Dustforce
6.4
Dustforce

Jeu de Hitbox Team, Lifeformed et Digerati (2012PC)

Telle une science séculaire et accessible aux seuls initiés d'un entrainement complexe et de longue haleine, le balayage semble être un art martial que beaucoup d'entre vous semblent avoir oublié. Après avoir tenté l'expérience Dustforce, clairement, on ne voit plus la corvée du ménage du même œil. Surfant sur la vague des jeux indépendants aux thématiques variées et originales, voire parfois discutables, les Australiens d'Hitbox Team se permettent l'audace d'une thématique particulièrement originale sur un genre ludique qui demande patience et exigence.

Si Dustforce s'axe davantage sur un penchant environnemental et les bonnes manières, le tout avec le rendu d'une équipe de super-héros du balai et de la serpillière surentrainée... Il possède malgré tout nombre d'analogies avec Super Meat Boy. L'intransigeance et la précision dont doit faire preuve le joueur est ici encore à la frontière entre la délectation et la frustration. Les séquences à effectuer sont souvent très tendues, parfois au millimètre près. Si le jeu de la Team Meat axait plus son gameplay sur des phases courtes et fortement trash, Dustforce travaille davantage dans la voltige et l'élégance.

Poussés par une motivation un peu obscure, les quatre protagonistes de Dustforce ont pour mission de tout nettoyer. Bibliothèque, sous-sol, toits de maison ou forêts printanières... La matière ne manque pas. Le but du jeu est, en dehors de survivre tout au long de divers parcours, de nettoyer un maximum de crasse. Naturellement, le personnage passe automatiquement son accessoire avec une énergie et une maîtrise déconcertante. La présence de poussière sur des zones verticales ou des plafonds permet même aux héros de marcher temporairement sur ces parois dangereuses. L'accumulation de poussière ou de feuilles mortes, entre autres, permet d'accumuler des points, de rentrer dans un classement mais surtout de récupérer des clés pour atteindre d'autres zones.

Après une introduction explosive où l'on voit les quatre personnages jouables nous prouver que balayer devant sa porte ça peut se faire avec une classe indéniable, l'écran-titre fait croire à un scénario réel quoi que sommaire. La bande des Ninja nettoyeurs et des méchants pas beaux : un duel sans merci et... en fait, non, ça reste terriblement classique dans son ensemble. Cela étant dit, la qualité de level design et de l'exigence en fait un jeu d'une grande qualité mais il est vrai que l'on se serait attendu à plus d'extravagance vu l'originalité du soft. Le jeu s'apparente plus à un jeu d'arcade bien huilé qu'à un jeu d'immersion totale. Si le personnage peut sauter et doublement sauter, il peut surtout manipuler un accessoire de nettoyage comme personne. Prenez un Yamakasi avec une louchette de Bruce Lee et cela donnera une image plutôt réaliste du ressenti proposé par Dustforce. Chaque personnage, avec une variante propre lié à son outil/arme de prédilection, peut effectuer deux attaques. La plus faible permet, à plusieurs reprises, de débarrasser une pauvre bête de poussière ou de détritus. La seconde possède plus de puissance. Le binôme de touches permet, lui, et une fois une certaine jauge remplie, de faire une attaque dragonballesque. Les différents mouvements sont stylés mais peu nombreux. Ils ont néanmoins une utilité importante quant au tracé à réaliser pour atteindre la fin d'un niveau.

La bande-son, réalisée par un certain Terence/Lifeformed, est enivrante et accompagne admirablement bien les envolées martiales et spatiales des experts balayeurs. Le compositeur travaille souvent sur des sons en échos, des rotations de riffs qui s'emboîtent les uns dans les autres. Le tout est ponctué de son « 8-bits » et d'une certaine mélancolie. De façon dissociée ou associée, l'album du jeu est une pure merveille et joue pour beaucoup à la qualité générale de Dustforce.

La première production de Hitbox Team sort singulièrement du lot des jeux indépendants, aujourd'hui en pleine effervescence, en proposant un gameplay solide quoiqu'un peu répétitif. Son aspect « scoring » d'hardcore gamer en mal de défis le place clairement dans une niche vidéoludique que seule une partie d'entre vous/nous pourra déguster à sa juste valeur. On regrettera sans doute l'absence d'un mode online qui est rehaussé par un éditeur de niveaux excellent, qui, bien que cela devienne une sorte de récurrence, s'avère toujours le bienvenu.
Gaeru83
8
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Créée

le 7 mai 2012

Critique lue 365 fois

1 j'aime

Gaël Barzin

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