Que pouvais-je donc attendre, après ces tombereaux de critiques négatives, de ce jeu ?
Cyberpunk est un drôle de jeu. Drôle au sens propre, on rit beaucoup. Pas tant parce que l'histoire prête à rire, mais plutôt pour les nombreuses situations émergentes.
Vous savez, les histoires qui émergent par le gameplay, le fait de faire ceci ou cela qui crée une narration propre à chaque joueuses ou joueurs. EH bien là, nous avons cet aspect, à ceci près que le jeu nous le propose via une quantité de bug assez hallucinante.
Problème de collision, de son, de script... Il ne se passe pas 5 minutes sans que cyberpunk lâches ses chiens bugués. Et ma foi, au début je trouvais cela exaspérant, mais face à ce comique de situation et de répétition, j'ai pris le parti d'en rire.
Le jeu est vraiment très éloigné de la force narrative qu'avait pu nous offrir The Witcher 3. Ici, on incarne V (j'ai choisi la version femme donc je vais la genrer ainsi), qui à la suite d'une introduction qui diffère selon l'origine choisie (corpo, enfant de la balle, gamin de rues ou un truc du genre) devient avec son ami Jackie une mercenaire au service de quelques parrains de la ville tentaculaire Night City. A la suite d'une mission qui tourne très mal, elle se retrouve avec une deuxième personnalité, un ancien rockeur terroriste qui lui bouffe peu à peu la vie. Littéralement.
Tous les poncifs du genre "cyber" y passent dans le jeu et ma foi, il aurait été regrettable que les dév' s'en privent. Le souci c'est de le faire dans un jeu qui est tellement cassé que tous les implants du monde ne suffiront pas à rendre le jeu agréable.
Mais plus généralement, le souci concerne également ce que dit le jeu. C'est un délire jusque boutiste visuellement, mais creux narrativement, absent politiquement. Tout y passe : crime en direct à la télé, sursexualisation, violence constante, discours cyniques des mégacorps, fusion des psychés dans le cyberespace. Mais jamais de distance critique, jamais de propos, si ce n'est celui de nous noyer dans cette profusion nauséante, jusqu'à la lie. Le jeu n'offre pas vraiment de discours politique, ou plutôt un discours néantlibérale, creux, faits de slogans dans la scénario, qui se voudrait pourtant annonciateur de quelque chose mais qui ne file que son impuissance (et la notre, en tant que joueuse ou joueur) tout au long de ces quelques dizaines d'heures. Il ne dit rien, mais nous fait constater qu'il n'y a rien à faire à part : fuire, se tuer, ou se soumettre. On doit rester là, effectuer des missions, et c'est tout. On ne s'interroge pas, à part de cette interrogation de bistro qui consisterait à dire que le système est merdique en envoyant un snap.
Le gameplay est pété, le tir avec les armes nul, le conduite en voiture est plus flinguée que celle de GTA sans-andreas (on a l'impression de conduire le kart dans le tutoriel d'introduction de Unity), sans parler d'une IA qui est totalement à la ramasse. Le jeu est tellement pété qu'on dirait plus une production microïds que CPR... Rien ne va ou presque. Mais parfois, c'est vraiment très drôle. Exemple du type de situation émergente décrite plus haut : lors d'une mission, on doit tuer plein de méchants qui arrivent en caisses. Sauf que les colisions étant ce qu'elles sont, un des mecs reste coincé dans la bagnole, littéralement : il fait corps avec. M'approchant de cette nouvelle version de Human Centipede, je découvre que l'énnemi me découvre. Ce dernier, n'écoutant que sa débilité édictée par son intelligence assez réduite, décide de me tirer dessus. Sauf que en me tirant dessus, en fait il tire dans la voiture, vu qu'il est dedans. Ce qui devait arriver arriva : la voiture explose, et lui avec.
Des situations comme celle-ci, il y en a de nombreuses. Et c'est vraiment là que cyberpunk tire son épingle du jeu. Les bugs sont tellements nombreux qu'on est toujours émerveillé par tant d'inconsistance. Autre exemple, il possible, lorsque vous ramassez un corps et que vous le lâchez, que celui-ci ne parte pas, mais reste en fusion avec votre arme. Ce qui fait qu'à la place du canon, on a un corps... Idem, il arrive souvent que les png, lorsqu'ils tapent sur un clavier par exemple, le fasse avec l'arme qui est placée devant leurs mains, comme une sorte d'extension, ce qui est vraiment hilarant également, mais casse quelque peu l'ambiance... Bref, il y a du bug pour tous les goûts, c'est ahurissant.
Cyberpunk me fait penser à un bateau qui prend l'eau, dont les résidents écopent avec des seaux en or tout clinquant.
La modélisation de la ville est magnifique, mais le reste est tellement fumé que j'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi ils ont sorti ce jeu dans cet état (et là on est au patch 1.31, et c'est toujours aussi nase, je n'ose imaginer ce qu'était le jeu à sa sortie). C'est vraiment dommage car, de boite indé adulée par tout un public, CPR est passée à mégacorpo menteuse faisant des jeux à l'arrache en éreintant ses employé.es. Le jeu ne mérite pas qu'on débourse les quelques dizaine d'euros demandés, car l'expérience est aussi savoureuse que des nouilles éco+ trempées dans du saint doux. Reste un voice acting et une réalisation - lorsque les coutures n'éclatent pas sous le poids des bugs - convaincante malgré une histoire plus que passable.
En bref, à acheter à prix discount, histoire de passer quelques heures à rigoler.