Chers lecteurs, bonjoir. Après quasiment deux ans sans rien écrire sur ce site, je sors de ma léthargie pour papoter un peu jeux-vidéo avec vous.
Alors, pour commencer, je tiens à préciser que je vais spoiler toute ma partie dans ces lignes donc si vous ne voulez rien savoir... Bah lisez pas, j'ai aucun intérêt à griser absolument tout mon papier donc vous êtes prévenus.
Mon histoire avec Quantic Dream commence un jour d'automne où j'avais 20 balles à claquer en bon d'achats au Géant de chez moi quand je suis tombé par hasard sur Heavy Rain. Le jeune GrenKopun de 19ans avait pas mal apprécié ce trip pluvieux malgré que, avouons-le, cette histoire de choix aux multiples conséquences était une splendide escroquerie. Au final, on en arrive toujours plus ou moins au même point et... Surtout, cette feature de pouvoir lire les pensées de nos protagonistes rend le twist final totalement malhonnête et absurde. C'est NUL de contrôler le tueur sans en être informé. Nul, d'autant plus qu'en y rejouant, on se rend compte qu'il est protégé par une grâce divine qui le sauve systématiquement des QTE que l'on fait exprès de foirer.
Donc oui, je trouve qu'Heavy Rain est une escroquerie sympathique. Puis je me suis intéressé à son réalisateur, un certain David Cage. Et bon sang que je n'ai pas été déçu par le personnage : Narcissique, tyrannique, patron malveillant et prétentieux à l'excès. Excès visible dans chacune de ses interviews où il affirme pousser le jeux-vidéo au delà de ses limites afin de faire ressentir au joueur de "vraies émotions". Sauf qu'à mes yeux, le mec se plante totalement ; son "art" n'est pas du JV mais bel et bien du cinéma à choix multiples. Et ça, en tant que cinéphile, j'approuve totalement.
Il ne devrait pas envisager son public comme des joueurs, mais comme des spectateurs actifs. Et c'est là que j'en arrive à Detroit et à ses problèmes.
Non parce que Detroit, c'est bien mais y'a quand même quelques défauts. Le premier étant qu'il ne sait pas se placer entre "point'n click", film interactif et jeux vidéo. On passe d'instants dans lesquels on peut littéralement poser la manette à des scènes de poursuites avec un semblant de parkour jusqu'à des scènes d'explorations pas super bien designées qui nous obligent constamment à utiliser la "bat vision"... Sauf que cette dernière met le jeu en pause et donc, casse complètement le rythme de la séquence. Imaginez, un jeu où la principale mécanique est de mettre la pause toutes les cinq secondes... Chiant non ?
Tout ça donne un tout pas super homogène qui m'a, curieusement, fait regretter ses moments les plus cinématographiques pour me dire qu'ils auraient mieux fait de se concentrer là dessus. A la manière d'un Tell Tale en fait. Parce que c'est clairement ce qu'il fait de mieux : Le jeu des acteurs est super propre, la modélisation des visages est fabuleuse, le doublage super bon et la mise en scène est très péchue et donne vraiment envie d'être regardée ; on a là une caméra virtuelle qui ne s'arrête pas au bête champs contre champs, gros plan/inserts et ce, dans de très jolis décors qui changent un peu de l'habituel futur dégueulasse à la Blade Runner.
Côté scénar maintenant... Eh bien pour du David Cage, c'est pas mal. Il y a bien sûr de grosses conneries du genre "Nous devons absolument trouver un abris pour la nuit" alors que l'action se situe dans une voiture où SEUL le moteur est en panne (comme si on ne pouvait pas dormir dans une voiture chauffée et éclairée) et surtout, le truc qui me gène le plus : Le toucher magique de Markus : Ce truc est censé rendre aux androïdes leur libre arbitre sauf que, dans les faits, ça les rallie immédiatement à sa cause et ça se traduit visuellement par des mecs qui, une fois libérés, ne disent même pas "merci" ni bonjour, ni merde et se dirigent instantanément vers le repère de la rébellion androïde. C'est MAUVAIS, parce que ça me donne réellement l'impression d'être à la tête d'une armée de zombies qui suivent aveuglément les ordres de, au choix, Martin Luther King ou Malcolm X. Et cette ânerie visuelle est quasiment au coeur du jeu alors qu'en plus... Si Markus avait fait partie des "libérés", rien ne dit qu'il serait pas simplement resté au chevet de son propriétaire qu'il voyait comme un père... Il aime tellement son maitre qu'il va même se recueillir sur sa tombe ! Bref...
Mais quand on est un gros con comme David Cage, on sait parfaitement bien écrire les gros cons et Dieu que les personnages ambigus ou détestables sont bons dans ce titre ! Hank, par exemple, est sublime. Borné, raciste, dépressif, au passé glorieux mais incapable de se remettre de la mort de son fils. C'est cliché me direz-vous, mais ça reste un BON cliché, surtout quand il est incarné par Clancy Motherfucking Brown. Et c'est le cas pour tous les antagonistes : Ils sont détestables comme ils doivent l'être, on a envie de les voir punis et ça marche.
Je soulèverai aussi un point agréable, c'est qu'à part l'arc narratif de Kara, je n'ai jamais senti de durée de vie artificielle ou d'étirement du scénario en mode "Pour faire un pas en avant il faut qu'on en recule de quatre" (Batman Akham, c'est toi que je regarde), là c'est très fluide et ça fait plaisir.
Bon, sinon, côté durée de vie, l'histoire fait huit bonnes heures mais il est rejouable au moins trois fois... Et d'ailleurs... En parlant de ça : Ma première partie, je l'ai jouée role play à bloc, en essayant vraiment de me mettre à la place des personnages dans les situations présentées avec un Connor implacable, une Kara maternelle à l'excès et un Markus bien élevé... Bah j'ai eu que des résultats de merde à la fin. Et je me demande si, d'un côté, ça n'a pas été voulu par Quantic Dream qui a calculé tout ça pour nous forcer à lancer plusieurs runs. Je suis peut-être un peu parano mais si c'est le cas, je trouve ça un peu crade de manipuler le joueur dans un jeu qui met à ce point l'accent sur le CHOIX et le LIBRE ARBITRE.
Donc, j'emmerde ce jeu et David Cage cordialement et je resterai sur ma première partie où tout le monde meurt à la fin.
En conclusion, j'ai bien aimé cette expérience. C'était sympa et je remercie sincèrement la personne qui me l'a prêté. Je vous le déconseille à plein pot, mais comme Heavy Rain, à 20€, ça reste très agréable et ça vous occupera un bon moment à condition d'oublier les préjugés qu'on peut avoir sur le genre (jeu narratif) et le PDG de Quantic Dream plus que limite.