Critical Divided

On nous avait promis des boss, des dialogues profonds dans lesquels nos choix auraient des grandes conséquences. On nous a dit qu’il serait possible d’éviter ces mêmes boss en dialoguant justement ou simplement en trouvant un chemin pour les éviter, on nous avait dit qu’il y aurait 2 fois plus d’aptitudes, on nous avait promis un environnement immersif et une histoire très travaillée avec une multitude de fin possible. En bref, on nous avait vendu un digne successeur de Human Révoluion.

Autant le dire tout de suite, j’ai été extrêmement déçu en constatant que rien de tout cela n’était vrai !

Le seul et unique boss se trouve à la fin du jeu et je l’ai eu en 1 coup au corps à corps, même certains ennemis lambda sont plus coriaces. Il y a certes beaucoup de dialogue à choix multiple, à peu près tous je dirai, mais très peu ont une importance capitale et les conséquences de ceux-ci sont moins grandes que dans Human Révolution.

L’histoire est quasi inexistante, et reproduit exactement le même schéma narratif que Human Révolution :

1. On nous envoie en mission,

2. Lorsqu’on revient de la mission il y a une attaque et Jensen va être étourdi puis se réveiller avec de nouvelles augmentations,

3. Après avoir fait nos marques on part pour une autre ville

4. On a affaire à un groupe de mafieux qui nous demande de régler des comptes pour eux

5. On apprend qu’un riche politicien finance un gros projet en construction mais c’est peut-être un traitre

6. Ensuite on doit choisir entre donner les infos à notre boss ou à un groupe style Anonymous, un choix aux conséquences similaires à celui qui consistait à changer notre puce (ou non) dans Human Révolution

7. Puis vient la scène d’action finale avec prise d’otage.

C’est EXACTEMENT le même schéma narratif.

Bref, on commence directement dans l’action après une ellipse de 2 ans dont on ne saura jamais rien, enfin si, on a des indices çà et là, Sarif Industries a coulé après « l’incident » comme ils l’appellent, Adam étant au chômage il a rejoint interpole et… c’est tout.

-heu ok mais c’est quoi les répercussions de ce qu’il s’est passé ?

-« bah la ségrégation dans laquelle tu vas être plongé dans la mission 2 » nous répond le jeu.

-Ah ok mais et les types illuminati avec qui on a eu de sérieuses discussions à la fin de Human Révolution ?

-Qui ça ?

-… heu… ok… mais du coup c’est quoi le but de cette nouvelle histoire ?

-Bah débusquer les illuminati… mais d’autres parce qu’en fait ce n’était pas vraiment eux dans Human Révolution.

-hein hein, bon admettons, et comment l’incident a été expliqué aux civils ?

-Osef

-pfff, bon bah je verrai bien ou tu me mènes….

…30h plus tard…

C’est quoi cette merde, on connait le boss final très tôt dans le jeu et, oh, surprise c’est le type du trailer… Je pensais qu’il serait simplement le premier boss mais je ne m’étais pas totalement trompé vu que c’est le seul et que le jeu est en lui-même qu’une simple introduction qui finit brièvement sur un « à suivre » plutôt frustrant. Le scénario se résume donc à interroger un type afin de confirmer le soupçon puis enquêter à un autre endroit pour savoir où il se cache et enfin le vaincre… Entre chacune de ces étapes le jeu nous demande de choisir à qui faire confiance entre notre employeur et un hacker style Anonymous qui doute justement de notre employeur, vous pensiez avoir un dénouement à la fin, bah non ça aussi ça reste en suspens, mais du coup l’utilité de toutes ces délibérations ? Aucune !
D’ailleurs pour en revenir au trailer, vous vous souvenez du type encapuchonné qu’on nous présente comme le gars que Jensen devra poursuivre, bah il n’existe pas dans le jeu, enfin je suppose que c’est le hacker mais vue qu’il ne sert à rien et qu’on ne le voie jamais j’en sais rien, j’ai jamais vue une campagne de pub aussi mensongère, vraiment.

Néanmoins un point positif, le contexte de ségrégation raciale envers les augmentés avec la montée de la haine et de l’autorité policière, les décors et les œuvres architecturales qui renforcent l’aspect futuriste sans partir dans la science-fiction, tous ces détails donnent une ambiance assez réussie, c’est traité avec justesse même si on aimerait que le jeu prenne plus position et soit plus critique.

