouer à ce jeu, qui demeure une très bonne préquelle.
Et si vous êtes un vieux d’la vieille de FF VII, (25 ans déjà!) vous savez comment se finit le jeu. Et vous savez quoi ? C’est toujours aussi déchirant. Et moi, j’ai maintenant envie de refaire FF VII pour la énième fois.
Conclusion : Un très bon remaster
Crisis Core Final Fantasy VII Reunion est un remaster réussi d’un jeu qui commence accuser son âge. Cette version remise au goût du jour est belle dans l’ensemble, bien qu’imparfaite, et en plus de proposer une histoire prenante sur l’épopée de Zack, permettant de comprendre certains événements du jeu original. Le système de combat a été modifié pour notre plus grand bonheur, devenant beaucoup plus fluide et rapide, et une roulette d’effets beaucoup moins aléatoire que dans l’original. J’aurais cependant aimé que Square Enix aille plus loin et modifie la structure même du jeu, trop rigide et trop datée 15 ans plus tard. On peut en dire autant des missions facultatives, qui deviennent vite répétitives. Mais le jeu reste un indispensable dans l’univers de FF VII, ne serait-ce que pour son scénario et nul doute que les nouveaux venus auront à cœur de faire l’épopée de Zack Fair, et ainsi découvrir un final poignant.