Légendaire plateformer de la NES, à l'heure des remakes/portages HD dans tous les sens, il était normal de voir arriver ce Ducktales Remastered.
Et si techniquement (tant graphiquement que musicalement), le jeu tient aujourd'hui la route (avec son mélange de sprites de dessins-animés et ses décors pas dégueu), il reste difficile de cacher que c'était originellement un jeu 8 bits. Dans l'esprit et les mécaniques de jeu.
Déjà, le jeu est prodigieusement court, et sa durée de vie est basée sur le fait que le joueur meurt très vite et tombe facilement dans des pièges s'il ne connait pas le jeu. Du die&retry à l'ancienne (en particulier le dernier niveau, où la moindre erreur tue directement ce brave Picsou), mais pas que. La palette de mouvements du vieux gripsou est fort réduite, avec un saut, un coup de canne assez faible et le fameux rebond sur la canne, tellement utile qu'on finit par ne plus jouer que comme ça. Alors oui, ça répond bien, et le jeu est toujours juste dans ses sauts, pas d'inertie étrange/lunaire comme dans pas mal de plateformers actuels (LittleBigPlanet et des jeux indé, entre autres), mais le jeu peine à faire évoluer son gameplay, à l'éprouver. Les Super Mario sont également basés sur peu de mouvements différents, mais le level design pousse le joueur à les utiliser de différentes manières, et à en tirer la quintessence. Pas de ça dans Picsou, dont les niveaux parviennent à être trop longs intrinsèquement, et trop peu nombreux.
Parce qu'avec ses six mondes différents, chacun dotés de trois ennemis (qui se retrouvent dans d'autres niveaux) et des mêmes sempiternelles mécaniques de jeu (faire rebondir un truc sur un coffre pour que celui-ci tombe, des cordes/lianes/chaines à enchainer, des passages en wagonnet et TOUJOURS la même structure dans chacun des niveaux.
C'est-à-dire que Picsou arrive dans une contrée lointaine, et un prétexte scénaristique à la noix le forcera à récolter X machins dans le niveau avant de pouvoir parvenir au boss. Dans certains cas, c'est une formalité, tant les niveaux sont linéaires (et répétitifs, puisqu'ils ne parviennent plus sur la fin à proposer des phases de jeux nouvelles), dans d'autres (le château, la base lunaire), ça apporte une petite touche d'exploration plutôt sympathique.
Soit. Un autre souci, c'est que la difficulté est plutôt dégressive, puisqu'on peut trouver dans chaque monde un coeur de vie supplémentaire, et (puisqu'on peut choisir l'ordre dans lequel on traverse les niveaux), les derniers niveaux, quand on est bien garnis en coeurs, se révèlent assez simples, alors que j'avais personnellement galéré dans le premier monde avec le peu de vie fourni. Certes, le niveau final relève le tout, mais pas forcément de la meilleure manière, avec de nombreuses manières de perdre une vie si on ne connait pas le niveau (au lieu de perdre un simple coeur de vie). Du coup, la difficulté m'a semblé plutôt artificielle. Conséquence logique de l'époque à laquelle le jeu est sorti initialement, mais le lifting graphique dissimule assez mal l'âge des mécaniques du jeu.
Enfin, et c'est vraiment pour chipoter, j'étais plutôt déçu de ne pas avoir les voix françaises, tant le dessin-animé était emblématique et populaire dans nos contrées. Du coup, je n'ai pas trop été frappé par la nostalgie, alors que le jeu avait un potentiel énorme en la matière, avec ses petites missions scénarisées comme des épisodes de la série, et sa palanquée de personnages bien connus. Mais bon, quand j'entends ça : https://www.youtube.com/watch?v=OxSJr2xErUE dans ma tête je ne fredonne pas les mêmes paroles que le chanteur, et ça casse un peu le trip.
En conclusion, c'est un jeu de plate-forme solide et efficace, mais dont les mécaniques ont quelque peu rouillé. L'aventure se parcourt avec plaisir, mais par rapport à la pléthorique offre de plateformers 2D dont nous disposons aujourd'hui, je ne pense que pas que ce Ducktales Remastered ait pu se démarquer sans sa licence, ni le côté culte du jeu original. Survendu, mais efficace disons.