La série des Souls est désormais connue et reconnue comme la série punitive, à mi-chemin entre le roguelike et le jeu de rôle plus traditionnel. Le premier opus ne ménage pas le.a joueur.euse, et à une une époque comme la notre, il dénote pas mal avec la majorité des autres productions. Mais Dark souls est-il juste un jeu dur uniquement réservé à une élite de "péteu.ses.x" ou est-il un titre avec de vraies qualités ?
Jeu de rôle japonais, typé héroic-fantasy et lorgnant largement du côté de l'action roguelike, nous avons donc droit aux fameux chevaliers, dragons, squelettes, nécromanciens, enfin tout l'univers qui me botte de base. Le cahier des charges classique et le scénario sont biens présents, mais le jeu a le bon goût de ne pas l'imposer au/à la joueur.euse, le jeu "ne se la joue pas", ne veut pas avoir l'air élaboré, et hyper riche, à l'aide de termes pompeux lancés aléatoirement dans des tirades extrêmement longues. Le background est bien là mais seul.e.s les joueur.euse.s qui en prendront la peine auront le fin mot de l'histoire. Celleux qui ne sont là que pour l'ambiance et le challenge pourront finir le jeu sans un poids sur la conscience.
Second point : la liberté d'action. Certes, ce n'est pas un jeu ouvert à la Elder Scroll, mais un jeu avec un level design fort intéressant. Truffé de faux murs et de raccourcis que le joueur.euse peut librement arpenter. Vous ne pouvez pas rentrer partout d'entrée de jeu mais deux joueur.euse.s qui démarrent en même temps, peuvent très bien arriver au même endroit en étant passé.e.s par deux chemins différents, en ayant mis plus ou moins de temps, en ayant rencontré des ennemis différents et même des boss facultatifs différents. OUI, il y a énormément de boss dans le jeu, mais une bonne partie peut être totalement skipée. Ce qui au final fait que la map de Dark Souls est suffisamment riche pour réussir à donner au/à la joueur.euse l'envie de l'explorer, alors que la mort peut frapper à chaque coin de zone, puisque Dark Souls reprend des mécaniques du Roguelike, dont parmi elle la plus importante : la mort est fréquente et dominante. Ce qui rend la mort dans Dark Souls aussi punitive, c'est que le trépas signifie la remise à zéro du compteur d'âme. Les âmes c'est un peu le couteau suisse du jeu, c'est l'item autour duquel gravitent toutes les mécaniques de jeu. Les âmes s'obtiennent basiquement en tuant des ennemi.e.s que ce soit de la petite goule à l'énorme dragon. C'est à la fois votre monnaie pour racheter de l'équipement mais aussi votre jauge d'XP pour monter des niveaux. C'est là que vous prenez conscience à quel point on peut réagir très mal face à une mort avec le maximum d'âme en poche; fort heureusement il est possible de récupérer son butin et pour cela il faut se rendre à l'endroit de votre dernier décès. Mais attention si vous mourrez encore une fois en chemin, le magot disparaîtra pour de bon.
Ce qui rend avant tout dark souls aussi difficile ce n'est pas uniquement le fait que les ennemi.e.s frappent fort et qu'il y ait une multitude de piège. C'est aussi à cause son gameplay assez rigide qui ressemble plus à une simulation de chevaliers qu'à un Bit them all ou à un action RPG standard. En fait, le jeu ressemble plus à Monster Hunter, votre perso est assez lent dans ses déplacements mais aussi dans ses attaques et chaque erreur est punie par des dégâts outrageusement élevés. Ne pas attaquer dans le vide, parer, esquiver de trop car votre jauge de stamina ne s'en remettra pas et vous risqueriez de ne plus retrouver votre heaume. Les riks de dark souls sont donc hyper techniques,tordues avec de gros passages d'observation et d'appréhension des coups adverses. Nous ne sommes pas dans un MMO où tout le monde se tape dessus comme des sauvages jusqu'à que un.e meurt. Et si vous ne faites pas constamment attention, le moindre petit zombi qui traîne peut vous faire affreusement mal.
On ne s'attardera pas sur le système du poids d'équipement qui est aussi à gérer, la rareté des feux, véritables oasis cendrées constituant les seuls endroits où vous pouvez souffler dans un jeu où la sauvegarde, ce n'est pas où cela vous chante. Ou enfin le paramétrage du personnage dans le jeu qui s'apparente à un numéro de funambule, tant il est véritablement impossible d'obtenir un perso totalement craqué dans tous les domaines.
Mais arrêtons nous avec les détails puisque le but du jeu est de tout de même vous lancer totalement dans l'inconnu.
Quelques points négatifs :
Dark Souls n'est pas une bombe technique : les textures ne sont pas très fines, le jeu accuse de lourdes baisses de frame-rates dans certains endroits, ce qui est aussi bienvenu que deux secondes de latence dans un jeu de combat. La caméra est à la peine par moment ce qui peut empirer parfois une situation déjà tendue. Bref, le jeu n'est pas exempt de défauts, comme tous les jeux.
Ceci dit son faible aspect technique est compensé par une direction artistique en somme toute classique mais totalement maîtrisée, délicatement soulignée par une ambiance sonore sympathique, majoritairement basée sur un lourd silence qui vient accentuer l'isolement du/de la joueur.euse mais disposant tout de même de voix anglaises et de bruitages de qualité au service d'une solide immersion. Je crois que depuis les Metroid Prime je ne m'étais jamais aussi sentie désespérément seule dans un jeux vidéo.
Mais finalement quel est le plus grand défaut de Dark Souls ? Sa caméra capricieuse, ses baisses de frame-rates ? C'est problématique en effet, et rend le jeu encore plus difficile pour rien. Mais pour moi c'est parfois sa trop grande austérité :le jeu est volontairement très obscure et chiche en explications, la traduction française ne devant pas aider par dessus le marché.
Je ne m'arrête pas sur un multi qui est pour moi totalement injouable et bordélique, vous pouvez rêver pour une belle coop entre ami.e.s. Un peu plus d'ergonomie n'aurait pas fait de mal.
En conclusion, c'est un jeu perfectible certes, mais quand même très bon. L'ambiance est béton, le gameplay requiert de la finesse et du timing. L'univers est riche sans déverser dans l'excès et le challenge est conséquent sans être totalement insurmontable et injuste. les premiers pas sont difficiles mais une fois dans le bain, on prend un plaisir presque malsain à flirter avec la mort. Bien sûr on continue de mourir, parfois de façon répétée et assez frustrante, mais on poursuit la lutte encore et encore et le jeu sait valoriser et récompenser le.a joueur.euse tenace. Ce qui est aujourd'hui devenu assez rare pour le souligner. Bien loin de la réputation de jeu infernale et impossible que le titre semble s'être forgé dans l'inconscient collectif, même si de solides nerfs sont parfois requis.
Dark souls c'est d'abord un jeu qui ne prend pas le.a joueur.euse pour un.e idiot.e et qui propose un investissement gratifiant. Que vous soyez fan de jeu de rôle ou que vous vouliez mettre vos compétences à l'épreuve, Dark Souls est le titre qu'il vous faut. En plus il est très souvent en promo...