Dark Souls
8.2
Dark Souls

Jeu de FromSoftware, Hidetaka Miyazaki et Bandai Namco (2011Xbox 360)

Mon jeu de l'année 2011.
Un jeu qui restera gravé dans ma vie de joueur.
Ouai, Dark Souls fait cet effet là.

Dark Souls fait partie de ces jeux qui sont assimilables à des drogues. Dures. En effet, une fois commencé, il est impossible de s'arrêter. La force d'attrait de ce joyau vidéoludique est incroyable, presque effrayante.

Cela ne me surprend plus de me lever en pensant à DS, de penser à DS à différents moments de ma journée (cette critique est écrite au boulot), de rentrer chez moi et d'allumer la console direct, de jouer 4 heures d'affilée et de me coucher.
En pensant à DS.

En guise d'intro, et même si je n'ai pas encore terminé le jeu, je peux à priori affirmer que c'est l'un des meilleurs jeux vidéo auxquels j'ai joué.

Ce sentiment est tellement rare. Il est la marque des grands jeux. Ceux auxquels vous êtes liés, qui vous hante et vous émerveille tout à la fois et qui occupent une bonne partie de vos pensées.
J'ai déjà connu cette sensation et à chaque fois sur des jeux extraordinaires : CS (ou quand le headshot m'habite), Diablo I & II (et à coup sur le III), Bioshock (eunebeliveuball) ... La liste est courte. Vraiment courte. A part pour CS qui ne joue pas dans cette cour mais dont la force a été (et est toujours) de repoussé les limites du skill à un niveau rarement atteint sur un FPS (surtout à l'époque), tous ces jeux ont le petit truc qui fait que l'on reste scotché devant : l'univers. L'ambiance. L'atmosphère. Appeler ça comme vous voulez, tous ces jeux vous prennent aux tripes parce qu'ils possèdent tous un cachet unique, une identité forte et propre.

Dark Souls fait partie de ces jeux. Dark Souls vous prend à l'âme, s'agrippe à votre corps et prend possession de votre volonté. Il ne vous rendra cela qu'une fois terminé, et encore.

On a affaire ici à un univers de Dark Fantasy. Pas de doute, la rigolade, ce n'est pas dans ce jeu qu'on va la trouver. Premier bon point pour ma part. Rendons grâce tout de suite à un bestiaire absolument ahurissant et qui renvoi grosso modo votre fierté au fond de votre calbute. Les ennemis de Dark Souls font peur. Vraiment.
Voir un chevalier en armure de 3 mètres de haut me tourner autour, bouclier levé, attendant patiemment l'ouverture pour me bousiller la moitié de ma barre, perso ça me fait flipper. Pas seulement parce que ledit chevalier est impressionnant. Non. Parce que c'est réaliste. Si j'étais mis dans une situation comparable, je ferais pareil. Je collerai mon bouclier à mes miches, j'attendrai patiemment une ouvertue et je prierais pour pas m'en prendre une. Ou je me casserait en courant. Technique peu payante dans Dark Souls mais elle a le mérite d'exister. Bref, c'est de l'action rpg, pas du beat'em all (le bta a tout mon amour néanmoins, bayo si tu m'écoutes, je t'aime). Du brillant action rpg même.

Qui se souvient avoir vu un ennemi défendre, bouclier levé, en attente de l'ouverture, et pas attaquer n'importe comment ?
Qui se souvient avoir vu un ennemi se soigner en prenant une potion au milieu d'un fight ?

