Pour une version avec une meilleure mise en page et illustrée, c'est par ici : https://cinemadepigalle.wordpress.com/2016/09/01/jai-fini-deus-ex-mankind-divided-et-jai-des-choses-a-dire/
Il est rare, aujourd’hui, d’avoir une suite qui n’a aucune ambition d’évolution vis à vis de son prédécesseur. Cette année, on a vu des Uncharted 4 et des Dark Souls 3 perfectionner leurs séries respectives, un Hitman redorer le blason de la saga et un Mirror’s Edge se vautrer lamentablement dans des idées incohérentes. Eh bien Mankind Divided, c’est Human Revolution mais en 2016. Un jeu qui malgré toutes ses qualités et ses défauts se contente d’être une suite sage, efficace. Du HUD, aux pouvoirs, en passant par les finish moves, le joueur a l’impression de jouer à un titre de 2011. Un excellent titre de 2011, mais le média ayant évolué durant ces 5 ans, l’impact est bien plus léger sur cet épisode.
Passé cet aspect déstabilisant et une succession d’introductions toutes relativement médiocres, le joueur est enfin libre de se balader dans la nouvelle ville de Prague version 2029. Cette ville est surement la plus grande réussite de MD, elle regorge de détails, de divers passages et d’une attention aux détails des plus plaisantes. A noter que visuellement, le jeu est plutôt très joli et réussit à varier les ambiances visuelles au sein de cette même ville sans pour autant briser la cohérence entre les zones. Les missions secondaires qu’on y trouve sont à la fois bien écrites et surtout très plaisantes. Plus plaisantes même que certaines quêtes principales, ces dernières étant plus restreintes et offrant moins de possibilités (sans jamais être mauvaises pour autant, attention). Notons d’ailleurs que contrairement à Human Revolution, ici, l’aventure se déroule principalement à Prague. Si le scénario principal nous envoie aussi dans d’autres régions, c’est juste le temps d’une quête dans une zone plus linéaire. Ceci étant, Prague est une ville plus grande et plus dense que Detroit et Hengsha dans Human Revolution.
Du coup, même jeu oblige, la redécouverte du level design réussi dans Human Revolution, l’est toujours ici. La construction un peu plus verticale qu'avant est un élément qui améliore grandement notre liberté d'approche. On ne se sent jamais bloqué, on teste sans jamais être frustré, on se fait avoir de façon inattendue, etc. On notera d’ailleurs la possibilité de faire entièrement le jeu sans tuer une seule fois. Un élément dont on commence à avoir l’habitude aujourd’hui mais qui fait tout de même plaisir. Et on peut éviter de tuer les boss, cette fois-ci. Les niveaux de Mankind Divided sont intelligents et savent mettre le joueur en valeur, quelle que soit sa façon de jouer. On se surprendra même à tester des combinaisons sans trop y croire et constater que le résultat est positif.
Quant à l’écriture, le résultat est en demi-teinte. Encore une fois, si les quêtes annexes sont bien écrites et offrent des situations variées aux joueurs (d’une enquête policière à un kidnapping en passant par la libération de deux prisonniers en période de couvre-feu), le scénario principal est assez prévisible et surtout ne va pas bien loin. J’aime toujours les thèmes abordés et l’ambiance crédible, même si elle manque de subtilité, mais l’histoire en elle-même est finalement peu convaincante. Les personnages secondaires ne sont pas marquants et on aimerait un vilain un peu plus intéressant. La faute aussi au dernier acte qui se conclue brutalement et maladroitement sur l’annonce d’une suite ou de dlcs. Terriblement frustrant.
Au final, Mankind Divided est un jeu convaincant et plaisant mais qui ne devrait pas rester dans les mémoires. Il ne se démarque jamais vraiment du précédent et constater que l’introduction ainsi que sa conclusion sont sabotés par l’annonce future de dlcs laisse au joueur un arrière-goût amère dans la bouche. Mankind Divided est donc une suite très sage, propre, mais sans éclair de génie. Il est divertissant pendant les 15-20 heures qu’on passera dessus, à profiter de la ville, de son level design, de sa direction artistique toujours inspirée et de son ambiance sonore efficace. C’est déjà ça.