Diablo Carotte

J'ai mis du temps avant d'en toucher un mot de celui-ci.

Faut dire que j'ai mis du temps à y jouer parce que j'ai mis du temps à attendre une promotion - enfin, une offre honnête - et que je suppose que le démarrage n'a pas eu le succès totalement escompté vu l'avalanche de propositions indécentes à coup de spam "Allez, essaie moi, je suis à moitié prix" et ceci juste quelques mois après la sortie.

Puis après, c'était la descente aux enfers.

Au sens propre vu que c'est encore un peu l'histoire de ce quatrième opus.

D'ailleurs commençons par là, l'histoire. Ils ont vu les choses en grand, ont voulu montrer qu'on pouvait avoir une véritable histoire dans un hack'n'slash avec une profondeur de personnages à la dichotomie fluctuante, un florilège d'implications diverses en fonction des factions rencontrées, une tension constante avec l'angoisse de défis impossibles et des moments d'intense émotions avec les personnages secondaires.

Bon, ben c'est raté.

Enfin, je salue l'effort, ils ont fait pour une fois quelque chose de différents avec une fin terriblement bien choisi pour un jeu qui se veut ouvert et en constante évolution. En revanche à vouloir trop en faire, marcher sur les pas des studios hollywoodiens, on en vient à quelque chose de très (très) mal rythmé, des incohérences et du pathos où l'on patauge.

Ceci dit, je ne m'arrête ici que sur l'histoire principale qui avait un démarrage intriguant et une dernière partie piétinée (je ne sais pas si c'était une erreur mais j'ai croisé Duriel dans un couloir sans aucune mise en situation comme un démon lambda, j'ai trouvé que c'était un petit manque de respect pour un gros ver dégueulasse) mais avec son lot d'effets.

Parce qu'en ce qui concerne les quêtes secondaires, il y a du mauvais comme du très bon et ça relève bien le niveau à tel point que j'ai préféré faire ces dernières en délaissant la quête principale.

Pour le reste, autant être honnête tout de suite, j'aime beaucoup ce Diablo 4, j'y joue encore et il est facilement aussi bien que son prédécesseur (même si pour le coup, l'ambiance et l'histoire était laaargement plus maîtrisé).

L'idée d'une carte unique dynamique avec plein d'événements, c'est excellent et ça fonctionne, le level scaling m'agaçait au départ et s'avère au final efficace et forcément nécessaire, il est d'ailleurs diablement réussi quand un camarade surprise vient vous aider et que les adversaires s'échauffent les sangs.

Chaque biome à son ambiance plutôt réussi, la jouabilité et la réactivité donne une belle dynamique au combat, les bruitages sont agréables et le travail sur la musique est vraiment sublime, je n'en attendais pas moins.

Oui, je n'en attendais pas moins d'une boîte qui a déjà trois opus très réussi derrière elle, qui s'est enrichi et d'expériences et de monnaies de façon amplement mérité dans son domaine, qui a un savoir-faire, un univers riche et tout simplement des compétences pour faire un jeu qui a de la gueule.

C'est pourquoi, quand on met autant de coeur à l'ouvrage pour faire un objet vidéoludique aussi léché, j'ai du mal à comprendre qu'on puisse autant bâcler les finitions.

Qu'on fasse le choix d'un petit arbre de compétences soit, il est cohérent et on ne veut pas aller sur le terrain de la complexité, qu'on propose une formule rafraîchissante d'arbre de parangon ok, qu'on intègre un petit peu d'artisanat et d'un système de récompenses aléatoires oui, oui, c'est bien, c'est sympathique... ce qui est dommage en revanche, c'est que tout est illisible.

Impossible de voir son arbre de compétences en entier.

Impossible de voir son arbre de paragon au complet (il y a sûrement le nom des noeuds marqué quelque part, je trouverais un jour).

Pas impossible de voir nos différentes monnaies MAIS pour ça il faut cliquer sur deux menus différents et scroller. à croire qu'ils ont mis des fioritures trop médiéval dark sur un fichier excel.

Impossible de voir le nombre d'heures jouées (enfin si en créant un compte sur un site non-officiel bien spécifique, ceci n'est pas une blague).

