Demon's Souls est sans nul doute l'incarnation du Malin en jeu vidéo. Comme ce dernier il sait tenter le joueur, l'appâter, pour mieux le regarder souffrir, mourir et recommencer un cycle de torture non pas éternel comme l'enfer, mais assez long pour laisser des traces impérissables dans l'âme du téméraire aventurier.
Il commence par lui donner confiance avec un niveau tutoriel qui permet de comprendre les bases d'un système de jeu qui lui cachera pourtant bien des choses (importantes qui plus est), qui ne se révèleront que par l'expérience, l'échange avec d'autres joueur ou encore par le biais de forums dédiés. Un vrai salopard ce diable !
Que faut-il faire des âmes de boss ? Comment lancer ce sort de soin dont l'acquisition fut un vrai soulagement mais dont on désespère de le voir inactif pour le moment ? Comment ne pas être étonné de réaliser que l'on peut traverser les mondes dans un ordre non établi, et que cela est même préférable ?
Rien que quelques indices sur ces questionnements... et encore beaucoup d'implicite !
Le démon vous prend par la main, puis disparaît sans la moindre raison, après le coup de hache d'un monstre énorme qui ne vous aura laissé aucune chance.
Une vague envie d'abandon, puis le plaisir de l'exploration, de la progression. Après avoir abattu un colosse qui paraissait invincible, après avoir traversé des couloirs emplis de pièges, après avoir déniché des trésors gisants sur des cadavres, l'auto-satisfaction semble poindre. Vous êtes pris dans la toile tissée par Belzébuth lui-même.
Le level-design est fabuleux, il semble vaguement labyrinthique par endroit pour mieux vous offrir des raccourcis par la suite, qui vous soulageront d'un poids ; cela vous amènera à continuer, encore et encore.
La tentation d'abandonner devient tentation d'y passer l'éternité. L’Enfer prend des apparences de paradis pour gamer. Plus les barrières sont nombreuses, plus la délivrance est immense. Le cœur palpite pendant les affrontements épiques. La tentation d'avancer dans les niveaux contrebalance la crainte de perdre les âmes durement récoltées jusque-là. Entre prudence et soif de conquête.
Parfait équilibre de difficulté et de justice, Demon's Soul n'a pas l'éclat du diamant tentateur, sa réalisation ne brille pas de mille feux dans l’œil du joueur avide ; mais son esthétique fait des ravages, la construction de ses niveaux est un pousse au crime, ses combats une perpétuelle lutte à mort, sans aucun refuge.
Oui, pendant des dizaines, des centaines d'heures, Demon's Soul vous offrira le Paradis sous des allures d'enfer ; à moins que ce ne soit l'inverse.
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