Lentement je repris conscience... Que s'était-il passé ? Étais-je déjà mort ? Je me risquais à bouger mon bras, il répondait, j'en déduis donc que j'étais bel et bien vivant. Je me mis debout avec prudence et regardais tout autour de moi. Où étais-je ? Tout m'était parfaitement inconnu.. Une île, une bergerie, des étendues rocheuses à perte de vue, un phare, une antenne... Et à ce moment là je sus. Je sus qu'il me fallait aller vers cette aveuglante lumière rouge, qu'importe le prix à payer. Cela dépassait l'entendement, mais j'avais l'étrange impression que la réponse était là-bas.
Ainsi, tel un insecte attiré par la lumière d'un halogène, je me mis en route. J'ai parcouru des landes désertes, des flancs abrupts, des côtes rocheuses, des tunnels souterrains ô combien fabuleux, tout cela afin de poursuivre ce but pour le moins mystérieux. L'air était froid et le vent glacial : j'étais transi. Mais je n'étais jamais seul... Mes souvenirs étaient avec moi, réminiscences d'un passé désormais révolu. Puis il y avait cette présence qui, j'en avais la très nette impression, me laissait sans cesse des traces de son existence, dans l'optique peut-être de rendre ma traversée plus aisée... Il me semble d'ailleurs l'avoir vue, un soir où la lune dominait le ciel, perchée sur une falaise englobant de son regard l'île toute entière... Peut-être m'a t-elle vu ? Peut-être aussi n'était-ce que le fruit de mon imagination... Je ne le saurais jamais.
Quand enfin j'arrivais à hauteur de l'antenne, après des jours de marche et des centaines de kilomètres parcourus, je fus épris d'un soulagement sans borne. Je grimpais à l'échelle, en essayant d'atteindre le plus vite possible le sommet tant convoité, quand je fus pris d'une douleur atroce. Ma jambe, qui s'était alors infectée suite aux blessures causées par l'accident me faisait atrocement souffrir. Mais je ne pouvais abandonner si près du but, ainsi, je rassemblais mes dernières forces et j'atteignais péniblement le sommet du phare. Et là, surplombant l'île toute entière, face à la lune plus ronde et plus belle que jamais, je la trouvais... la délivrance...
Vous l'aurez sans doute compris en lisant ceci, Dear Esther est une expérience onirique qui est loin de laisser indifférent. Non sans étrangement rappeler le très bon The Plan (ou du moins c'est
l'impression qu'il m'en a été donnée), nous évoluons avec délectation dans un lyrisme des plus total. Une narration omniprésente, une musique délicieusement entêtante fruit de la jonction entre instruments et bruitages en tout genre, des décors somptueux (sincèrement le passage dans la caverne est d'une beauté rare), vous ne serez que conquis par l'aspect de ce jeu. Réflexion métaphysique sur l'existence, vous devrez trouver toutes les réponses par vous même et vous satisfaire du peu que vous obtiendrez afin de percer à jour l'épais brouillard de mystère qui englobe le personne que vous incarnez. L'aventure sera courte mais non moins passionnante, amateurs d'exploration en tout genre, je ne vous le conseillerais que trop !