La ou le jeu vous prend à la gueule, c'est quand vous savez que 2 coups d'épée de ce même chevalier vous font mordre la poussière, qu'il bloque la moitié de vos attaques, que sa barre de vie vous écœure et que PAF ! un deuxième arrive. Et c'est précisément la que Dark Souls frappe si fort. Ce jeu vous fait vivre des moments de tension extrême, qui peuvent perdurer de longues minutes.
La sensation que l'on a lorsque l'on découvre une nouvelle zone avec 15 000 âmes sur soi, 2 potions en poche et le peu de courage qu'il vous reste est simplement incroyable. L'excitation de la découverte, étroitement liée à la peur omniprésente de crever au premier couloir venu, vous donne des sensations que l'on ne retrouve qu'en de très rares jeux et à certains moments. Dark Souls joue avec ça tout du long. Quand on sait que le premier mob venu peut vous tuer, on relativise l'aspect jeu du jeu vidéo. Quand on joue à Dark Souls, on ne joue pas. On pratique. On s'exerce. On fait un travail sur soi. Continuel.
Quand je lance une partie, je sais d'office que j'ai 15 minutes d'entrainement à essuyer les plâtres. 15 minutes pour me remettre à bien jouer. Parce que ce jeu ne vous lâche rien et la confiance innocente et anodine du mec style « aller j'me fais un petit DS »,... ben non mon pote. C'est plutôt Dark Souls qui te fait. Nuance.
Ce n'est pas que ce jeu soit dur (bien qu'il le soit hin hin), c'est surtout qu'il est exigeant. La confiance doit être proscrite. Les boucliers doivent être levés. Les oreilles doivent fonctionner à plein régime. Les fioles doivent être comptées. Les sorts rentabilisés. L'empressement vous tuera. Aussi surement qu'un bus percutant un panier remplit de chatons. Vouloir allez vite dans ce jeu signifie mourir. Sous-estimer ces adversaires signifie mourir. Sous-estimer le monde et ces pièges signifie mourir. Sous-estimer Dark Souls signifie mourir.

C'est un monde de p*te, n'y allons pas par quatre chemins. Démonstration.

Un joueur lambda devant sa console :
- Ah, un mort vivant ! Coup d'épée, mange salopard !! hinhin !............. euh merde c'était un PNJ, c'est con ça.
Attends, recherche sur forum, « pnj+attaque ». Premier sujet : « Vous avez attaquer le pnj X ».
- Ouai exact !
Allez je clique. Première phrase : « Ce pnj était le seul à vendre des flèches. Vous avez gagné le droit de vous passez d'un arc super utile tout au long du jeu. Vous êtes baisé. B-A-I-S-E. »
- Ah bon. Euh. Merde. MAIS MERDE PUTAIN CE PNJ LA POURQUOI IL RESSEMBLAIT A UN PUTAIN DE MORT VIVANT ET POURQUOI ILS L'ONT FOUTU LA CES ENC... !!!!!

Ou encore :
- Merde, je viens de me taper une malédiction et ma barre de vie est divisée par deux. Bon pas grave, une fois mort, ça va aller.
Mort brutale.
- Eh attends, pourquoi ma barre est tjs divisée par deux !!! PUTAIN ! Et je fais comment pour arriver au prochain checkpoint alors que j'ignore ou il est. Et je fais comment pour revenir sur mes pas alors que j'ai déjà joué 2 heures (soit 47 morts dans Dark Souls) pour arriver ici ?! PUTAIN !!!!!!!!
Bave au coin des lèvres.
- Et comment qu'on l'enlève cette putain de malédiction hein ??????!!!! HEIN ??? !!!!!
La je me tais, je ne veux pas vous priver d'un petit pétage de câble si vous faites le jeu.

Purée, qu'est ce que c'est bon. Bien sur, à certains moment vous aurez l'illusion d'être peinard, safe même. Le jeu sait alors vite vous rappeler qui est le patron. Des fois, vous craquez un peu. Vous avez par exemple envie d'incendier votre immeuble. Mais rien de grave hein. C'est dur mais c'est surtout exigeant. Quand vous mourrez, cela sera dans 90% des cas de votre faute. Les 10% restant, c'est la découverte du monde.

