What ? Did you think I was gone forever ?
« 15 ans de développement pour cette merde ?! »
C’est en gros l’avis général sur ce fameux Duke Nukem Forever. D’ailleurs au moment où j’écris ces lignes sa moyenne sur Sens Critique est de 4.1, c’est pas fameux fameux. Mais bon c’est à croire que j’aime aller à l’encontre des avis généraux, car j’ai plutôt bien aimé cet épisode du Duke. Je tiens tout de même à préciser tout de suite que ça ne veut pas dire non plus que le jeu est grandiose, loin de là. Mais revenons d’abord rapidement sur son développement plus que chaotique.
En 1996 le jeu en est à ses débuts et il est prévu de tourner sur le moteur graphique de Quake II, sauf que dès 1998 il s’avère que ce-dernier est déjà dépassé visuellement. Du coup 3D Realms, les développeurs, partent sur l’Unreal Engine. Et là, c’est le drame ! La date de sortie se voit repoussée maintes et maintes fois et ce jusqu’en 2001. C’est à cette date qu’une nouvelle et magnifique bande-annonce fait surface lors du salon de l’E3. Le jeu promettait alors d’être incroyable et grandiose tellement cette bande-annonce était bluffante à l’époque (elle l’est toujours finalement). En 2003 le moteur graphique aurait encore été changé, cette fois pour celui de Doom 3. Courant 2007, 3D Realms sort sa première bande-annonce depuis 6 ans. Sauf qu’en 2009 c’est la fin du voyage, 3D Realms se casse la gueule et ce en grande partie à cause du Duke. Take Two l’éditeur décide de revendre les droits à Gearbox afin que le jeu soit enfin terminé.
Et du coup après 15 ans de développement infernal, Duke Nukem Forever sort enfin de son trou en juin 2001 (après avoir été repoussé d’un mois par Gearbox).
Malheureusement l’accueil est glacial, essentiellement à cause de graphismes vieillissants et un gameplay éculé, sans parler des nombreux bugs et divers problèmes techniques (essentiellement sur les consoles). Mais en même temps, franchement, comment pouvait-on s’attendre à autre chose ? C’était évident que le jeu allait être vieillot, 15 ans de développement c’est pas rien. De plus qui est assez idiot pour l’acheter sur console ? Sans déconner la saga a démarré sur PC et il ne devait pas sortir sur un autre support à la base. C’est une question de bon sens merde !
Mais bon finalement mis à part quelques défauts majoritairement corrigeables sur PC, l’aventure s’avère plutôt agréable et relativement longue. Ce qui est rare pour ce genre de jeux de nos jours, en général ils se terminent en 4 ou 5 heures grand maximum. Sans parler de la variété des niveaux. On passe de séquences de FPS classique où on tire sur quasiment tout ce qui bouge et qui n’a pas une paire atrocement énorme de nénés (sauf un boss en particulier). D’autres parties se font à bord d’un monster-truck à la taille démesurée dont la maniabilité est bien plus supportable que celle des véhicules dans Halo par exemple. Mais il faudra aussi passer par quelques phases de plate-formes rarement énervantes, ce qui est extrêmement rare dans un FPS. D’ailleurs l’un des niveau que j’ai le plus apprécié réduit Duke Nukem à la taille d’une petite souris, alors que l’on ère dans un faux McDonald’s (un Duke Burger, déjà présent dans l’épisode 3D).
Il y a tout de même une petite ombre au tableau. Avec cet épisode Forever on voit bien que 3D Realms a voulu moderniser le titre avec le temps et il aurait mieux valu se retenir. Du coup on doit subir certaines tares des FPS modernes. On se retrouve donc avec un inventaire limité à seulement 2 armes en mains. Je ne comprend pas du tout ce choix d’ailleurs. A la base le fait de ne pouvoir transporter que 2 armes à la fois venait d’un soucis de réalisme. Sauf que là on parle d’un jeu où on joue un croisement entre Arnold Schwarzenegger et Dolph Lundgren qui dézingue des hordes d’aliens venus enlever tous les femmes de la planète. Si pour vous c’est réaliste ça, je ne sais pas dans quel monde vit 3D Realms…mis à part les années 90. Heureusement l’une des mises à jour a doublé le nombre de flingues transportables.
Le second défaut et finalement le moins gênant des deux tares modernes, est lié au système de régénération automatique de la santé. Dites donc adieu aux différents packs et trousses de soins. Par contre, là où le Duke arrive étrangement à se démarquer, vient du principe que le héros possède un ego surdimensionné. Il est donc intéressant de voir la barre de santé remplacée par une barre d’ego, qui peut s’agrandir en réalisant certaines actions précises. Il suffira alors par exemple de battre un boss, de jouer au flipper, de soulever des haltères, de faire une photocopie de ses fesses, de tripoter une paire de nénés ou même de se faire faire une fellation pour que la barre s’agrandisse (et je parle bien de l’ego du Duke, pas d’autre chose…même si dans ce cas là les deux fonctionnent).
Ce qui me permet donc d’enchaîner sur le point fort du jeu, ce qui m’a donné le plus envie de persévérer et de le terminer jusqu’au bout, au lieu d’abandonner au bout d’une heure. C’est bien entendu grâce au Duke lui-même et surtout à son humour particulièrement con mais efficace. On oscille entre blague de cul et références à la pop-culture, moderne ou non. Le doubleur original, Jon St. John, est bien entendu de retour et ça fait toujours autant plaisir de l’entendre. Mais le doublage français n’a pour une fois pas trop de soucis à se faire, du moins pour le Duke. Car on a le droit à MONSIEUR Daniel Beretta ! Au choix c’est soit Jésus soit Arnold Schwarzenegger. Il s’agit sans hésiter de mon doubleur préféré, j’ai toujours un large sourire aux lèvres dès que je l’entend, c’est comme redevenir un gosse.
Au final Duke Nukem Forever est donc loin d’être le pire jeu de tous les temps comme certains aiment l’annoncer (un peu comme E.T. sur Atari 2600, c’est mauvais mais j’ai vu bien pire). Ce n’est pas un mauvais jeu mais d’un autre côté il n’est pas grandiose non plus. Je pense réellement que ses qualités font aisément oublier ses défauts. Alors oui l’attente a été bien trop longue pour un jeu aussi imparfait, oui il n’apporte absolument rien de nouveau. Mais le gunplay reste solide, l’humour ne tombe jamais à plat et la durée de vie est conséquente pour un FPS moderne.
Je pense franchement qu’il aurait fallu être plus indulgent lors de sa sortie, il était évident que le jeu ne serait pas à la hauteur des espérances. Mais en même temps, la Duke Nukem n’a jamais rien révolutionné. Les deux premiers jeux ressemblaient beaucoup à des titres comme Turrican et le troisième ne faisait que suivre ce que Doom avait imposé. Sans oublier les spin-offs sur consoles, qui adaptaient essentiellement au Duke le gameplay d’un certain Tomb Raider.
J’espère donc que Gearbox saura faire renaître Duke Nukem comme il se doit et que le prochain jeu ne mettra pas autant de temps pour sortir. Mais surtout que le jeu soit à la hauteur !