Dark Souls II
7.5
Dark Souls II

Jeu de FromSoftware et Bandai Namco (2014PlayStation 3)

Partir, c'est mourir un peu. Dark Souls, c'est mourir sans arrêt.

Bon : comme une envie de parler de Dark Souls 2, mais côté noob-éternel-gamer-pas-hardcore. Ca suffit les critiques de techniciens de l'extrème qui critiquent la moindre stat' ou ragent que tel PNJ ne vend pas tel anneau blablabla... Entendons-nous bien, j'envie ces gamers de l'infini qui finissent le NG++++ (entendez New Game +, à savoir le fait de rejouer le jeu une fois fini, mais avec un niveau de difficulté encore plus dur que ultra dur), mais pour cette critique, j'ai envie de me placer du côté de la douleur. J'aime beaucoup les jeux vidéos mais seulement quand ils sont vraiment hors-norme ou d'une qualité telle que le plaisir d'y jouer n'a d'égal que leur rejouabilité. Ainsi donc, j'ai flippé ma race en me demandant si j'allais mal tourner en jouant à Manhunt, j'ai niqué des géants 15 étages à dos de canasson dans des ruines oubliées en jouant à Sahdow Of The Colossus, j'ai enchainé les Uncharted (pour le fun et les ruines mayas), du Limbo et du Journey (les petits jeux peuvent être si grands...), tout God Of War etc... j'ai même Skyrimé pendant 250h. Evidemment ce sont mes gouts perso mais force est de constater que ce sont des jeux magnifiquement réalisés et super jouables. Mais CA, C'ETAIT AVANT. Avant que des japs énérvés décident de me niquer à jamais toute velléité à tester d'autre jeux que les Dark Souls. Voilà, c'est foutu. J'ai essayé de foutre une autre galette dans la Playstation (étant grave bloqué à Dark Souls II). Rien à faire. Je me retrouve à préférer gagner quelques âmes en farmant comme un rapiat plutôt que de me lancer dans une autre aventure. Misère.

Résumons donc en quelques mots pour les petits nouveaux de quoi il retourne. From Software a lancé une série de jeu avec le mot Souls dedans. Le premier fut Demon Souls en 2010 (le plus culte, je dirais, chez les fans de la première heure : austère, hyper dur et apparemment bien kiffant), suivi de Dark Souls en 2011 (succès quasi public et grosse tuerie) et enfin de Dark Souls 2 en 2014. Du RPG en mode Dark Fantasy (comprenez des abominations et des streums en armure pas contents dans des décors autant médiévaux que badass).

Le pitch ? (putain à chaque fois j'ai l'impression de parler d'une brioche au lait avec des pépites de chocolat). Le résumé de Dark Souls 2 ? (les autres jeux fonctionnent grosso modo sur le même principe) : Vous êtes un zomblard, une carcasse (comprenez une petite merde avec furoncles, tout maigrelet et apte à mourir en 2 coups) laché dans une contrée perdue qui veut votre mort, partout, tout le temps. Et votre but va être de partir des bas-fonds pour atteindre le chateau-sur-la-colline ou réside le Roi fou qu'ilvous faudra occire sans coup férir.

Rien de très original jusque là... sauf que : TU NE DOIS JAMAIS TE FIER AU DEVELOPPEUR JAPONAIS, car il a décidé que tu allais manger ton chapeau en mode sushi entre deux lancés de manettes dans le plasma du salon. En effet, devant la flopée de jeu ennuyeux scénarisés à outrance, ultra guidés en mode QTE et sauvegarde tous les 10 cm, ces petits malins se sont dit : "Allez on fait un jeu tellement exigeant et dur que tout le monde va pleurer sa race, mais tout en faisant un jeu si magnifique et addictif que ces niaiseux seront incapables de lâcher la manette." En créant cette espèce de contradiction, les petits génies du soleil levant ont tout simplement réinventé le jeu vidéo. La devise serait un peu : pas de plaisir sans douleur, pas de réalisation sans échecs, pas de fun sans bad trip. Autant dire que nous sommes servis avec cette série.

