Detroit Become Human est le dernier né du studio de QuanticDream dont David Cage est à la tête. Après quelques jeux que je n’ai pas essayés, c’est avec Heavy Rain (2010) que le studio fait beaucoup parler de lui. Jeux ambitieux aux sujets graves et sombres, il parvient à avoir un joli succès critique et commercial. Avant DBH, c’était mon jeu favori du studio pour ses choix importants qui pouvaient déterminer la vie ou mort de nos protagonistes, son ambiance très sombre… Le projet de Beyond Two Souls (2014) est pour moi une expérience plutôt qu’un jeu. On parle souvent des jeux de David Cage comme d’expériences très proches du cinéma. Pour moi, c’est le jeu avec Ellen Page et William Dafoe qui s’en rapproche le plus.
Ces deux jeux ont permis au studio de gagner en maturité, de mettre au point la motion capture et surtout de développer un jeu sur une console permettant un rendu visuel très proche du cinéma… Arrive donc Detroit Become Human.
DETROIT, 2038, Etats-Unis
Les ravages de la crise de 2008 semblent encore visibles ou accentués par une toute nouvelle. Celle des androïdes. Inventés par le génie Kamski, ils sont maintenant le quotidien des humains. Aussi bien pour les travaux publics, l’aide à domicile ou l’éducation, ils sont partout et de différentes tailles, sexes, ou encore utilités. Même les plus obscures comme la prostitution. Le monde ne sait plus comment fonctionner sans. Il y a eu internet, les smartphones, maintenant les androïdes et les voitures autonomes.
Dans ce monde où la technologie a pris une nouvelle ampleur, le taux de chômage lui atteint des records historiques, on parle de plus de 35%. Certains partis politiques remettent la faute sur les androïdes. Le déversement sectoriel constaté au XIX et XXème siècle ne semble pas se répéter. Tout est automatisé…
Malgré une classe moyenne et pauvre en situation de plus en plus tendue, le budget alloué aux androïdes ou objet technologique est infini. Les quartiers hors du centre ville sont remplis de maisons détériorées, mal entretenues mais ont tous un ou une androïde ainsi qu’une TV 4K dernier cri.
L’autre visage de Detroit est celui des ultra privilégiés. Là où 1% des plus riches en 2017 avait environ 80% des richesses de la planète, en 2038, c’est 0.2% des plus riches qui ont plus de 90% des richesses. Les inégalités ne cessent de s’agrandir. Le centre ville de Detroit, proche des commerces de CyberLife (entreprise créatrice des androïdes) est luxueux. Les duplex au dessus de la ville sont splendides tout comme les demeures. Pour n’en citer qu’une, celle du peintre Carl Manfred. Alliance parfaite entre une architecture classique et contemporaine, c’est une source d’inspiration pour ses compositions mais surtout la situation des androïdes dans ce monde.
Le point culminant, malgré un risque de 3ème guerre mondiale en raison d’une invasion des russes en Antarctique, c’est les premiers problèmes liés aux androïdes. Certains deviennent déviants… On a longtemps pensé qu’ils étaient défectueux, mais certains semblent créer des émotions et se libérer de leur code, programme.
Un androïde domestique se voyant remplacé par un autre plus performant, a tenté de se « suicider » avec la petite fille de la famille. Une autre a tué son propriétaire alors qu’il battait sa fille ou encore des cas isolés d’androïdes mal-traités qui se mirent à fuir pour se cacher. Le point commun de tous ces humains mécaniques ? R A 9. Cyberlife a même crée un prototype, le plus avancé, afin de chasser ces déviants. Connor. La machine la plus déterminée et méthodique.
Mais ce qu’on oublie le plus dans tout cela, ce sont les androïdes eux-mêmes. Dotés d’une intelligence hors norme et d’un nombre infini d’expressions, de connaissances et surtout leur proximité toujours plus importante avec les humains, les ont fait évoluer. Ils sont plus humains que ceux qui le sont de base. Ils parlent de justice, de liberté ou encore d’entre aide. Là où les humains ne cessent de vivre dans leurs bulles et de manière égoïste, eux aspirent à plus grand.
C’est dans cet univers si saisissant, transpirant de vérité que vont évoluer nos trois protagonistes. En plus d’être réaliste par son propos, le jeu l’est aussi par sa direction artistique et sa technique. Sur PS4 pro, TV 4K et Hdr, c’est une claque. Difficilement comparable à un God Of War en raison de son univers totalement opposé, le rendu est resplendissant.
Connor apporte au jeu une vision purement androïde, il a une tâche, il doit l’accomplir. Kara est la plus humaine par son rôle et sa mission plus personnelle et intimiste. Markus a le rôle le plus macro du jeu, il sera à la tête d’un mouvement, d’une nouvelle vision. Chacun accompagné d’une bande son d’un compositeur différent, les trois histoires sont absolument magnifiques.
CONCLUSION
Detroit Become Human amène un sujet sensible sur le devant de la scène. Les choix que nous devons prendre, les multiples possibilités immergent le spectateur / joueur dans cet univers. Les arborescences nous montrent les possibilités manquées à la fin de chaque chapitre. C’est assez vertigineux surtout dans le dernier tiers du jeu. Le questionnement est toujours présent et surtout il n’y a pas de bons ou mauvais choix, juste des possibilités.
Pour moi ce jeu est un vrai bijou, aussi bien d’écriture, d’immersion que de moment de grâce. La marche des androïdes avec Markus, les discours de Connor ou encore ce menu d’écran juste…whaou. C’est bluffant.
Que vous soyez un hardcore gamer, un casual ou qu’importe le terme, si vous aimez les aventures, foncez sur ce jeu.