Le gameplay est au petit oignon et c'est un régal de manier son perso, de trouver une arme qui nous convient et de faire la recherche du build parfait, avec le stuff parfait. Le jeu contient suffisamment de paramètres à gérer pour que chacun puisse se régaler et surtout envisager de mener sa partie comme il l'entend. C'est surtout que ces paramètres doivent forcément être étudiés à moins de vouloir ce rendre la vie difficile voire impossible. Porter une armure lourde avec beaucoup de défense, c'est bien. Ne pas avoir assez de force pour la porter et ne plus être capable de faire une roulade, c'est moins bien. Cette recherche de l'exigence et du beau jeu n'est donc pas que nécessaire, elle est forcée. Le jeu ne comporte aucun didacticiel et la encore, faudra en chier.
Mention spéciale à mon pote et moi à la sortie du jeu qui après être mort 28 fois face aux trois monstres du début ont enfin compris que si on équipe une arme, c'est mieux. Il faudra vraiment piger les menus, les stats, etc... mais encore une fois, cela est parfaitement cohérent avec un univers plus noir et cruel que jamais.

On ne va pas s'étendre sur le game design et toutes ces mécaniques maintes fois présentées (feu de camp notamment) mais plutôt résumer en disant qu'un grand jeu, c'est avant tout un grand gameplay. Dark Souls est un grand jeu. Tout est dit.

La liberté totale qui vous est offerte dès le début d'aller (mourir) ou vous voulez, quand vous voulez est superbe. Le level design est incroyable et ce grand monde ouvert vous donne vraiment une sensation de liberté. Bien sur, certaines zones sont absolument injouables pour des low level mais il est tout à fait possible de s'y rendre histoire d'aller pleurer un coup.
Surtout, vous avez constamment trois ou quatres zones que vous n'avez pas exploré. Ainsi, il est strictement impossible d'avoir la sensation d'un monde dirigiste et dépourvu de choix. Il y a toujours quelque part ou allez. Toujours.

L'une des autres raisons pour laquelle ce jeu vous prend aux tripes sans vous lâchez, c'est la narration. Bien sur, elle passe par l'univers, le monde... Mais à l'heure ou l'interactivité est mise à mal par des cut-scenes, des qte, des cinématiques en veux tu en voila, Dark Souls ne lâche jamais le joueur. Pas d'interruption dans le jeu. On apprend à la dure, en observant et en glanant des infos sur le monde lors d'une conversation avec un pnj. D'ailleurs, il n'y a pas de bouton pause alors mieux vaux éviter d'aller pisser quand on ne connait pas la zone. L'histoire se déroule au fil de l'eau et il faudra être patient.

Rencontrer un pnj, c'est toujours un moment agréable, ça nous fait dire que l'on n'est pas tout seul dans ce monde cruel. Justement, le jeu est doté de fonctions multijoueurs qui sont ma foi plutôt originales et bien pensées. Disons simplement qu'il est possible d'interagir avec un autre joueur de Dark Soul de plusieurs façons différentes. L'intéraction la plus courante est la possibilité donnée au joueur de laisser des messages sur le sol qui pourront être consultés par d'autres joueurs au cours de leurs parties. Ce système est tout simplement génial et quel plaisir de ce voir alerter d'un sale coup à venir, d'un feu de camp à proximité ou d'une info erronée laissé la par un petit malin. Si les joueurs peuvent effectivement s'aider les uns les autres, ils peuvent aussi se tuer entre eux.

Pour l'heure, je n'ai pas encore fini le jeu. Je ne connaissais pas Demon's Souls (le premier de la série même si Dark Souls n'est en aucun cas sa suite) et je n'y ai jamais joué. J'en suis à 93h (level 53) de pure souffrance orgasmique. Et j'en redemande à chaque fois que j'allume la console. Tous les soirs, pour ma dose.

