Un sujet derrière la vulgarité technique
A en voir des screens, on pourrait croire que ce jeu a plus d'une décennie. En réalité, il n'en est rien puisqu'il est sorti en 2012 et repose sur le moteur GoldSource du premier HL, mais bien exploité pour que la vieillesse technique ne se sente pas trop. Quoi qu'il en soit, il serait presque dommage de critiquer l'aspect technique de ce jeu puisque outre le fait qu'il soit gratuit, il a été développé par une petite équipe de 6 personnes (dont seulement 3 pour s'occuper de la programmation).
A quoi s'attendre en lançant le jeu ?
C'est vrai qu'on se prend un beau screamer dès les premières minutes de jeu, et qu'après cet instant, un jugement hâtif nous laisse à penser qu'il s'agit d'un vulgaire jeu qui se raccroche à ces effets de surprise pour faire peur, et rien d'autre d'intéressant à côté. Détrompez-vous, en continuant votre partie vous verrez que ce n'est pas le cas. Tout au long de l'aventure solo (qui dure pas loin de 7 heures, pour un jeu gratuit c'est excellent), l'ambiance horrifique à la teinte glauque et malsaine imprègne constamment le joueur, et lui fait penser que les développeurs ont un petit côté sadique en ayant conçu ce design crados et des ennemis aux formes parfois très spaces. Quand on est pris dans Cry of Fear, la technique est reléguée au second plan par l'atmosphère du titre et l'ambiance sonore, très travaillée joue beaucoup. Quelques notes de guitare venues en moments de jeu calmes m'ont même surpris, moi qui pensait avoir affaire uniquement à des musiques de fond.
Alors d'accord, l'ambiance est au rendez-vous, mais le côté peur ?
Vous aurez difficilement du mal à éviter un certain nombre de sursauts dans ce jeu, beaucoup d'ennemis vous sautant dessus à des angles de couloirs ou dans des endroits bien sombres. Mention spéciale à certaines phases scriptées de course-poursuite avec un ennemi à la tronçonneuse qui ne vous laisse pas le temps de visiter les lieux en toute sérénité. Je n'ai pas non plus ressenti une tension forte, une sorte d'angoisse émanant de cette harmonie lugubre et sordide des environnements comme il m'est arrivé de vivre dans des survivals japonais. Chacun apprécie selon sa personne le niveau de peur d'un jeu, et je pense que la plupart des joueurs trouveront largement leur compte avec CoF. Pour moi, le contrat "flippe" est assez réussi.
Je le disais précédemment, le jeu est gratuit, et pour un jeu offert, le contenu est épais : campagne solo en 8 chapitres qui dure minimum 6 heures (voire bien plus ...), plusieurs fins possibles selon quelques choix à faire en cours de route, mode multijoueur, mode Survie et mode coop (avec quelques chapitres en exclusivité). Tout ça pour un titre fait par bénévolat. On change une lettre en passant de CoF à CoD, et on se retrouve sur une autre planète avec un jeu annuel vendu 70 boules ...
C'est un FPS qui fait partie des rares jeux du genre où la gestion de l'inventaire et des munitions est un minimum corsée : les munitions sont infimes et on n'a droit qu'à quelques emplacements pour stocker nos armes, seringues (pour nous soigner) et objets divers pour avancer (clés, notes, etc). Comme dans Resident Evil 1, il faudra faire des choix et se séparer d'armes le long du jeu. En plus de ça, l'aventure recèle quelques phases d'exploration et d'énigmes qui sont les bienvenues malgré leur grosse simplicité, et au final, les affrontements avec les ennemis, brusques mais brefs, ne représentent qu'une petite proportion dans la trame. Petit truc sympa : possibilité d'utiliser 2 armes à la fois, fait rare dans un FPS. Et vous verrez qu'au fil du jeu, des idées de ce genre sont nombreuses, ce qui est plaisant pour un jeu indépendant. Seul bémol, commun à la majorité des shoots orientés solo : un manque flagrant de punch et de sensation au niveau des armes à feu ; le feeling de tir est totalement fade.
L'autre touche intéressante du jeu fait référence à son histoire, plutôt originale même si côté mise en scène et narration, il faudra se contenter du minimum. On incarne un jeune gars nommé Simon qui se retrouve pris au piège en pleine nuit dans une ville alors qu'il se rendait chez lui à métro. A partir de là, il devra survivre pour trouver un chemin jusqu'à chez lui. Ambiance solitaire puisque les personnages qu'on va croiser dans le jeu ne se comptent même pas sur les 5 doigts d'une main. Je n'en dis pas plus sur l'histoire puisqu'une simple indication peut facilement laisser hypothétiser sur le dénouement final, mais elle s'inscrit bien dans l'aventure et ne se contente pas seulement de servir de support au jeu.
Bugs, stabilité du jeu ... là par contre ça se gâte un peu. On peut sauvegarder uniquement à certains endroits, à l'aide de magnétophones, mais heureusement ils sont nombreux. Je dis heureusement car le jeu a souvent planté chez moi, une bonne dizaine de fois sur toute l'aventure. Pratiquement impossible de corriger cela. Ajoutez à cela quelques bugs dans le jeu, uniquement au niveau de l'IA qui se retrouve parfois buggée ou qui ne vous attaque pas alors que vous êtes dans sa zone d'aggro. Les plantages peuvent être agaçants, mais les bugs pourraient presque être pardonnés compte tenu de la petitesse de l'équipe de développement. Dernier point : je reviens sur les ennemis, qui une fois le sursaut provoqué passé, ne font plus trop peur (et parfois rire) tant certains sont étranges au niveau du chara-design.
Cry of Fear est définitivement à faire si :
1) Vous aimez les survival-horror
2) Vous aimez les FPS
3) Vous aimez les fillettes aux longs cheveux noirs et en robe blanche
4) Vous êtes pauvre ou radin
5) Vous avez un PC de l'âge de pierre
5) 1 + 2 + 3 + 4 + 5
Le jeu a eu un certain succès sur Youtube avec de nombreux play/walk-throughs (dont celui de Pewdiepie, il serait bête de les regarder avant d'y jouer)