Je ne sais pas vraiment pourquoi j'avais envie de jouer à ce jeu, il y avait quelque chose qui m'intriguait beaucoup. Le nom ? Le trailer ? Peu importe, je me suis engouffrée dedans avec une très vague idée du contenu, et la révélation a été totale.
Mais avant tout commentaire, il faut préciser que Dear Esther ne se joue pas. Ce n'est pas vraiment un jeu. Il faut vivre Dear Esther comme la lecture d'une nouvelle, d'un petit Edgar Allan Poe feuilleté entre deux gares de train. D'habitude le cerveau constitue sa propre interprétation, construit les décors et les personnages au fur et à mesure de la lecture. Dear Esther offre en fait l'interactivité qu'on ne trouve pas dans un livre. On vous donne un décor, à vous de découvrir l'histoire.
Marcher. Uniquement. C'était une partie du concept qui m'avait échappé, et je me suis évertuée pendant bien 10mn à appuyer sur tous les boutons dans l'espoir d'une réaction. Mais repoussons tous nos a priori sur les jeux vidéo, voulez-vous ? Je vous rappelle que j'ai dit que ce n'était PAS un jeu.
J'ai donc marché. Longtemps. Malgré la beauté des paysages, je suis passée à deux doigts de m'ennuyer, perdue entre deux falaises, l'histoire encore trop vague pour me captiver et la limitation de mes mouvements commençant à gêner mon tempérament de chasseuse de zombies.
Et puis le "rythme" de l'histoire a commencé à s'accélérer, les paysages ont changé pour devenir de véritables peintures, comme une toile continue qu'il m'était donné d'explorer. L'aventure de cet homme perdu sur sa plage commençait à s'éclaircir, à compléter l'intrigue, son histoire, ... mon histoire. Je me suis prise dans la recherche d'indices, de nouveau lieux qui pourraient déclencher la suite de la narration, je voulais savoir, je voulais trouver le bout du fil et me libérer. Je voulais désespérément atteindre cette station radio, au bout de l'île, clignotant comme une lumière salvatrice.
La fin du jeu m'a laissée sans voix.
Après 1h30 d'exploration, j'avais fini par saisir toute la poésie de cette histoire, dans une apogée surprenante, effroyable mais délicate et onirique. La gorge nouée, j'ai quitté le jeu, et j'en suis encore toute retournée.
Dear Esther aura été une de mes plus grosses surprises en matière de jeu vidéo, une véritable pépite, qui ressemble vaguement un caillou au premier regard, mais qui quand on la retourne dévoile un trésor incomparable.
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