Je ne suis pas un joueur hardcore, j'adore les jeux vidéos, mais sans pour autant en poncer des centaines et des centaines. J'aime cependant cet univers, dans lequel je suis plongé depuis petit, et je m'y intéresse pas mal, ce qui me permet tout de même de le connaître relativement bien, même en dehors de mes expériences vidéoludiques.
Je joue sur PC, sur PS4 chez moi, et sur n'importe quel support ailleurs, peu m'importe.
J'ai tout de même joué à pas mal de jeux, j'en ai adoré beaucoup, pour diverses raisons, et j'affectionne énormément le sentiment d'immersion que certains ont pu me procurer, que ce soit par la narration, la liberté de mouvement, l'immensité d'une map à parcourir... Et ce, même sur ma toute première Gameboy, ou j'avais le sentiment de me plonger entièrement dans un monde fascinant à découvrir, grâce au génial Pokemon Argent.
J'ai immédiatement été séduit dès lors que j'ai entendu parler de ce Disco Elysium, en découvrant son univers, sa direction artistique, son postulat basé sur du dialogue sans combats directs, etc... Comme une certitude que j'allais pouvoir parcourir quelque chose que je n'avais jamais encore trouvé, et qui me manquait sans même en avoir vraiment conscience.
Malheureusement, mon niveau d'anglais ne m'a permis que d'attendre avec une longue impatience la sortie d'une traduction française.
Ceci étant fait, j'ai pu lancer l'aventure, passer une demi-heure à bloquer pour répartir les points de compétences, et me plonger dans la vie décadente de ce flic se réveillant en caleçon après une sévère gueule de bois, sans se souvenir de qui il est, de ce qu'il fait là, et de ce qui s'est passé avant son réveil.
Je ne compte pas spoiler le jeu, qui se base donc sur l'exploration d'une map de taille moyenne (mais fourmillant de choses à faire, de personnages à rencontrer, d'expériences à vivre, et de cheminements différents afin de le parcourir), et sur la poursuite d'une enquête suite à un meurtre, que l'on appréhendera en fonction justement des compétences que l'on aura initialement attribuées à notre flic débauché.
Il sera également possible de l'inceptioniser, en plantant des graines d'idées en lui au fur et à mesure des dialogues, pouvant mener à des choses tout à fait loufoques, et l'ensemble du jeu peut se parcourir quels que soient les choix, et les échecs aux lancers de dés, qui ne génèrerons, pour la plupart, pas de game over, mais des voies différentes, ce qui rend ces échecs parfois plus fun que si les lancers avaient été réussis.
Forcément, en démarrant le jeu, enchanté par les possibilités offertes par notre punk de flic, je me suis amusé à faire n'importe quoi, je me suis tapé des fou-rires pas possibles devant certaines de mes actions immorales, et dans le même temps, plus j'avançais, plus j'étais plongé dans l'histoire, plus je fusionnais avec ce brave homme délabré. La direction artistique, la musique, les dialogues, tous les textes, nécessaires ou non à la progression de l'histoire, m'ont happés. Le background est incroyable. Oh bien sûr, j'ai continué à faire le con, mais je me sentais de plus en plus concerné par cette histoire, je lisais tout ce que je pouvais, et je n'arrivais plus à me contenter de faire uniquement des choix stupides.
Je pense que ce jeu m'a offert de ressentir le plus grand sentiment d'immersion que j'ai pu expérimenter dans ma vie de joueur. C'était chaque fois avec la plus grande réticence que je me forçais à quitter ma partie, et le mix entre certains choix douteux et d'autres plus sérieux m'a amené à vivre une aventure que j'ai vraiment eu l'impression d'impacter, de faire avancer de manière organique, jusqu'à atteindre son dénouement, rajoutant à la mélancolie ambiante la nostalgie du chemin parcouru depuis ce dur réveil dans une chambre d'hôtel ravagée.
Lors de la sortie de la version définitive, avec doublage vocal intégral, j'ai tenté de recommencer une partie avec d'autres attributs, en explorant d'autres voies, mais l'impression d'avoir vécu une première aventure parfaite, d'avoir fait corps avec le personnage, ses réussites, ses (parfois lamentables) échecs, d'avoir vécu quelque chose de fort, m'a empêché de m'y replonger entièrement et j'ai rapidement abandonné.
J'ai d'abord trouvé ça décevant, avant de me rendre compte que c'était au contraire une immense qualité, de tomber sur un jeu avec autant de ramifications, de manières de le parcourir, et pour autant de m'être senti en harmonie avec tous les choix faits, en restant impacté émotionnellement, et ce même de façon exponentielle.
Et tout cela est permis grâce à une écriture incroyable (et j'ai l'impression que le taf fait sur la trad est quasi parfait), une vraie richesse de l'univers qui nous est présenté, une direction artistique peu commune mais dotée d'une vraie personnalité (qui m'a personnellement conquis) et une bande son étrange, captivante, qui sublime le notre expérience.
Et dans quelques années, lorsque j'aurai bien digéré l'histoire, je prendrai de nouveau le chemin du Whirling, afin de reprendre en main la destinée de ce déchet en slip, avec le seul regret de ne pouvoir redécouvrir complètement le jeu une seconde fois afin de ressentir pleinement le plaisir grisant de le parcourir.