Les médias ont-ils raison ? La difficulté est-elle à la mode dans le jeu-vidéo ? Pour apprécier un titre, faut-il désormais en passer par la case sang et sueur ? Je l'ignore, mais force est de constater que le challenge est bien présent dans les jeux actuels, notamment dans le monde des indépendants. Élitisme ? Peu de chances. Moyen efficace de donner une réputation à son jeu ? Absolument. Cuphead, comme Hotline Miami avant lui (ou Dark Souls, puisqu'on aime rapporter la difficulté à cette série) et tant d'autres, ont ce fameux duo d'ingrédients qui les rendent aussi addictifs qu'insupportables : c'est très dur, mais l'ambiance est très réussie.
Cuphead nous place dans ce monde cartoonesque, inspiré des dessins animés des années 30. On y retrouve la bande-son très jazzy, le dessin un peu vieillot, et même le grain visible dans ces anciennes pellicules. Le héros, Cuphead, et son frère Mugman, doivent récupérer des âmes pour le Diable, qui s'ils échouent, prend celles des deux acolytes. Et c'est ainsi que nous partons affronter une bonne vingtaine de boss, tous aussi originaux et sadiques les uns que les autres. Le tout, bien sûr, avec une bonne dose d'humour décalé qui fait son effet.
Pour le coup, aimant les jeux à haute difficulté, j'ai apprécié les boss du jeu. Tous différents, nous obligeant à alterner les armes (et donc le gameplay), dans un univers propre à chacun, et ayant tous un thème bien distinct (qu'il vaut mieux apprécier d'ailleurs, vu le nombre d'essais qu'il faut se farcir). C'est agréable de découvrir son prochain adversaire, avec ce "you're up !" du narrateur toujours bienvenu. Au gré de notre - petit - voyage, des pièces sont à dénicher ; soit cachées, soit en parlant avec des PNJs, soit... via les niveaux. Et on en arrive au gros point noir du jeu.
Ces "run'n'gun" sont, pour moi, la pire chose qui pouvait arriver à ce jeu. Des niveaux plutôt inspirés, et au nombre limité de 6, mais qui sont un véritable enfer. Les ennemis changent de pattern sans arrêt, ils surgissent de la droite de l'écran, ne vous laissant que le choix de votre mort. Vous passez votre temps à sauter vers des endroits safe, qui ne le sont plus quand vous posez pied à terre (bah oui, les ennemis popent à l'infini). Mention spéciale aux 2 derniers niveaux, la montagne et le port. Entre les pioches boomerang, les ennemis qui apparaissent à 3 endroits différents, les oiseaux volants qui volent au niveau du sol (oui, là où vos pieds doivent aller). J'ai réussi à avoir au moins A- dans chaque niveau, mais l'enfer commence réellement quand vous visez le mode "pacifiste".
Le but est "simple" : finir les niveaux sans tuer d'ennemis. La difficulté ici ne réside pas dans le fait d'avoir du skill (le fameux "git gud" que les darksoulsiens peuvent se mettre dans le fond de l'armure), mais d'avoir... de la chance. Priez, dans le niveau du port, pour qu'à la fin la pieuvre ne coule pas pendant que des crevettes vous sautent à la tronche. Dans la montagne, serrez bien les fesses quand vous penserez voir une pioche arriver du même endroit que les 8 essais précédents, et qu'elle aura changé de direction (je sais pas, le jeu doit aussi avoir ses humeurs). C'est complètement idiot ; on se retrouve à prendre un jeu en main, à le comprendre, à être bon, mais à rester bloqué à cause d'un caprice de développeurs qui ont eu la flemme d'intégrer des patterns. Cela vaut aussi pour certains boss, pour lesquels même les "gamers" de Youtube n'ont apparemment pas la solution (coucou le rang S contre les crapauds, ceux qui vous laissent le choix entre la note de parade, ou celle du temps, donc JAMAIS S).
En conclusion, Cuphead est un excellent boss rush, qui propose une ambiance très, très originale. Par contre, Cuphead est l'un des pires jeux de plateforme existant, avec ses gun'n'run qui ruinent l'expérience de jeu (heureusement que c'est pour les pièces). Néanmoins, le jeu reste une belle pépite de ces dernières années, incontournable pour ceux qui aiment le jeu indé et le challenge.