Dans un jeu vidéo, tout choix compte, que cela soit son genre, son gameplay, son public, et évidemment son style. Un jeu qui attire l’œil sera toujours privilégié, car il ne nécessite pas d’y jouer pour créer de l’engouement. Bien évidemment, ça ne fait pas tout, et si le reste ne suit pas, on va vite le ranger dans la même catégorie que The Order après 1h de jeu.
Un jeu vidéo se doit d’assurer dans plusieurs domaines pour qu’il soit divertissant et agréable à jouer. Et là où les grands studios se pressent pour sortir un triple A bâclé, Cuphead a mis son temps pour pouvoir nous offrir une réelle expérience vidéoludique. 4 ans pour réaliser les animations, les décors, les sprites… Alors je m’en vais vous faire les louanges de ce jeu qu’on adore détester.
Cuphead (ou tête de Tasse, pour les anglophobes), est un Boss Rush avec des phases de Run & Gun, sortit fin 2017, et développé par l’ambitieux Studio indépendant MDHR. On y incarne Cuphead et son ami Mugman qui, à cause d’un pari avec le diable, sont chargés de récolter les âmes de boss endettés.
C’est un projet qui aura fait de l’œil à nombre de joueurs depuis son apparition à l’E3 2014. Et à juste titre !
Comme vous l’aurez compris le jeu repose sur son univers de cartoon. Préparez-vous pour un voyage dans les années 30. Au programme, des tasses qui jouent aux dés, et des potagers qui veulent vous tuer. Et c’est pour ça qu’en plus de vous en mettre pleins les yeux et les oreilles, le style cartoon va insuffler ce côté déjanté et vivant qui le caractérise. Vous pouvez mourir d’un gland qui vous tombe sur la tête de la même manière qu’un hot-dog vous tue en vous balançant de la moutarde…
Je ne vais certainement rien vous apprendre en vous disant que Cuphead est magnifique. Son style coloré colle parfaitement à l’univers, et il faut admettre qu’il y a dû avoir du boulot pour pouvoir faire un jeu aussi beau et dynamique. Rien que les arrière-plans qui sont peint à l’aquarelle comme les décors dans les vieux dessins animés, renforce le côté old school du jeu.
Continuons sur les louanges avec le style des boss, qui est indescriptible. Evidemment il rappelle du Tex Avery, mais pas seulement. Chaque boss a son identité graphique et sonore. Pour que ça vous parle, je vais prendre en exemple mon préféré nommé Floral Fury. Si je vous la décris grossièrement, c’est une fleur orange géante, qui a le visage de Mr Burns en plus exagéré, qui danse sous une musique mexicaine. Et là, soit vous vous dites que je décris très mal, soit que vous avez envie de le voir pour le croire. Et chaque boss est comme ça, une véritable découverte visuelle, avec pour chacun son thème particulier.
C’est bien joli tout ça, mais est ce que le jeu est dur ? Oui, ça ne vous a pas échappé, cette œuvre dispose d’une difficulté assez prononcée. Et en même temps ce n’est pas un mal, car rien n’est plus beau que le sentiment d’accomplissement après avoir vaincu un boss particulièrement hardu.
Pour faire simple, il y a deux types de boss : les niveaux à pied, et les niveaux en avion. Et là encore il faut savoir s’adapter dans les différentes situations car, les armes, ou les placements, seront totalement différents. Les shoot ‘em up, demanderont, pour ma part, plus de concentration, car la mort peut vraiment survenir de n’importe où.
Comme énoncé précédemment, les boss comportent des phases, ce qui aide au dynamisme du jeu. Chaque boss vous demandera de mourir au moins une fois pour découvrir ses phases et s’adapter en fonction. L’intérêt d’une phase, va être de servir de marqueur de progression au joueur (très bien symbolisé par une piste de course dans le jeu), et, par la même occasion, pour que le combat soit exigeant et attrayant.
Et pour les Run & gun, c’est un peu pareil, on progresse, on rencontre de nouveaux ennemis, on meurt, on apprend à leur pattern, et on remeurt, mais on ne se décourage pas et on recommence.
Pour un total de 19 boss, et 6 run & gun, on obtient une durée de vie de 15h, et plus si vous voulez le 100%. Après tout va dépendre de la façon dont vous jouez, et de votre expérience. Si vous rushez le jeu avec les armes qui font le plus mal en sachant les utiliser, vous irez certainement plus vite qu’un néophyte prenant les munitions autoguidées. Et c’est aussi ça qui est cool dans ce jeu, c’est qu’aucun build n’est mauvais, ils s’adaptent à la demande du joueur. S’il a du mal à parry (faire un double saut sur les éléments roses) il va acheter l’item qui permet de parry automatiquement, etc… Tous les niveaux sont différents, avec une hitbox différente, un terrain en mouvement, une orientation changeante. Et c’est pour ça que si le boss abeille peut paraître dur pour ma part, il doit être simple pour d’autre, car il modifie mon style de jeu habituel.
Un jeu comme Cuphead est très intéressant à analyser, car au dela de son style magnifique, il comporte un gameplay qui évolue constamment sans pour autant voir sa difficulté monter. En fait la seule difficulté, est qu’il nécessite de l’apprentissage à chaque boss, au premier comme au dernier…
Une petite parenthèse sur le mode coop qui est très amusant, du moment que votre ami ne casse pas une chaise de rage à chaque fois qu’il meurt.
Terminons sur une note un plus légère. Car en effet la musique de ce jeu ne m’a pas laissé de marbre. On est sur une base très jazzy, avec beaucoup d’instrument, ce qui donne énormément d’énergie aux différents combats. Et là encore cela rappelle complétement le style des années 30-40, avec de vieux pianos, qui font très saloon, des trompettes pour le côté jazzy, d’autres instrument à vent faisant référence aux premiers Disney, et pleins d’autres… L’OST est composé de plus de 50 morceaux, et c’est un pur bonheur à écouter, avec ou sans le contexte. Un véritable voyage dans le passé, qui change complétement du style musical un peu commun des autres jeux indépendants.
Assurément un des meilleurs jeux de 2017 qui aura su combler l’attente des joueurs avec des myriades d’éléments où rien n'est à jeter. Un de mes coups de cœur Steam, qui m’aura demandé pas mal de concentration, mais qui m’aura surtout procuré beaucoup d’admiration. Le fait qu’un studio indépendant ai fournit un travail si titanesque, pour pouvoir nous livrer une expérience vidéoludique sans pareil, c’est admirable.
Si vous ne l’avez pas encore dans votre bibliothèque, pas de panique. Prenez tout votre temps pour le finir, pour éviter d’être déçu par une session un peu trop expéditive. En attendant j’en garde un très bon souvenir, et à peine ai-je eu le temps de le finir que j’apprends que les développeurs comptaient faire de Cuphead une trilogie. J’ai plus que hâte.