Une adaptation d'un passage de la Bible en jeu vidéo, avouez que ce n'est pas banal. C'est pourtant ce qu'est El Shaddai, et le moins qu'on puisse dire c'est que le résultat est des plus surprenant.

Ok j'avoue, le titre de ma critique est honteusement mensonger puisqu'il ne sera pas ici question de ce bon vieux Djizeusse mais d'un personnage un peu moins badass répondant au nom de Enoch. N'étant pas un grand fan du bouquin d'où c'est tiré, j'avoue ne pas connaître ce personnage ni même savoir si la trame scénaristique du jeu vidéo est fidèle ou non à l'histoire d'origine. Cependant, quelque chose me dit qu'on ne trouve pas de robot géant, de blue jeans, de téléphone portable, de saucisse ambulante cannibale ou de course poursuite en moto futuriste dans la Bible. Ou alors j'ai vraiment une fausse idée du truc. Mais c'est pourtant ce qu'on peut apercevoir dans El Shaddai, entre autre joyeusetés. Car l'ambiance de ce jeu, dans la plus pure tradition japonaise, est légèrement barrée.

Mais entrons donc dans le vif du sujet, parlons gameplay. El Shaddai est un beat'em all 3D plutôt classique, sauf qu'il n'utilise que la moitié des boutons de la manette. C'est fluide, c'est intuitif, mais ne me demandez pas pourquoi, les mecs qui ont fait le jeu se sont dit que quatre boutons c'était bien suffisant pour s'amuser. On se retrouve donc avec une touche pour attaquer, une touche pour sauter, une touche pour parer, une pour changer d'arme, le stick pour se déplacer et c'est tout. Démerdez-vous avec ça. Déjà si vous êtes un peu familier de ce genre de jeu vous avez compris qu'on va pas aller bien loin avec ce type de contrôles. Et pourtant y'a plein de bonnes idées dans El Shaddai. Par exemple, il n'y a pas d'interface graphique. On connait son état de santé grâce au niveau de délabrement de l'armure d'Enoch et ça marche pareil pour les ennemis. En gros quand on se retrouve en slip c'est qu'on est bientôt mort. Quand on se fait tuer, le jeu nous laisse une chance de ressusciter en appuyant sur tous les boutons (les quatre donc), bien que ça devienne de plus en plus difficile à réaliser après chaque tentative. La façon d'obtenir les armes ainsi que leur purification sont aussi des trouvailles plutôt originale et qui confèrent une certaine personnalité au système de combat. Mais alors pourquoi se limiter à trois armes dans tout le jeu ? D'accord elles sont très différentes entre elles (pour info on a une épée en forme d'arc qui fait des bruits de sabre laser, un cerceau qui lance des piquants magiques et un bouclier qui se transforme en gants de boxe en titane) mais déjà qu'on n'a qu'une seule touche pour attaquer et très peu de combos, c'est vraiment dommage de ne pas avoir droit à plus d'armes rigolotes. El Shaddai comporte aussi des phases de plateforme 2D très faciles qui n'ont pas grand intérêt autre que de nous faire voir de très jolis décors (on reviendra sur ce point), mais encore des phases de plateforme 3D qui sont quant à elles un véritable calvaire à jouer, la faute à une caméra souvent mal placée ou trop éloignée. Si on ajoute à ça une gestion des checkpoint hasardeuse, vous avez vite compris que le gameplay d'El Shaddai, c'est pas son point fort. Et un beat'em all avec un mauvais gameplay, c'est plutôt mal barré.

Pourtant El Shaddai n'est pas un mauvais jeu. Parce qu'il a une grande qualité que j'aurais du évoquer dès le début car ça saute aux yeux dès le premier abord : c'est sa direction artistique. A mi-chemin entre un vitrail médiéval et une estampe japonaise, à grands renforts de cel-shading, le style graphique de El Shaddai est une pure merveille. Personnellement je n'ai pas du tout adhéré au design des personnages (hormis celui de quelques boss plutôt impressionnants), mais j'ai été littéralement soufflé par les décors. Car si le jeu manque cruellement de variété niveau gameplay, on ne peut pas en dire autant des environnements qui sont très variés. Chacun des douze chapitres qui composent le jeu a sa propre identité visuelle et de nombreux plans sont absolument grandioses. Tantôt épurés à l'extrême, tantôt psychédéliques, certains tableaux ne feront certainement pas l'unanimité, mais on est forcé de s'incliner devant le travail qui a été fourni d'un point de vue graphique (et la musique n'est pas en reste). Pourtant techniquement, il n'y a rien d'exceptionnel. Mis à part l'utilisation de la technologie PhysX pour faire bouger les cheveux du personnage principal (no comment), on aurait très bien pu arriver à un résultat comparable sur PS2 (attention j'ai dit comparable, pas identique). Mais qu'importe la technique, El Shaddai est magnifique. Si vous êtes sensible à ce genre de parti pris visuel, il serait dommage de passer à côté de ce jeu.

Malgré son gameplay très limité, El Shaddai mérite d'être joué pour l'expérience visuelle qu'il procure, mais aussi pour les quelques originalités que j'ai évoqué plus haut. Le système de combat s'avère très vite répétitif mais il n'est pas totalement dénué de fun. Avec un petit effort sur le contenu, El Shaddai aurait put être un excellent jeu d'action. Et puis, si vous êtes amateur du genre, il serait dommage de faire le difficile en cette période de disette. L'année 2010 nous avait gâtés en excellents beat'em all 3D, mais en 2011 il faut avouer que l'on n'a pas eu grand chose à se mettre sous la dent jusqu'à présent.
Attichit
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le 13 sept. 2011

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