Un mot au sujet de la bande son qui claque sa daronne comme diraient les jeunes. Le jeu est quasi intégralement dénué de musique ce qui pour ma part contribue énormément à l'immersion. Le joueur focalise ainsi uniquement sur les propres bruits qu'il génère (armure, pas,...) et sur ceux des ennemis, point très important comme mentionné plus haut.
Seuls les boss (et de rares passages du jeu) bénéficient d'une bande son et la encore, ça fait mouche.
Personnellement, la BO acquise avec la version collector tourne régulièrement chez moi et les thèmes du "Prologue" et du "Sanctuaire de Lige-feu" resteront un sacré moment gravé dans ma mémoire.

Maintenant que j'approche de la fin, le sentiment d'avoir joué à un jeu d'aventure d'exception s'impose de plus en plus. Je dis bien jeu d'aventure car quand je repense aux zones traversées, aux ennemis rencontrés et à toutes les choses incroyables qui me sont tombées sur la tronche sans que je m'y attende une seule seconde, je me dis que c'est quand même une sacrée aventure.

Et je repense aussi à la difficulté du titre. Je la perçois désormais différemment. Si par difficulté, j'entends le chemin parcouru, les obstacles franchis, alors oui ce jeu est difficile. Pas insurmontable mais difficile.
Maintenant, si par difficulté, j'entends ce que le jeu peut vous faire subir si vous n'êtes pas très curieux, que vous ne connaissez pas les mécanismes et surtout, surtout, tout ce que vous ignorer sur le jeu et tout ce dont vous n'allez même pas avoir conscience, alors ce jeu est atroce.

La vraie difficulté de Dark Souls est la: la méconnaissance complète et intransigeante du monde dans lequel vous évoluez et de ces mécanismes.

Passez vous de l'épée draco. au début du jeu et c'est la merde assurée. Ignorez ceci ou cela et c'est la merde assurée. Je n'ai pas la prétention d'avoir fait l'aventure en solo. J'étais souvent accompagné (mais pas trop) des forums du plus gros site de jeux vidéo français ainsi que du wiki anglais (le français étant en cours) et pour ça, je n'ai rien d'autre à dire que merci. Sans me pourrir l'aventure, vous m'avez permis de la transfigurer.

Dark Souls fait partie de ces jeux qui me marqueront (il l'a déjà fait d'ailleurs, je pense que ce court texte vous l'aura fait remarquer) et dont je me souviendrai avec amour. Ce qui est sur, c'est que From Software devient à mes yeux un dev. de tout premier plan à surveiller de très, très près.

Qui sait, cette critique et la note vont probablement évoluées quand j'aurai fini le jeu. Affaire à suivre.

En guise de conclusion, et même si je n'ai pas encore terminé le jeu, je peux à priori affirmer que c'est l'un des meilleurs jeux vidéo auxquels j'ai joué.

A la fin 2011, il y aura ceux qui auront jouer à Dark Souls, et puis ceux qui auront fait Skyrim. On aura été gâté. Surtout ceux qui auront fait Dar... (hum, Real Fake Troll Inside, bon, on a tellement envie que les gens jouent à ce chef d'oeuvre, mais Sky à l'air de déchirer des babouins parait-il).

Quand je regarde les notes, je vois que la moitié c'est des 9 et le reste des 8 ou des 10. Ben purée, ça fait bander. Hum. Lire les avis des gens sur tous les forums; qui sont tous aussi dingues du jeu; qui sont tous passionnés; ça accroit l'impression d'avoir vécu et partagé une expérience extraordinaire. Et ça aussi, c'est bon.

Je commence à me dire aussi que je finirais pas le jeu en 100 heures.
Avant, j'avais une vie sociale. Puis Dark Souls est arrivé.

Jouer à Dark Souls, c'est d'abord et avant tout vivre une expérience unique. Et mon Dieu qu'elle est belle.

ps: Ornstein and Smough, je vous hais et vous maudit. J'irai pique-niquer sur vos tombes.
eyziel
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le 24 oct. 2011

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eyziel

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