Coté réflexion sur le Transhumanisme la technologie et les multinationales, il y a des points intéressants, notamment la quête annexe du recycleur (qui peut déboucher sur le 2ème boss du jeu, qui lui, peut être convaincu en dialoguant), la banque palissade bien qu’après se l’être tapée 2 fois dans le jeu puis dans l’extension « system rift » ainsi que le mode breach qui tourne aussi autour de ca on a un peu envie de dire :

stop, on a compris l’idée, la centralisation des données c’est pas
bien

Car oui un autre défaut du jeu c’est son manque d’environnement, on fait que des allers-retours dans la même ville, les décors se ressemblent vite et on se lasse. Il n’y avait pas nécessairement plus de lieux dans Human Révolution mais on les visitait sous plusieurs angles et le level-design était nettement plus marquant.

Côté technique, les animations m’ont pas mal choqué au début, des sourcils qui se lèvent inopinément, des mouvements de tête frénétiques, des mouvements labiaux aussi statiques qu’un poisson qui respire, je trouvais ça vraiment daté. C’est peut-être parce que mon dernier jeu était Until Dawn dont le travail gestuel et expressif est presque irréprochable, néanmoins j’ai fini par m’y habitué et je pense que le problème vient surtout du contraste avec le décor à la limite du photoréalisme, la motion capture aurait sans doute aidé à rendre le jeu plus immersif.

Concernant le gameplay, les nouvelles aptitudes de Jensen sont au nombre de 7, on les débloque à la troisième mission mais avant la mission 13 il vous faudra faire une croix sur une aptitude du précédent opus si vous voulez activer l’une d’elles. Ces nouvelles augmentations ne sont pas spécialement idiotes mais perso il n’y en a qu’une seule que j’ai utilisé, les autres m’ont semblé inutiles pour 2 raisons :

-l’IA complètement abusé qui nous voit de dos, lorsque l’on passe en hauteur, voir même derrière les portes (oui ça m’est arrivé et non ce n’était pas à cause du bruit de mes pas, je ne bougeais pas, j’attendais justement que le garde passe pour arriver derrière lui)

-Le level-design qui ne nous invite à aucun moment à en faire usage. Je m’explique, dans Human Révolution il y avait de nombreux endroits où l’on pouvait assommer un garde en brisant un mur, le garde étant volontairement placé ici et seul afin de rendre possible l’infiltration ; il y avait aussi des passages ou se rendre invisible était presque indispensable car pour une raison justifiée par le scénario les ennemis étaient à notre recherche et l’environnement était prévu pour qu’on se cache à divers endroits jusqu’à la sortie. Ici, c’est impossible, les ennemis sont systématiquement en groupe et placés à tous les endroits où on est censé passer discrètement, il n’y a pas moyen d’éviter l’affrontement, casser un mur (j’ai trouvé un seul endroit pour neutraliser un ennemi de la sorte) ça tue l’ennemi, hors, le but d’un jeu d’infiltration (et du trophée que je visais) c’est de ne tuer personne, je ne comprends pas qu’ils aient changé ça, ça ne coûtait rien de simplement l’assommer… Pour attirer un garde il n’y a pas de mécanique comme dans un Métal Gear Solid ou on peut poser un magasine ou toquer contre un mur, non, là on nous explique dans le didacticiel qu’on peut lancer des objets pour les attirer sauf qu’encore une fois en pratique les ennemis savent immédiatement (par intervention divine je suppose) d’où l’objet a été lancé (même quand ça vient de leur dos) et ou vous êtes et rentrent immédiatement en alerte, on est donc obligé de se laisser voir par l’ennemi pour l’attirer (en faisant bien attention à ce qu’il ne rentre pas en alerte), c’est pas une mécanique de jeu ça c’est une solution de secours, un bidouillage… De la même manière, cacher un corps est une vraie plaie car il n'y a pas de mécanique prévue pour ça et les corps, en plus d'être difficilement maniables car on les tient a 3m de soi, ont tendance à bloquer dans les portes.

Bref, mon expérience de jeu fut une succession de frustrations à tous les niveaux. Je n’ai pas eu l’impression que le jeu était fait pour être bourrin mais j’ai trouvé l’infiltration très mal faite contrairement à Human Révolution ou l’équilibre de ces deux modes de jeu étaient parfaits. Je me suis également senti trahi par ce jeu qui n’a tenue presque aucune de ses promesses. Beaucoup ont critiqué la durée de vie du titre aussi mais je ne l'ai pas trouvé court personnellement mais c'est une fausse impression car, en gros, j'ai passé 25h à explorer la ville et 10h sur le scénario alors que pour Human Révolution c'était le contraire, il est là le problème. Et puis on avait une vraie fin, alors que là on a pas une seule réponse à nos questions, c'est très frustrant.
Après le résultat n’est pas tout noir mais la franchise méritait bien mieux que ça !