Nouveau rogue-like, nouvel univers, décidément le genre à le vent en poupe, et je dois avouer que c’est typiquement le style que j’apprécie quand je ne sais pas quoi lancer le soir en rentrant du boulot. Vous contemplez votre bibliothèque Steam contenant 500 jeux, et pourtant, vous ne savez pas quoi lancer ? Le comble. Eh bien, lancez un rogue-like : fun et gameplay instantané pour peu que le jeu en question ait un peu de profondeur. C’est le cas ici avec Curse of the Dead Gods (2021). Loin d’être le meilleur de sa catégorie, il fait néanmoins correctement le travail sur l’ensemble des points : réalisation, ambiance, technique, gameplay, rejouabilité. On accroche assez vite au titre, malgré sa difficulté importante. Le principe ? Vous incarnez une sorte de conquistador qui ne dit pas son nom et vous affrontez le panthéon des dieux Incas (sud-américains on dira pour ne pas froisser les spécialistes). C’est original, on a très peu de jeux vidéo qui exploitent un tel bestiaire, un tel univers. Vous pénétrez dans le temple et l’objectif sera bien évidemment de franchir tous les étages constitués de salles/arènes pour arriver au boss final. Il n’y a aucun scénario, aucun dialogue, aucune note introduisant les méchants ou votre personnage. Rien. A chacun de considérer ce fait comme une qualité ou comme un défaut, mais sachez que le jeu se concentre uniquement sur le gameplay et ses mécaniques propres. Il n’y a rien d’autre.
La particularité de Curse of the Dead Gods est son système de malédiction. À chaque salle traversée et à chaque dégât encaissé, une jauge de malédiction augmente, entraînant bien évidemment des malus. Mais le vice est ailleurs : il est possible de renforcer ses armes et sa puissance en refusant de payer en or, et en acceptant à la place d’augmenter volontairement la jauge maudite. Une mécanique façon pacte faustien qui instaure un vrai dilemme : monter en puissance rapidement au prix de lourdes malédictions, ou jouer prudemment pour limiter l’accumulation de malus. Un équilibre très intéressant s’instaure donc entre course à la puissance et malédiction. Jusqu’où aller finalement ? Attention à la gourmandise messieurs. Jusqu’à cinq malédictions peuvent s’accumuler sur votre destin mais il est bien évidemment possible de tempérer cela, premièrement en jouant bien (éviter de se prendre des coups) et privilégier les augmentations via l’or.
Le titre possède une très bonne variété d’armes au corps à corps (lance, marteau, épée, dague, bouclier etc.) ou à distance (pistolet, arc), on ne s’ennuie pas du tout. Bien évidemment toutes n’ont pas la même efficacité et le même ressenti manette en main, à vous de choisir le type d’armes qui vous plaît davantage : infliger de lourds dommages ou taper rapidement. Au cours d’une session, il sera possible d’augmenter ces armes via des autels. Des affixes et autres effets viendront s’ajouter à votre arsenal suivant ainsi la courbe de progression du temple et des ennemis. Un système de statistiques propre à votre personnage est également à prendre en compte. Avant chaque épreuve, vous repassez en mode carte d’exploration et vous aurez à choisir l’embranchement que vous souhaitez explorer. Cela rappelle pas mal de rogue-like (le dernier que j’ai en tête est Inscryption) et permet au joueur d’orienter sa session soit en mode ultra bourrinage et si ça passe vous serez progressivement ultra puissant ou, à l’inverse, très prudent, et vous aurez un personnage moins puissant mais moins blessé, avec probablement moins de malédiction sur le dos. Encore une fois, tout est une question d’équilibre dans Curse of the Dead Gods.
Autre caractéristique intéressante de Curse of the Dead Gods : le jeu avec la lumière et l’obscurité. Les salles sont éclairées par des torches ou brasiers, les ennemis comme vous-même auront la possibilité de les éteindre. La problématique est que vous prenez davantage de dégâts dans le noir qu’à la lueur d’une torche rassurante (un peu à la Darkest Dungeon) et vous ne voyez pas les pièges avant une très courte distance. Dans la pénombre en revanche, il est possible d’infliger davantage de dégâts et vous pourrez surprendre vos adversaires plus facilement en engageant le combat à votre avantage.
Pour conclure, je tiens à préciser que Curse of the Dead Gods est un jeu français. Cela fait toujours plaisir de le rappeler d’autant plus lorsqu’on est face à un jeu qui ne fait pas d’idéologie (Dieu sait que c’est difficile pour les développeurs français de ne pas inclure un peu de propagande). Le titre de Passtech Games n’invente rien, mais utilise intelligemment les codes du genre. Difficile, exigeant et stratégique, il réussit son pari grâce à un gameplay bien huilé et une direction artistique originale. L’absence totale de narration pourra rebuter certains joueurs, tout comme la difficulté parfois frustrante, mais si vous cherchez un bon rogue-like punitif avec un système de malédiction intéressant, vous y trouverez votre compte. Techniquement, ça passe, aucun bug à signaler. Il faut simplement apprécier le style cartoon en « cell shading ». J'ai joué environ 28 heures et débloqué 63% des succès. Pour le 100% comptez à minima le double d'heures. Bref, je recommande.