Souvenez-vous ! Ce n'était il n'y a pas si longtemps ! Sur nos bons vieux Amstrad, Amiga ou Commodore ... De bons jeux d'aventure, difficiles, exigeants, frustrants par moment, et quand on perdait ou qu'on recommençait une partie, on repartait du début. Mais on aimait ça et on y revenait ... Et bien figurez-vous que cette ambiance n'est pas si lointaine. Demon's Souls, ou le retour des jeux comme on en fait plus ...
Comme j'ai pu le lire sur d'autres publications - j'ai l'honnêteté de le dire - Demon's Souls divise la communauté des joueurs en deux factions très inégales : l'Empire de ceux qui ont laissé tomber et la petite Principauté des Elus qui l'ont fini, où l'on se reconnaît rien qu'en se regardant dans le blanc des yeux. Deuxième honnêteté : je fais partie de l'Empire ...
En effet, DS est avant tout DURE, EXIGEANT et IMPLACABLE !!!
Mais tout d'abord, qu'est-ce que Demon's Soul ? Je le classerais dans la catégorie des Action-RPG, avec un ascendant Aventure. Vous incarnez un personnage chevaleresque, grandement personnalisable au début de l'aventure, et qui sera amené à explorer diverses contrées (plus ou moins lugubres) pour tuer du démon. Rien de très extra-ordinaire, me direz-vous. Mais DS cultive également certaines originalités. Vous découvrirez rapidement la première d'entre elles : dès les premières minutes de l'aventure, et ce en prélude à une longue et inexorable suite d'évènements marqués du sceau de la cruauté, vous .... mourrez, pour mieux vous retrouver au coeur d'un lieu appelé le Nexus, sorte de purgatoire dans lequel se sont donnés rendez-vous tous les dépressifs du coin. De ce lieu, vous pourrez rejoindre les différentes zones de jeu.
Dans chacune d'entre elles, vous avancerez à la sueur de l'épée et de l'incantation magique, repoussant soldats damnés et autres monstruosités putrides, pour vous retrouver au terme de votre périple devant un démon faisant office de boss. Tout ce petit monde ne pense qu'à une chose : vous trucider. Le pire, c'est que même l'ennemi de base peut s'offrir votre vie assez rapidement. La cerise sur le gâteau : si vous mourrez, vous recommencez du début de la zone (oubliez le concept de check-point) en ayant perdu l'expérience accumulée depuis le début de celle-ci ; et vous ne pourrez récupérer cette expérience qu'en retournant sur le lieu de votre mort dans perdre une seconde fois.
Autant vous dire que DS demandera de votre part une patience, un investissement et un sang-froid comme peu de jeux le demandent de nos jours.
A coté de cela, le titre est plutôt réussi. L'ambiance est déprimante au possible, servie par des décors d'une beauté ... triste et mélancolique. La jouabilité est bonne mais ne tolère que peu l'erreur ou l'inattention. L'histoire est obscure mais on se laisse tenter par cette aventure hors du commun et du temps. L'utilisation du PSN, enfin, est assez bien trouvée, chaque joueur pouvant "consulter" les spectres des autres joueurs pour voir de quelle façon ceux-ci étaient morts et placer des messages d'aide (ou de faux messages pour les plus démoniaques) pour les autre aventuriers.
Vient ensuite le débat de fond auquel tout joueur potentiel de DS est confronté : la difficulté du titre se fait elle au détriment du plaisir de jeu ?
D'un côté, on s'investit pour avancer dans le jeu, au péril de sa tension artérielle tant la crainte de mourir (dans un combat ou dans un piège) est présente, on aime y revenir, on se dépasse soi-même (comme dans le cip de l'armée) en découvrant l'au-delà du dernier point où l'on était mort, on revient avec impatience dans le Nexus pour avoir un peu de calme et on vit une vraie expérience vidéo-ludique.
D'un autre côté, le titre demande un investissement et une discipline que peu de joueurs, par inexpérience, par paresse ou par envie, sauront mobiliser. Loin de me faire le défenseur des jeux grands publics, je pense que Demon's Souls a ciblé un public trop restreint et aurait mérité un mécanisme de progression plus fluide et moins frustrant.
Dans le Nexus, une immense épée sépare les joueurs qui rejoindront l'Empire ou la Principauté des Elus. C'est peut-être un signe des temps, mais l'Empire l'emportera encore cette fois. En ce qui me concerne, la frustration a pris le pas sur le jeu ...