Après un excellent troisième opus intitulé "Human Revolution", qui était une petite révolution, que ce soit à propos de son esthétique Cyberpunk Renaissance, son scénario intelligent, ou de ses personnages charismatiques. On prenait plaisir à naviguer et à s'infiltrer dans les différentes zones du jeu. 5 ans après, ont-ils réussi à placer la barre encore plus haut ?
Univers
Dès le début, le jeu nous propose un "petit" résumé complet de l'histoire de HR, qui dure en fait une quinzaine de minute, ce qui est beaucoup trop long, et on a du mal à suivre vu la quantité d’information à intégrer en un rythme si effréné. Il est surtout là pour nous expliquer que le scénario de HR était bien meilleur que celui que vous allez jouer maintenant.
Déjà, l'esthétique des villes et des environnements ont un style bien plus commun et bien moins fantaisiste que les magnifiques villes du premier (Human Revolution, ndlr). Les environnements sont aussi bien moins variés, le jeu compte seulement 5 zones en tout (dont la seule zone open-world de Prague).
Même quand les zones ont l'air grandes, elles se parcourent assez rapidement au final, surtout quand on n’essaie pas de fouiller toutes les salles, en cherchant à aller à l'objectif directement. De toute façon, qu’allons-nous trouver, à part des objets que l'on possède déjà en 36 exemplaires, ou pirater des ordis pour voir des mails qui ne servent à rien la plupart du temps. Explorer ça va bien 2 secondes, mais à force on commence à comprendre les limites du système.
Cependant, les missions secondaires sont quant à elles étrangement plus longues et plus intéressantes que la plupart des objectifs principaux (où la moitié ne consiste qu'à parler à des PNJ osef). Même si les aller-retours sont légions dans ce genre de mission.
Quant au scénario en tant que tel, il n'est juste pas terrible, avec un vieux cliffhanger moisi à la fin, le charisme des personnages sont semblables à celui d’une huitre, notamment le grand méchant du jeu, qui est un cliché ambulant (à noter que c’est le seul boss du jeu, décevant). Et même les quêtes secondaires, qui ne sont pas révolutionnaire, sont presque meilleurs en terme de scénario. La thématique des minorités rejetées (avec les augmentés) est intéressante, mais pas poussé si loin que ça, et fait plus office d'anecdote que de véritable dénonciation appuyée. Et la musique, pas mauvaise, n’est juste pas marquante.
Traduction
Les développeurs ont apprécié faire des pâtés de sous-titres, où tout le paragraphe entier est affiché (très sympa de paumé la ligne en plein milieu), ça n’est pas systématique, mais c’est bien trop régulier pour être souligné. Surtout quand on est en cinématique, où les sous-titres sont minuscules. Et par-dessus tout, le truc qui m'a fait revenir à la VF pendant mon premier run : certains passages ne sont pas sous-titrés, comme la télé, la radio, ou certains dialogues de PNJ. C’est gênant surtout quand certaines scènes du jeu se contente de regarder la télé (notamment à la fin du jeu), ce qui peut être problématique pour des anglophobes.
Et quant à la qualité de la VF, certains dialogues ont l'air assez bâclé, notamment ceux avec les personnages secondaires, et certaines voix ne correspondent pas du tout à la VO (comme Koller, personnage avec un bon gros accent tchèque dans la VO, mais aucune subtilité de ce genre dans la VF).
Level Design
Exactement le même problème que dans le premier, il y a des raccourcis un peu n'importe où, et en surabondance. N'importe quel objectif que vous devrez atteindre, il y aura forcément 46 000 endroits/passages possible pour l’atteindre. Notamment à cause des conduits d'aération qui mènent vraiment partout. Il y a même une mission, celle de la gare, où tu as juste à passer par la porte de derrière, avoir le masque à oxygène, empiler des caisses, et tu as déjà atteint l'objectif final de la mission. Je suis dubitatif quant à l'intérêt de ce genre de passage. Et surtout une fois que vous augmentez votre personnage (pour pouvoir péter des murs, pirater des accès), c'est la porte ouverte encore plus à n'importe quoi.
En soit, le principe d'avoir plusieurs chemins, ou d'upgrade son personnage pour libérer certaines voies a l'air sympa sur le papier, mais là c'est terriblement permissif, et l'infiltration véritable en pâtit, et on part sur une navigation de conduit en conduit, ça devient trop facile, et surtout, ça ne sert à rien. A part nous vendre de la fausse liberté d'action, qui n'est pas pertinente à ce niveau.
