22h42. Dans une sombre mansarde parisienne, un jeune homme contemple pensif l'écran qui l'éclaire de sa lueur blafarde, unique source lumineuse, qui repousse péniblement les ténèbres pour jeter sa lumière maladive sur ses traits tirés. Machinalement, il étend le bras vers un paquet de clopes froissé qu'il saisit puis repousse nerveusement avant de sortir de sa poche une cigarette électronique sur laquelle il tire de longues bouffés énervées. Il pianote sur un clavier qui claque dans la nuit, maigre bruit tentant vainement de repousser le pesant silence qui se ressert sur lui. Un silence lourd de haches qui s'aiguisent et de couteaux qui se tirent. Soudain, l'homme se redresse, ouvre un dossier word et se met à taper fiévreusement une ébauche de texte inspiré commençant par ...
The Devil & The Almighty Blues.
Je suis un gros geek. Je deviens un gros geek, j'ai même tendance à blâmer mon déménagement dans la capitale pour ça, voir même mon arrêt forcé. Mais la vérité est ailleurs, je suis un monomaniaque à centre d'intérêt multiples et je viens de rentrer de plein pied dans la phase ludiciel de ma folie. Je passe mon temps libre à rôder dans les couloirs du Château de Lothric dans Dark Souls III, à écumer les parties en multi sur Atlas Reactor ou autre niaiserie, je n'ai même plus le temps de venir sur mon site préféré écrire des imbécilités sur un film, puisque je n'en regarde plus. Je joue je le confesse, je joue jusqu'à n'en plus sentir mes doigts, jusqu'à m'en crisper le canal carpien.
Pourquoi un texte sur Dead By Daylight, alors, t'entends-je grommeler, dans le coin !
Parce qu'il fait partie de mes nouveaux dadas, alors que je me le trimballe dans ma bibliothèque depuis quelques mois. Je voulais te le décrire dans l'espoir de t'attirer toi aussi dans ce jeu qui n'est certes pas exempt de défauts - ils sont nombreux - mais qui se révèle aussi fun qu'incroyablement prenant dans son gameplay asymétrique simple mais qui prend est incroyablement savoureux lorsqu'on arrive à réunir cinq personne pour y jouer, mieux quand ces personnes sont au micro et peuvent entendre l'un d'entre eux pousser des cris de fillette effrayée en sentant la machette du tueur se planter dans leur dos.
Certes le jeu peut de prime abord paraître simpliste, mais il n'en est rien. Si la prise en main du côté survivant est relativement aisé, immédiatement compréhensible et intuitive, il vous faudra une bonne dose de pratique pour écumer les quelques cartes proposées par le jeu qui si elles ne sont finalement que des variantes d'une seule map dans une autre ambiance auront au moins le mérite de proposer un brin de changement dans le placement des moteurs et autres objectifs à accomplir pour pouvoir vous extirper fissa de la planque du slasher psychopathe qui se propose de vous suspendre à un crochet pour que vous vous fassiez bouffer par une espèce de déité vaguement arachnoïde surnommée l'entité.
Dis comme ça, ça donne pas envie.
Le but d'un survivant est donc de survivre - meh - en activant des moteurs le plus discrètement possible (attention à ne pas foirer les diverses QTE, donc) sans se faire alpaguer par le psycho-killer qui rode, d'éviter les pièges ainsi que tout ce qui fait du bruit - surtout vos camarades qui courent comme des idiots en fonçant vers vous, vous allez voir c'est pas de la tarte - puis d'ouvrir une des deux portes de la carte afin de se carapater de l'endroit sans finir en jambon. Si d'aventure tous vos camarades mourraient, il vous sera possible de chercher une trappe placée aléatoirement dans le niveau afin de partir plus vite.
Contre vous un slasher rapide, terrifiant, armé d'une grosse machette, d'une scie, d'une tronçonneuse ou autre joyeuseté rouillée propre à vous filer le tétanos quand il vous la collera dans l'estomac. Joué par un pote un brin sadique et qui sait se démerder, le tueur peut rapidement devenir une espèce de menace omnipotente propre à vous courir après sans vous laisser de répit, voir même à vous camper lâchement quand vous êtes accroché histoire d'empêcher vos potes altruistes - soyons honnêtes, ils sont rares - de venir vous décrocher. Dans la galerie des tueurs avec leurs têtes de porte-bonheur nous avons le trappeur dont la capacité à poser des pièges à ours sur toute la map est clairement un embêtement majeur et un risque pour vos chevilles, le Spectre qui peut se rendre invisible - se faisant il se signale par un bruit de cloche à vous faire détester Noël et Pâques - le Montagnard qui s'amusera à vous poursuivre à travers la carte avec sa grosse tronçonneuse hurlante pouvant vous mettre à terre en un coup ou bien l'infirmière dont les grosse piqûres font mal ... et qui en prime se téléporte, mais ça toutes les infirmières peuvent le faire.
Le gameplay côté tueur est plus dur à prendre en main et peut rebuter même s'il est toujours jouissif d'attraper un pote et de l'équarrir proprement, d'autant qu'en ligne la communauté semble déjà fort bien rôdé aux mécaniques de survie et n'aura que peu de mal à faire tourner en bourrique le tueur le moins expérimenté. Mais une fois maîtrisé, un tueur peut vraiment faire un carton jusqu'à ne laisser personne sortir.
Alors je pourrais aussi vous parler des tares du mode-multi, elles sont multiples. On commencera par le matchmaking le moins ergonomique du MONDE, rien que ça, qui s'amusera à vous renvoyer directement au menu principal vingt fois avant de vous laisser jouer. Lorsque vous jouez à trois ou quatre, ré-inviter tout le monde ad vitam æternam devient tellement douloureux qu'on se demande si ce n'est pas là une volonté du jeu de te torturer à mort pour décourager les moins endurants des joueurs. On peut déplorer l'absence apparente de serveur dédié pour un jeu qui tape tout dans le multijoueurs et les jolis bugs que cela engendre parfois : qui dit connexion peu performante garantie d'avoir un survivant qui se téléporte à travers la map et un jeu injouable.
On pourra aussi noter que si vous avez cinq amis sous la main et que vous jouez tous ensemble, vous ne gagnerez pas d'expérience pour débloquer de nouvelles compétences ce qui est ... absurde, puisque le jeu est bien plus drôle entre amis et que l'intérêt d'une ... scène compétitive est quasiment nulle. Pourquoi alors la favoriser ?
Certains esprits chagrin regretterons la présence d'une seule map finalement déclinée en plusieurs ... thèmes et le manque de cartes plus marquantes et thématiquement raccords : un hôpital désaffecté, une usine, un cimetière ... les possibilités semblaient multiples.
Quoiqu'il en soit sitôt que vous avez trouvé cinq personnes le jeu est immédiatement très amusant et jouissif et on se surprend à serrer le sphincter à chaque fois que le rythme cardiaque de votre survivant s'intensifie et que la musique se fait plus oppressante, signalant que le tueur approche ...
Tandis qu'il mettait un point final à son petit texte, suant à grosses gouttes malgré le froid anormalement glacial de la pièce, le jeune homme priait pour que d'autres viennent le rejoindre. Seul il ne pouvait rien, mais s'il en attirait plusieurs, peut-être qu'il pourrait s'en sortir. Et au moins s'il devait y passer il en emporterait avec lui. La lueur de l'écran vacilla soudain et dans la pénombre il sentit une main se poser sur son épaule ...
Ding Ding, Dong ...