Beaucoup de choses à dire sur ce soft. Commençons par le moins facile : le gameplay et les "stats" du personnage. Classico-classique : on débute en choisissant sa classe : guerrier, chevalier, mendiant (ca veut dire à poil et sans statistiques en japonais), Clerc, Magicien etc... Cela va un peu conditionner votre début de partie, mais ces petits malins de concepteurs vous laisseront la possibilité d'emmener votre perso où vous voulez durant le jeu. Une fois votre classe choisie, vous lancez le jeu. Vous traversez la zone tuto et vous comprenez de ce fait que votre richesse dans Dark Souls, ce sont les âmes. Quand vous battez un boss ou un simple "mob" (un méchant lambda, pas un boss, quoi), vous gagnez des âmes, qui vous permettront de tout faire dans le jeu : acheter des armes, des potions, des anneaux... mais aussi monter en niveau. Plus votre niveau est élevé, plus vous êtes fort et donc apte à manier telle arme ou à utiliser la magie. Donc c'est un jeu évolutif qui ne manquera pas de vous dire : "bien joué d'être arrivé jusque là, manant, mais ton avec 17 en vitalité et 12 en endurance, dans cette zone tu vas crever comme un sombre étron médiéval que tu es. Donc retourne tuer du mob avant de remontrer ton museau de carcasse".

Ah, et j'oubliais de préciser le petit charme de Dark Souls : tu te bats depuis une heure pour récolter des âmes afin de monter de niveau ou acheter cette hallebarde (oh ouiiii : un jour elle sera mienne), et là au détour d'un coupe gorge, tu te ramasses une petite fléche dans le dos (a.k.a le "carreau de la pupute") et hop, te voila mort. Comme les sauvegardes (les feux de camps auxquels on se repose) sont assez éloignées, il va falloir que tu refasses tout le chemin sans mourir pour aller toucher ta "tâche de sang" (lieu de ta mort) afin de récupérer tes âmes. Inutile de te dire que si tu foires, tes âmes tu peux les ranger où tu sais, à côté de ton moral et de ta dignité. Donc c'est en partie là que réside le côté un peu "coquin" du jeu : "tu foires, tu payes / tu re-foires, tu désespère... mais si tu t'améliores, alors tu seras récompensé, jeune Padawan." Et la réside le génie principal de Dark Souls : tu ressens ce que c'est que d'être un petit chevalier pourrito emmené dans une quête qui te dépasses fois mille. EPIC SHIT MEC. Te voilà parti avec ton matos de seconde zone pour embrocher des mecs qui ont dix fois ta puissance.

Au début, autant être clair : tu vas mourir. Beaucoup. Beaucoup trop. Et puis après tu vas commencer à comprendre que tel mec donne trois coups d'épée (normal que tu les saches : tu t'es fait défoncer 20 fois de la même manière) et après, tu t'aperçois qu'il existe une petite fenêtre où tu peux le blesser. Alors tu essayes. Oups, raté mais presque... YEAH je l'ai enfin eu, j'ai gagné 700 âmes. Et hop dix mètres après, deux mobs te claquent en trois coups. Donc, il te reste un seule solution : re-co-men-cer encore et toujours. Et puis comme par miracle, une fois que tes réserves lacrimales sont épuisées et que le jour pointe au Velux, tu te rends compte que maintenant ces ennemis horribles tu n'en fais qu'une bouchée, car tu as COMPRIS, tu t'es ENTRAINE, et tu n'as plus PEUR. TU ES UN CHEVALIER VIRTUEL (Je reviendrais sur la Peur propre aux Dark Souls, élément pour moi central.)

Donc, voici quelque chose de nouveau (ou de très vieux) : UN JEU EXIGEANT. Ici, la victoire se mérite, ici les faibles et les héros seront distingués. Ici, le vrai plaisir d'accomplissement vidéo-ludique tu connaitras. Et ce n'est pas rien. Ce jeu ne pardonne aucune erreur. Dès que tu commence à prendre la confiance : tu meurs. Tu regardes le texto qu'on vient de t'envoyer : tu meurs. Une erreur de distance, un coup porté trop tôt, trop tard : tu meurs. Vous l'aurez compris, les Souls prônent l'apprentissage dans la douleur. Mais la gratification est à la mesure. Le tableau des stats (comprenez l'amélioration de votre personnage) est assez complexe et très dense, mais une fois que vous aurez capté le principe, vous pourrez vraiment faire votre perso révé.