Techniquement
On a eu une magnifique maj day one de 4 Go, et d’autres de même taille arrivaient régulièrement, très sympa pour les petites connexions. Les chargements sont assez longs, notamment dans Prague, où la zone est plus grande, mais même s'ils peuvent s'avérer poussifs, ils ne m'ont pas gêné personnellement. De plus, des problèmes de collisions sont de retour, avec tout et n'importe quoi, comme au pif, des pizzas qui s'entrechoquent continuellement. La physique est assez étrange en général, et aussi avec les corps, qu’on peut trainer à la Hitman, corps qui aiment bien s’accrocher un peu partout. Beaucoup de maisons qui se ressemblent, avec la fameuse cave accessible par le même type d'escalier, avec juste le décor qui change, genre, OLALALA, ce n’est pas le même endroit.
On a aussi du clipping, notamment sur les grillages, mais c'est tellement subtil que je dois être le seul à l’avoir vu, mais il apparait pourtant de près. Dernier problème : on doit appuyer sur croix pour reprendre, sauf que c’est aussi le bouton de saut, alors parfois notre personnage saute au redémarrage de la sauvegarde, ça peut être dommageable si on se fait repérer.
Mode Breach
Petite nouveauté : le mode breach, proposant des missions virtuelles à la MGS. Certes très frustrant, mais surtout très sympa. La plupart du temps, c'est de l'infiltration, où le but est de pirater des tours. Cependant, difficulté très inégale, parfois tu peux faire une mission excessivement dure, et juste après, tu vas faire une mission tellement simple que tu ne comprends même pas l'intérêt de la faire. Cependant, quelques rares missions sont quand même assez barbantes, celles où il faut péter de l'ennemi, et ce sont véritablement celles-ci qui ont fait passer ce mode pour une honte, notamment quand ce sont des ennemis non neutralisables de façon clean, genre les gros bonhommes, les tourelles marchantes, ou les drones. Et ce qui est véritablement honteux, c'est le nombre de balle qu'il faut leur asséner pour les vaincre. Le principal problème, c’est que les munitions sont limitées, tout comme le nombre potentiel d'armes, et certains types de munitions ne réapparaissent pas entre deux tentatives, ce qui devient juste du foutage de gueule, et nous force à passer à la caisse, grâce à de magnifiques formules de micro-paiement, où on peut acheter des munitions, des armes, et tout autre chose fort sympathique. D'ailleurs les armes premium payantes n’ont de premium que le nom, et leur puissance est assez limité (bien sûr, je n'ai acheté cette arme que pour des fins purement critiques). Mais par exemple, les "boss" à la fin du mode breach, bien qu'étant assez effrayant à première vue, il suffit d'un peu d'ingéniosité pour les tuer rapidement. D'ailleurs, n'essayez même pas de trouver des walkthrough sur YouTube pour passer certains moments difficiles, il n'en existe étrangement pas. En général, il y a certaines map qui ont l'air très dur, mais le truc c'est de les recommencer, recommencer, par itération, en essayant chaque fois de faire mieux (le principe du die & retry en fait), d'utiliser un chemin optimisé en piratant le maximum de tourelle, et c'est assez gratifiant de réussir une fois ce dur labeur exécuté. Et pour le coup c'est vraiment de l'infiltration pure, les upgrades sont très chers, très peu de conduits, et même si le bourinage peut être passable dans certains cas, il est à éviter, car les ennemis nous tuent très vite, et il n'y a strictement aucun checkpoint. C'est donc beaucoup plus exigeant, et a fortiori plus frustrant, c'est peut-être pour ça que les gens n’ont pas aimé...
Conclusion
Bref, il est moins bon en tout point. Le gameplay n’a pas beaucoup évolué, bien que quelques améliorations anecdotiques, toujours les mêmes défauts en terme de Level Design, avec 36 000 manières d'atteindre son objectif, et même si on pourra me sortir le sacro-saint argument de la "liberté d'action et de possibilités", ça n'en reste pas moins de la facilité, et un jeu d'infiltration où il faut juste passer de conduit en conduit pour accomplir une mission, je ne trouve pas ça forcément gratifiant. Alors évidemment je caricature, mais beaucoup trop de niveaux sont faisable majoritairement comme ça, ce qui ne devrait pas être le cas.
En fait, il souffre surtout de la comparaison avec son grand frère, étant donné que l'évolution s'est fait dans le mauvais sens. On aurait dû les avoir dans le désordre, genre au début : Mankind Divided, et après Human Revolution, là on aurait vu une véritable évolution positive, étrangement.
Mais apparemment, cet opus ne serait qu'un prologue d'une trilogie, dont le second opus est déjà en développement depuis 2015, et c'est peut-être pour cela que cet opus en ressort bâclé. Mais pour le coup, l'histoire (et le reste) est drôlement mal introduite, donc je suis sceptique quant à l’avenir de cette licence.
Néanmoins, ne faisons pas les mauvaises langues, Mankind Divided reste un jeu solide, qui reste plaisant à parcourir, où le challenge n’est pas forcément inexistant, et même s’il souffre de défauts, ils étaient majoritairement déjà présents dans le précédent, ils sont juste plus accentués dans cet opus.