Si les J-RPG au tour par tour ont eu leur heure de gloire dans les années 1990-2000, c'est bel et bien un genre qui tend à disparaitre au profit de jeux plus orientés action avec des combats en temps réel. A contrepied de cette tendance -pourtant adoptée par d'autres grandes sagas, à l'image de Final Fantasy-, la série Dragon Quest semble bien décidée à prouver que le old-school a toujours le vent en poupe.
Car côté old-school justement, Dragon Quest XI S : Les Combattants de la destinée assume pleinement l'héritage de sa licence et du genre en reprenant absolument tous les classiques qui ont fait son succès. On commence donc avec un scénario on ne peut plus clair : vous êtes l'Éclairé et vous devez sauver le monde. Fastoche. Pour vous aider dans votre quête, plusieurs compagnons viendront vous épauler au fur et à mesure, chacun avec leurs spécialités (soins, sorts offensifs, tank...) et de nombreux rebondissements viendront rythmer une histoire de près d'une soixante d'heures, sans compter les très (trop) nombreuses quêtes annexes que propose l'aventure. Du côté du système de combat, là encore, les habitués retrouveront leurs marques : le tour par tour est rôdé et efficace (même s'il manque d'une indication quant à l'ordre des tours, à la manière d'un FFX) et il est même possible de régler la totalité des personnages pour fonctionner en mode automatique, l'IA étant perfectible, surtout contre les boss, mais plutôt efficace le reste du temps.
Mais alors, si ce Dragon Quest XI fait tout ce qui a déjà été fait par d'autres, pourquoi s'en sort-il aussi bien ? Tout simplement parce qu'il a retenu les leçons de ses ainés et s'inspire des meilleurs dans toutes ses mécaniques. Les personnages bénéficient par exemple d'un arbre de compétences assez étendu, leur permettant de ne pas être cantonné à un seul rôle et de devenir polyvalents. Le monde à explorer, très vaste, copie les open-world et propose son lot d'objets à récolter, d'activités annexes (casino, courses de chevaux...) ou encore de quêtes à réaliser tout en variant les objectifs de ces dernières. De plus, la version Switch bénéficie d'un ajout de taille : celui de pouvoir faire toute l'aventure en mode 2D, à l'ancienne, ainsi que d'un paquet de quêtes complètement inédites (et optionnelles) et d'un boss supplémentaire qui mettra les nerfs des plus motivés à rude épreuve.
Finalement, et paradoxalement, c'est pourtant tout ce classicisme à l’extrême qu'on pourrait regretter et qui finit par desservir Dragon Quest XI. S'il se laisse suivre avec plaisir, le scénario ne fait par exemple preuve d'aucune originalité, ni dans ses retournements de situations ni dans ses personnages, et vient même casser le rythme avec un second acte parfois poussif. De la même manière, le mode 2D (pourtant véritable prouesse technique quand on pense qu'il y a presque 2 jeux en 1) est bourré des mauvaises habitudes des "vieux" J-RPG, entre une interface austère et le rythme des combats aléatoires complètement aberrant (impossible d'enchainer plus de 5 pas sans tomber sur ennemi !). Le constat est donc simple : si le jeu a repris de ses ainés ce qu'il se fai(sai)t de mieux, il en a aussi... repris les défauts.
A trop vouloir titiller la fibre nostalgique des joueurs, c'est donc une position délicate que tente d'assumer Dragon Quest XI S : Les Combattants de la Destinée. Ne boudons pas notre plaisir : le jeu reste un excellent représentant d'un genre qui tend malheureusement à disparaitre. Mais au-delà de ça, sans doute lui manque-t-il un grain de folie, le petit "plus" qui nous ferait tomber en pâmoison devant lui. Tant pi, la série ne semble pas prête à prendre le virage parfois périlleux du A-RPG et promet sans doute, avec un 12e épisode déjà annoncé, de continuer à faire vivre un genre culte du jeu vidéo.