Un des autres points forts de ces jeux : l'exploration. Le jeu regorge de coffres, de passages secrets (des murs illusoires qu'il vous faudra trouver) mais aussi des raccourcis que vous pouvez débloquer. On se surprend donc parfois a fouiller le moindre recoin pour trouver un item qui pourrait nous faciliter la tâche. Et ce point va pouvoir nous emmener vers un autre point virtuose : le level-design, à savoir la façon dont sont organisés les niveaux. Dark Souls I offrait une expérience un peu plus riche que le II sur ce point. Votre terrain de jeu était un gigantesque château et vous deviez progresser des bas-fonds jusqu'au sommet. Du coup, quand vous galeriez dans les égouts, vous pouviez apercevoir au loin le château dans lequel vous arriverez à la fin du jeu. Et cet aspect "un seul niveau gigantesque" était vraiment superbe. Ce n'est plus le cas dans Dark Souls II mais le plaisir reste entier : il y a plus de niveau, des ambiances très différentes.

Revenons à la peur : dans Dark souls, il y a différents degrés de peur, qui sont tous hyper bien conçus. La première peur est liée au denuement. On commence avec très peu, dans un univers plus qu'hostile. On est donc saisi au début du jeu (et à peu près à chaque debut de zone qu'on découvre) par une panique constante. Qui va me tuer ? Combien d'âmes vais-je perdre ? Quel piège va sa tendre sous mes pieds ? D'où viennent donc ces flèches horribles ? Quel monstre hardcore vais-je rencontrer ? Premier degré de flippe, basique mais très efficace. Une fois qu'on avance enfin un peu et qu'on maîtrise par expérience, on affronte un niveau d'angoisse plus latent qui est celui de la solitude et du gigantisme. Une peur mélancolique superbement distillée par les développeurs qui ont nous proposer une expérience vraiment à part. Dark Souls II offre vraiment une aventure au firmament de ce sentiment de ce que tout jeu vidéo devrait apporter : une expérience qui vous happe par sa jouabilité, par la cohérence de son univers, par une envie pressante d'y rejouer. Ce jeu vous demande de braver la mort pour vous améliorer.

Et pour finir, la communauté autour de Dark Souls est plutôt très active. Il y a énormement de Walkthrough sur YouTube, c'est à dire des vidéos de joueurs qui se filme en jouant en expliquant leur galères, leur techniques, les objets qu'ils trouvent ou utilisent, mais aussi les passages secrets, etc. Il y a pleins de joueurs sympas qui sont assez cool à mettre en fond si vous galérez MAIS si vous souhaitez rentrer en profondeur dans le jeu allez voir les vidéos ultra complètes, précises et pédagogiques d'un mec appellé ExServ ("Salut à tous... c'est ExServ" a sonné comme une libération pour beaucoup de francophones coincés DANS LE GAME). Le mec a tellement maitrisé les deux premiers jeu que les developpeurs lui ont proposé (parmi d'autres) de tester le jeu en avant première. Bref, cela m'a fait découvrir des vidéos live (allez voir Twitch.tv vous comprendrez le délire) ahurissantes de suédois ou de japonais qui "speedrun" le jeu, c'est a dire qui essayent d'optimiser au maximum la moindre roulade ou esquive pour finir le jeu en 1h30 (sachant que ça fait un mois que je galère à avancer peu à peu). Les joueurs en viennent à identifier des glitch (si j'ai bien compris des moyens de détourner ou de bugger le jeu) et les concepteurs du jeu font des mises à jour pour fignoler etc...) Et ces vidéos sont commentés par d'autres gars comme des compétitions sportives. C'est du grand n'importe quoi, mais c'est un milieu assez fascinant.
alt236
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le 9 mai 2014

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