Comment flinguer un chef d'oeuvre
Après le choc Deus Ex, cette suite est une déception majeure.
Manifestement pensé pour le monde des consoleux, le jeu est simplifié à l'extrême :
- maps découpées avec temps de chargement monstrueux au passage d'une zone à l'autre, même sur PC où cela ne se justifie absolument pas, ce qui impacte négativement le game design en interdisant d'avoir des chemins alternatifs significatifs pour se balader sur les maps.
- il y a toujours plusieurs armes, mais les munitions sont identiques pour toutes (!), et sont de plus mal gérées : moi qui avait un profil plutôt sniper dans le premier Deus Ex, j'ai dû y renoncer ici car au bout de quelques tirs avec le fusil de précision, on se retrouve à sec.
- Idem pour les dispositifs de crochetage, le même objet permet de déverrouiller une porte ou de pirater un dispositif électronique.
- Le système d'accumulation d'expérience permettant d'augmenter ses compétences a disparu ; au lieu de ça, on n'arrête pas de gagner du flouze qui ne sert quasiment à rien si on se débrouille un minimum. Le système de greffe d'améliorations électroniques persiste, mais les biomods sont si faciles à trouver que cela en devient risible.
- le jeu est court : douze heures sans se presser et en faisant pas mal de missions annexes.
Reste le scénario, qui, s'il est assez poussif en début de partie, prend de l'ampleur vers la fin, nous amenant à revoir des lieux et des personnages du premier épisode. Il constitue la suite directe de l'histoire de Deus Ex, en repartant habilement d'une fusion de deux des trois fins alternatives du premier opus. Toujours aussi adulte, il continue de brasser les mêmes thèmes majeurs (le pouvoir, la question de la gouvernance des peuples, la raison d'Etat), en faisant évoluer les personnages du premier épisode de façon parfois surprenante, mais au fond si (désespérément) humaine. Aucune des quatre fins alternatives, qui seront de nouveau illustrées par les maximes de grands penseurs, ne sera totalement satisfaisante, mais vous devrez néanmoins faire votre choix entre les grandes idéologies ou le nihilisme indiviualiste d'un Snake Plissken et en assumer les conséquences.
J'étais parti pour attribuer 6 au jeu tellement la déception est grande par rapport au chef d'œuvre videoludique que constitue le premier Deus Ex, mais finalement il écope d'un point supplémentaire pour les événements scénaristiques qui se dévoilent en fin de partie.