Variation sur un thème

Dead Space 2, c'est une suite musclée qui prouve que le survival horror n'est pas un genre mais un simple thème, et propose ainsi un jeu globalement horrifique mais aussi très cinématique et spectaculaire, directement inspiré des dernières productions de référence en la matière (Uncharted 2...)

Mais Dead Space 2 cultive en réalité plus les différences et face à son aîné que des progrès unanimes. Pour cela, il se dote des arguments nécessaires : une maniabilité et un arsenal améliorés qui rendent les gunfights bien meilleurs, des graphismes qui passent un cap indéniable ; aidés par des environnements plus variés et artistiquement sublimes et un rythme du tonnerre. Le scénario, s'il tente d'exploiter le background, souffre globalement de tares similaires à celles du premier (narration noyée au milieu d'objectifs futiles et répétitifs) en plus de nouvelles carences (enjeux flous, twists incompréhensibles). De ce point de vue là, c'est clairement décevant même si Isaac est un personnage certes extrêmement basique mais malgré tout assez attachant, et désormais doté de la parole. Ce point de détail pourrait paraître anecdotique mais il illustre bien le cas Dead Space 2 : d'un côté l'envie de rompre avec l'aîné, de l'autre celle de se conformer aux exigences actuelles. Dans l'absolu, cela reste quelque chose de positif dans la mesure où le procédé ne se justifiait pas réellement dans le premier.

Aspirant à être un blockbuster, Dead Space 2 y parvient avec succès au niveau de sa mise en scène, de son ambiance et de sa frénésie ; mais se loupe dans un domaine où tous les gros titres récents du genre ont tendance à échouer : les dernières heures de jeu, moins intéressantes, avec un dosage entre l'action et l'horreur moins équilibré. Contrairement au premier opus, le jeu ne propose pas vraiment de boss marquants : il n'y en a qu'un et il n'est pas terrible. De plus, la diversité des lieux constitue certes un plus au niveau de l'immersion, et tout simplement du plaisir visuel, mais elle camoufle aussi une régression au niveau du level-design, beaucoup moins ouvert et interconnecté. L'exploration, dans Dead Space 2, n'existe pratiquement plus. Mais l'atmosphère est bien plus soignée, avec des phases en apesanteur nettement améliorées qui se posent en entractes naturels au cheminement un peu répétitif.

Dead Space 2 fait donc partie de ces suites qui tiennent toutes leurs promesses, fussent-elles plutôt modestes. Il s'agit là d'un jeu qui surpasse de façon pragmatique son matériau de base dans la majorité des domaines et situations, et qui en livre surtout une interprétation un poil différente mais fidèle. Le jeu idéal serait celui qui combinerait les points forts des deux. Ainsi, si Dead Space 2 ne surpasse pas son aîné de façon intégrale, il reste le plus abouti des deux.