Pas dégueulasse voire souvent plaisant à jouer à condition de s'accommoder d'une narration et d'une ambiance totalement soporifiques, Dishonored souffre d'autres lourds défauts qui parviennent à rendre l'expérience particulièrement désagréable. Allez savoir pourquoi, alors que dès le départ on vous équipe d'une épée et d'un flingue, alors que l'on vous répète toutes les trois minutes que vous êtes un maître assassin et alors que des pastilles vous expliquent sans cesse comment bien défoncer la gueule des ennemis, le jeu vous rappelle à maintes occasion qu'il n'est pas très sain d'exterminer tout ce qui bouge. Non seulement à travers le discours de certains personnages qui reprochent ouvertement un comportement trop meurtrier, mais aussi par les objectifs de mission et succès, glorifiant de leur côté les actions discrètes et non létales.
Le problème, c'est que l'on se retrouve vite à ne plus être récompensé de rien du tout à moins de suivre une voie que le jeu n'encourage pas vraiment. On finit même par se demander si le studio n'a pas volontairement adopté cette attitude pousse au crime afin de laisser un profond sentiment de malaise à la fin de jeu. Difficile, au vu des heures passées à en explorer les niveaux, de ne pas se sentir insulté quand on nous reproche d'avoir semé un tas de cadavres sur notre chemin. Si les développeurs voulaient vraiment que le joueur adopte un comportement plus pacifique, pourquoi diable donner des pouvoirs permettant de faire instantanément disparaître un cadavre dans un nuage de cendres et autant l'inciter à utiliser la force ? Non, décidément, Dishonored est un peu trop schizophrène pour être totalement honnête.
Reste heureusement un intéressant potentiel de rejouabilité pour ceux qui voudraient jouer "comme il faut" et des niveaux bien foutus à la direction artistique irréprochable. En outre, les pouvoirs de Corvo donnent rapidement un très agréable sentiment de puissance, tout en ayant le travers de rendre rapidement le jeu extrêmement facile. Hélas, si la jouabilité est bonne, il n'en va pas de même d'une grande partie de la narration, horripilante parce qu'écrite via des extraits de bouquin dont on se lasse rapidement tant ils cassent le rythme de l'aventure. Bref, pour le dire bien comme il faut, Dishonored n'est pas un mauvais jeu, mais il n'en reste pas moins maladroit, et bien trop souvent ennuyeux.