Belle gueule, grande gueule.
"Aucun jeu n'aura l'air techniquement meilleur que Crysis 3 sur ces consoles, point barre. La plupart des jeux n'arrivent même pas à approcher le niveau technique de Crysis 2. [...] C'est un spectacle visuel."
Ce sont là les paroles du CEO de Crytek avant la sortie de Crysis 3. Je trouve que ça illustre parfaitement la mentalité de cette boîte. Avec des déclarations pareilles, il ne fallait pas s'attendre à des miracles : sans surprise, le jeu est encore une fois une démo technique impressionnante, mais également une véritable coquille vide.
Avec la déception du deuxième épisode qui n'était plus ou moins qu'un Call of Duty-like camouflé, on nous avait promis un retour aux sources avec des niveaux plus ouverts. Malheureusement, la promesse n'est que moyennement tenues : entre 2 couloirs étroits, le jeu propose des arènes, assez grandes certes, mais des arènes quand même. On est encore bien loin de la richesse offerte par un véritable bac à sable.
Le gameplay n'a absolument pas évolué depuis 10 ans, on continue à faire du pan pan boom interminable contre des soldats idiots qui se couvrent toujours derrière des barils rouges explosifs, alors qu'on doit accomplir des objectifs aussi intéressants que "appuyer sur ce bouton".
C'est vraiment dommage que le jeu soit aussi générique, car le gameplay de base est bon, et les possibilités offertes par le Crysuit (invisibilité, armure, vision spéciale...) auraient pu offrir une expérience de jeu très riche, si les situations proposées n'étaient pas aussi convenues et peu inspirées.
Au final, ce Crysuit a tendance à rendre le joueur injustement surpuissant face à ces ennemis qui n'ont pas droit à une IA digne de ce nom. On a presque pitié pour eux tellement on peut les dégommer facilement. Pour compenser cela, Crytek a rendu les ennemis plus résistants et leur a donné des grenades magnétisées vers le joueur. Malgré cela, il y a un véritable déséquilibre. Au bout d'un moment, on se rend compte que foncer droit vers l'ennemi et lui foutre des tartes est largement plus efficace que de lui tirer dessus de loin, ce qui est un peu un comble pour un FPS.
Rajoutons à cela une histoire aussi passionnante que le manuel d'un oscilloscope. On va me dire que le scénario n'est pas important dans ce genre de jeu, mais mine de rien Crysis 3 est très bavard, les cinématiques sont longues et chiantes et les personnages nous balancent constamment des répliques qui font passer Michael Bay pour du cinéma d'auteur. Franchement, comment on peut raconter avec autant de sérieux une histoire aussi bête ? Ça devient presque embarrassant car j'imagine trop la tête du scénariste de Crytek qui se prend trop au sérieux avec son texte écrit sur un bout de papier.
Le jeu est très court, mais on se dit que ce n'est pas plus mal. En rushant, on peut le finir en moins de 3 heures, en zappant un peu les objectifs secondaires (qui sont de toute façon du pur remplissage à base de "va chercher le document posé là-bas au loin"). C'est la première fois je crois que j'ai mis plus de temps à me "procurer" le jeu qu'à le finir. Vous pouvez toujours augmenter artificiellement la difficulté (ennemis plus coriaces, Prophet avec moins de vie) pour rallonger la durée de vie d'une heure ou deux, super quoi.
La véritable force du jeu est donc bien au niveau des graphismes. Le CryEngine 3 est quand même un moteur surpuissant, capable d'afficher des effets de toutes beautés. Les flaques d'eau au sol, il faut les voir pour y croire : on dirait vraiment la réalité. Le CEO du Crytek a raison sur ce point, le jeu est vraiment impressionnant et assure parfaitement son rôle de démo technique et benchmark pour les cartes graphiques.
Hélas, je ne le dirai jamais assez : une bonne direction artistique est plus importante que la technique. L'univers de Crysis 3 est terriblement générique, le genre de post-apo déjà vu des milliers de fois. Certains décors offrent de jolis panoramas mais d'autres sont carrément loupés, notamment le niveau du China Town terriblement fadasse, ou pire encore, le dernier niveau qui ne ressemble à rien et s'éternise. La modélisation des personnages forcent le respect, mais paradoxalement ils ne débordent aucun charisme et on se contrefout de ce qui leur arrive.
Précisions également que le jeu est assez mal optimisé et est très gourmand. Crysis 2 avait fait gueuler les fans à la sortie car il ne supportait que DirectX 9, du coup Crytek s'est dit "Ah ouais ? Prenez ça dans votre gueule !" et cette fois on a droit qu'à DirectX 11. Donc si votre carte graphique n'est pas compatible DirectX 11, vous pouvez aller vous faire mettre.
Crysis 3, c'est un peu comme certaines cruches blondes qui présentent les émissions à la télé. Derrière une jolie plastique, il y a du grand vide sans identité. L'expérience FPS proposée n'était pas mauvaise à la base, mais l'ensemble est tellement générique et tellement déjà-vu qu'on se demande qui va vraiment se rappeler de quoique ce soit du jeu une fois l'aventure de 3 heures bouclée, hormis les kikoo-HD qui vont se toucher devant pour montrer à quel point son nouvel ordi équipé de l'AMD GTFO-5900 32Go de RAM est trop bien, comme si on en avait quelque chose à faire.