Darkest Hour est à Hearts of Iron 2 ce que For the Glory était à Europa Universalis II: son ultime sublimation, par des fans, pour des fans. Avec un atout de taille par rapport à son pendant moyenâgeux, une refonte complète de la carte et du moteur de combat et un rééquilibrage infiniment plus réaliste que par le passé.
Au programme des améliorations, citons un tout nouveau système de décision, l'automatisation efficace du commerce et de l'espionnage, une carte haute résolution très claire et plus fournie en provinces et des renforts produits au compte-gouttes ce qui oblige à prévoir ses campagnes un an à l'avance et à planifier des attaques précises, fulgurantes et mortelles.
Le jeu de l'Allemagne a considérablement évolué, la Wehrmacht n'est plus l'ogre de HoI 2 et se retrouve régulièrement sur la corde raide. De son côté l'URSS et son style "rouleau compresseur" possède des troupes d'une nullité édifiante en 39 mais finit totalement inarrêtable une fois Barbarossa déjouée. Le potentiel infini des USA se trouve fortement bridé en début de partie et on peut difficilement jouer les polices du monde. La France, enfin, est tout à fait jouable et même carrément redoutable en 39. Paradoxe? Pas tellement, car HoI n'a jamais été aussi historiquement réaliste, que ce soit dans les capacités et les temps de production, les tailles des armées de 1936 et leur état de modernisation et d'organisation.
Tout le "problème", entre gros guillemets, c'est que pour plier face à l'Allemagne il faudrait autant multiplier les cagades que les généraux de l'époque ce qui, chez tout joueur un minimum logique, n'est pas prêt d'arriver. Planter une cocarde à Berlin fait tout de même bien plaisir.
En vérité, l'IA fait ce qu'elle peut mais n'a pas été conçue pour jouer de manière a-historique. En clair, ça veut dire qu'enfoncer la ligne Siegfried en 39 est tout à fait possible et que l'IA allemande n'a pas la moindre chance de s'en sortir et de se réorganiser. L'IA a donc tendance à sérieusement ramer à l'ouest et comme en plus elle est prudente un joueur URSS peut faire une croix sur Barbarossa si il affiche ses armées trop ostensiblement.
Stratégiquement, le jeu gagne fortement en subtilités et chaque offensive d'importance nécessite un soutien aérien et un temps favorable (oubliez les assauts sous la neige). On perd quelques-uns des ajouts d'Arsenal of Democracy (Walhalla où es-tu?) mais on en gagne d'autres et globalement DH s'en sort beaucoup mieux.
Le jeu est bourré de petits détails historiques sympas, comme des affiches de propagande ou des citations de l'époque, sans oublier la campagne 1914-1918 qui fait malheureusement office de simple bonus tant elle se montre limitée. Au rayon des petits défauts, citons aussi les missiles balistiques extrêmement fastidieux à utiliser quand on en a trop et la propension de l'IA a abuser des QGs pour détruire des unités en retraites.
Au final, nous avons là un wargame incroyablement addictif, vidé du coté bourrin de son ancêtre mais malheureusement souvent assez farfelu dans son déroulement.
Ceci étant, les développeurs du jeu travaillent durs sur les mises à jours et prévoient des améliorations d'IA conséquentes dans le futur, rapprochant toujours un peu plus Darkest Hour du HoI parfait.
Il n'y a de toute façon pas à hésiter.