Impossible de voir les quêtes accomplies dans le journal.

Impossible d'avoir un journal de quête de toute façon.

Et ce problème de finitions, s'il est flagrant en matière d'interface, semble avoir des échos d'une manière autrement plus étrange dans la réalisation des quêtes principales et secondaires.

J'y reviens parce qu'on y trouve du bien comme du moyen (mais rarement de l'excellent ou du terriblement mauvais vous noterez) et il semblerait que là, il y ait du travail dans les belles cinématiques qui ont quand même fait la popularité de Blizzard mais en revanche, ça merdouille encore sur les finitions d'écritures, il ne faudra donc pas s'étonner d'assister régulièrement à des plan-fixes mal choisis se contentant parfois de champ contrechamp pour égayer un peu tout ça.

J'ai, par exemple, un "beau" souvenir d'un face à dos (c'est comme un face à face mais avec un dos) avec Inarius qui frôlait l'expérimental tant ça jouait avec les nerfs du joueur au vu de l'inutilité et de l'image et du récit.

Les dynamiques de quête ne sont pas en reste, au lieu de se contenter de quelques bulles textuels pour avancer ou pour l'accomplissement, certains passages sont un peu animés, volonté sans doute d'une meilleure immersion dans le plus fabuleux des action rpg, nous ne faisons plus qu'un avec le héros. Donc un petit clic par-ci pour remuer la tambouille, un petit clic par-là pour poser un objet et c'est parti...ah non, le pnj a aussi son rôle à jouer, son droit de parole, son MOMENT. Faut donc attendre qu'il se déplace, qu'il fasse son truc, qu'il surjoue sa scène et c'est long même quand c'est court.

Finalement en matière d'immersion, on est plus proche de la noyade.

Tout ceci peut s'apparenter à du pinaillage, ça en est faut bien le reconnaître et on peut même en étant de bonne foi, trouver quelques excuses approximativement valables.

Comme l'idée que le jeu soit vraiment pensé cross-plateforme à fond. Pour un joueur PC (les plus dignes donc), quelques éléments et aspects expliquent un peu ces finitions à la truelle et une envie de la compagnie de faire un hack'n'slash plus action-rpg consolesque avec une fiche de personnage sans interaction et une concentration sur compétences et bonus mais c'est mon explication à moi qui me permet de mieux digérer ce travail de merde.

Ceci suffirait-il à condamner un jeu au demeurant fort jouable avec son ambiance visuel et musical réussi ? Pas tout à fait, j'aurais même pu lui mettre une plus belle note en fait.

Malheureusement, j'ai cliqué sur d'autres boutons qui traînaient comme le vestiaire qui n'a aucune utilité dans le jeu autre que cosmétique, personnellement je suis ici pour défourailler de l'engeance diabolique pas pour me faire un remake des Sims en vacances chez Lucifer.

Et puis surtout la boutique.

Petit rappel du début de ce message, je suis radin, et imaginer d'autres joueurs ayant déboursé 70€ se retrouver avec un gros menu très travaillé dans le jeu pour en lâcher encore un peu plus, ça pique le fondement quelque part.

Avec beaucoup de cynisme, on peut sûrement constater ici que Blizzard ose encore et toujours.

En ajoutant les mécaniques financières d'un Free to play à un jeu payant, c'est une belle tentative dont, pour être honnête, ils ne sont pas les seuls à l'avoir mis en place.

Même si je déteste le principe, il est facile de s'en passer et de ne pas y faire attention encore que c'est encore un détail aussi désagréable qu'un moustique vu qu'il est plus facile d'y accéder à cette fameuse boutique qu'à, par exemple, nos différents modificateurs.

Bref, c'est un avis déjà beaucoup trop long pour son peu d'intérêt et son arrivée trop tardif sur un jeu bientôt déjà has-been tellement tout va vite de nos jours, où va-t-on ma bonne dame, je vous le demande, etc.

Mais ça m'a fait plaisir de coucher ça sur écran, une envie toute personnelle, j'aurais pu faire ça sur une feuille volante mais Sens Critique propose de le partager au monde alors j'en profite si vous aimer Diablo et les légumes.

Allez, bientôt Path of Exile 2.