Suite au désastre du lancement, pour que CD Projekt sorte de sa tanière avec du marketing, c’est qu’ils ont confiance dans leur boulot. Même sur la couverture, V n’a plus honte d’être là : ne tourne plus le dos, regard confiant, et a enfin remplacé son jaune-retard maudit pour du rouge-passion.
Après trois ans - plus de la moitié du temps de dev du jeu de base -, ils reviennent avec un DLC et un patch 2.0 qui crie: "C'est notre moment, notre rédemption!”. Il y a énormément à prouver, évidemment. Que ce soit vis-à-vis de la sortie, ou de leur passé plus lointain : The Witcher 3 avait eu ses incroyables DLCs Heart of Stone et Blood and Wine à peine une année après sa sortie.
Le patch 2.0 apporte des changements qui étaient absolument nécessaires. On dit adieu au loot bordelandsien, la fashion et l'armure sont distinctes, le nouvel arbre de compétences rend le combat bien énervé (on a enfin le sentiment d'être une brute chromée jusqu'au cul) et améliore le mouvement. On a ENFIN un système de police (qui reste très basique sauf pour la MaxTac) et des combats de gangs dynamiques. C'est un ensemble qui aide clairement le jeu à être appréciable.
Mais ça reste trop peu, trop tard. Je fais partie de ceux qui pensent que CP77 est un jeu fondamentalement raté (ma critique à sa sortie), même sans ses bugs. Et pour une "refonte" 2.0, c'est simplement trop léger pour me motiver à refaire le jeu de base en entier.
Trois ans après, mais avec deux ans de retard.
Selon la bande annonce, "the game is fixed" : aux yeux de qui exactement ? Des critiques professionnelles qui lui avaient collé un 18/20 à sa sortie dans leur malhonnêteté dénuée de tout sens critique ? (petite ref)
De l'autre côté, on a les influenceurs gaming sans aucune intégrité intellectuelle, qui ont craché à la gueule du jeu à sa sortie parce que ça faisait des millions de vues, qui passent maintenant sous le bureau vu que ça refait des millions de vues, sans-cesse à la botte de la conscience collective de leur communauté. Je ne sais pas lesquels des deux je hais le plus.
J'arrête d'être aigri, et on passe sur le (bon) gros morceau, Phantom Liberty. En bref, j'ai retrouvé le CDPR d’antan, celui qui nous offre une narration bien gérée, des personnages attachants et des choix importants.
L'histoire principale t'immerge assez vite une fois les personnages principaux rencontrés. Chaque mission est mémorable, au moins tout autant que ma mission préférée du jeu de base : "La Collecte". Impossible de vraiment parler de l'histoire sans spoiler - mais c'est une bonne histoire de thriller d'espionnage, ça vaut le coup de la faire par vous-même.
J'avais vraiment peur que tout ça n'est au final aucun intérêt car reliée à la relique, et que c'est une affaire qui se règle dans le jeu de base. Mais la nouvelle fin emboîte le tout parfaitement - et nous donne de loin la meilleure fin du jeu. Il y a deux moyens de terminer à Night City - dans un éclat de gloire ou comme un visage de plus dans la foule. On a vu l'éclat de gloire avec David d'Edgerunners, et V devient le visage dans la foule. Que c'est poétique, putain...
Gros coup de cœur pour la musique des crédits, on dirait Jeff Buckley qui chante le thème d'un Bond. Deuxième coup de cœur pour la dernière scène avec Silverhand. J'ai eu l'impression d'avoir une convo méta avec les devs sur le parcours du jeu, et de la relation à leurs fans.
Après Keanu, c'est au tour d'Idris Elba d'être jeté entre les mains de moddeurs en chien. Et franchement, il fait du très bon boulot et vole la majorité des scènes où il est présent. J'en étais à me dire que j'aurais préféré me retrouver avec lui dans mon crâne plutôt qu'avec l'anar cinquantenaire. En parlant de lui, j'ai aussi trouvé Silverhand plus appréciable, il a une meilleure place en hallucination-sidekick qui commente sur des choses qui ne le concernent pas. Phantom Liberty se concentre sur une poignée de personnages, et ça marche bien. Je me souviendrai bien plus de Sol, Songbird ou Myers dans trois ans que d'un Royce, Brigette ou Meredith du jeu de base.
Le nouveau quartier, Dogtown, a une véritable identité. On se sent bien dans un bidonville sale, bien dangereux. C'est le plus petit quartier de Night City, mais de loin le plus intéressant. Ce n'est pas une vitrine, chaque endroit a son utilité et est explorable, sentiment qui manquait cruellement au reste de la ville.
C'est toujours aussi magnifique visuellement, ici complimenté par un gros travail sur les décors et l'art environnemental en général. Le jeu se réaffirme comme le plus beau monde ouvert solo - et de loin. Mes screenshots.
En y jouant, j'ai eu un doute le temps d'une microseconde : si le contenu du jeu original était aussi bien géré que celui du DLC, où est le problème ? Alors j'ai retâté le jeu à droite à gauche, et la différence de qualité entre les deux est incroyable. Compare une quête secondaire de l'un, et de l'autre, tu auras deux mondes différents sous tes yeux. Si cette qualité aurait été présente dans l'ensemble de Night City, et bien... ça aurait été un bon jeu, tout simplement.
Ça va faire 11 ans que le magnifique teaser trailer est sorti, et que cette aventure a commencé. Et au moins, ça s'est fini sur une bonne note. Les développeurs peuvent enfin mettre derrière eux ce qui a dû être un enfer sur toute la durée, et pour nous, une histoire qui ne manquera pas de marquer l'industrie.
Si Cyberpunk 2 "Orion" garde le niveau de qualité de Phantom Liberty, alors on pourra s'attendre à un solide jeu d'action aventure. À voir. Mais si vous me voyez avoir un quelconque sentiment de hype pour celui-ci : je vous donne mon adresse en MP, ayez pitié et exécutez-moi dans mon sommeil.