Disney Universe par HarmonySly
En voyant le logo Eurocom s'afficher au lancement du jeu, on devine déjà que Disney Interactive n'a pas voulu trop se fouler avec son dernier titre. Le premier effet Kiss Cool, c'est l'impression de jouer à un jeu d'un autre temps. Pas graphiquement parlant, puisque de ce côté-là c'est correct, sans plus, mais plutôt face à des petits détails qui ne trompent pas : un écran de choix de la langue au démarrage, une absence quasi-totale de fonctions en ligne (le quasiment venant de la boutique de contenu téléchargeable, hé, il faudrait quand même entrer dans la modernité s'il y a du pognon en jeu), les profils Xbox Live qui sont remplacés par Player 1 ou Player 2 dans les menus, bon sang mais c'est bien sûr, je suis en train de jouer à un jeu PS2 !
Le deuxième effet Kiss Cool, c'est que ça manque un poil d'ambition tout de même. On sent bien que Disney comptait surfer sur les vagues Little Big Planet et Lego Machintrucs, mais à l'arrivée le jeu n'a rien à voir avec le premier (à part les personnages qui ressemblent à des sackboys et qui se déguisent, à la limite), et s'approche davantage d'une pâle copie des seconds. Les mécaniques de jeu sont similaires, quoique simplifiées à l'extrême à destination de nos chères petites têtes blondes : un bouton de saut, un bouton d'interaction, un bouton de combat, et des grosses flèches bien voyantes pour nous indiquer la moindre chose à faire dans chaque tableau. Dommage de partir sur une exécution aussi simpliste, mais en ayant pour cible une frange de la population même pas fichue de se moucher toute seule c'était sans doute un mal nécessaire. Le problème, c'est que si le jeu s'avère simpliste, il n'en est pas simple pour autant. On meurt régulièrement même, si si, après avoir raté une plate-forme à cause d'un mauvais angle de caméra, ou après avoir encaissé trois coups sans s'en rendre compte, par exemple.
Je suis méchant, mais le titre part sur de bonnes bases : l'idée d'avoir une espèce de Lego Disney jouable à quatre n'est pas désagréable en soi. Tout le reste cloche, par contre. Le principe des costumes n'apporte rien au gameplay, tout comme le fait qu'il faille les monter en niveau (pourquoi faire ?). Les mondes sont bien conçus, mais ne respectent pas la trame narrative des films (au mieux s'en adaptent-ils très librement), et pis encore, plutôt que d'en faire 12, le studio a préféré en faire 6 (inspirés de Wall-E, Monstres & Compagnie, Alice au Pays des Merveilles, Pirates des Caraïbes, Le Roi Lion, et Aladdin) à compléter deux fois histoire de tout débloquer. Déjà qu'on ne s'y amuse pas des masses la première fois...
Le jeu tourne à vide et laissera rapidement les plus vieux joueurs sur le carreau, alors qu'il y avait justement un coup à jouer sur ce public qui a grandi avec les héros Disney. Une fois le kawaii factor passé ("Hiiii Donald !"), le titre n'a que des gags affligeants, des mécaniques répétitives et du grinding abrutissant à proposer, de sorte qu'il sera difficile de l'apprécier très longtemps en ayant plus de 5 ans et demi. Reste le multi à 4 (uniquement en local malheureusement) qui a bien retenu ses leçons et propose une expérience plutôt fun à condition de ne pas en abuser, à base de coopération, de petits défis compétitifs, de gros bordel et de méchants coups de pute comme on les aime. On se rend d'autant plus compte de l'intérêt de ce mode alors que les mêmes niveaux paraissent incroyablement longs et fades en solo.
Du reste, même si le jeu part d'un principe intéressant, carton rouge aux développeurs pour s'être contentés du strict minimum. Un gamin ne se rendra sans doute pas compte de la supercherie, ce qui rend peut-être leur intention encore plus méprisable. Heureusement, techniquement c'est plutôt bon (quoique, pourquoi ne pas avoir mis des musiques sous licence, plutôt que de massacrer les superbes compositions originales ?), et le multi amusera un petit moment, mais ça ressemble quand même à un bon gros doigt d'honneur à l'intelligence du public.