Aaaah Fear...souvenez-vous, en 2005 c’était un FPS original proposé à l’époque par Monolith Productions. Un jeu qui avait su nous foutre les chocottes grâce à une mise en scène soignée, des environnements clôts et sombres, ainsi que plein d’autres bonnes idées que j’invite ceux qui ne connaissent pas à découvrir.


C’est certain, cette licence a parcouru du chemin depuis ses débuts, dommage qu’elle se soit trompée de route avec un troisième titre moins bon que le second, lui-même déjà moins bon que le premier... FEAR 3, comme les Resident Evil, opte pour une formule du type "plus d'action, moins de frissons » à commencer déjà par le choix des environnements qui sont beaucoup moins claustro-phobiques, et pour cause : de nombreuses parties de l’aventure prennent place en extérieur (quartiers résidentiels, Favelas, centre-ville en ruines …). Les ennemis sont beaucoup plus nombreux et moins savamment cachés dans les coins sombres, (surtout lorsqu’il fait jour…) on est donc moins sur ses gardes et beaucoup plus généreux en plombs.


Day 1 Studio livre néanmoins un jeu d'action plaisant, jouissif même parfois dans les combats musclés qu'il propose. On s’éclate avec le "Bullet time", on grenade, on éparpille, on sulfate à tout va mais l'appréhension de ce qui se trouve derrière une porte, l'angoisse du long couloir, ne sont plus au rendez-vous. FEAR a perdu ce qui faisait sa singularité, à savoir : un dosage intelligent de Gun Fight, d’appréhension, de suspense, et d’horreur. Dorénavant seul l'affrontement subsiste dans un monde ravagé par cette bonne vielle Alma (antagoniste des FEAR 1 et 2) qui aura rarement été aussi peu inquiétante et même, si peu présente.


Dans ce 3eme volet, on incarne à nouveau Point Man, le héros du premier opus, qui, ici a autant de charisme qu’une aubergine, mais nous avons également la possibilité de jouer Paxton Fettel, le frère psychotique, maléfique et accessoirement décédé du héros (ouais rien que ça). Un mec qui porte toute la bienveillance et l’innocence du monde sur son visage jovial... Mais le fait d'incarner enfin ce personnage et de disposer de ses pouvoirs psychiques, même si ils sont cools (ondes de choc, possession de corps ennemis), ne justifie pas, à lui seul, de se retaper toute la boucherie une seconde fois (à moins de jouer en coop). L’aventure proposée est bien rythmée, les combats sont toujours aussi fun, on a plaisir à bousiller les troupes Replica : pas le temps de s'ennuyer, c'est certain, mais pas de quoi non plus vouloir s’y replonger avec l'autre perso.


Le Level Design n’a jamais été un point fort de cette licence, souvent redondant et banal, ce dernier volet ne fait pas exception, bien que m’ayant donné tout de même l’impression de varier d’avantage ses environnements (peut-être justement grâce à l’alternance plus marquée de décors intérieur/extérieur ?)


L'aspect "scorring" très présent, TROP présent à l’image, finit définitivement de nous sortir du registre "horreur" et de l'histoire elle-même d’ailleurs. Difficile en effet, de rester dans l’ambiance quand les succès inutiles viennent vous pourrir l’écran tels des spams (niveau frissons c’est assez moyen, j’ai beau avoir peur des chiffres depuis le cm1, là ça passe pas). En plus, ici tout est prétexte à score ou à succès : c’est à se demander si le seul fait de respirer ne rapporte pas des points dans ce jeu! Et puis si j’ai envie de voir mes stats et mes succès, je suis assez grand pour aller dans le menu concerné, j’ai pas besoin qu’on me l’impose ! Mais peut être arriverez-vous à passer outre toute cette pollution visuelle.


L’intrigue s’appuie évidement sur les évènements des FEAR 01 et 02 et se révèle à nous sans grande surprise ni frisson à travers des cinématiques moches et fades.


La prise en main est la même que pour les deux autres opus (mis à part l'ajout du système de couverture) on est donc sur des déplacements relativement fluides et agréables. Le challenge proposé est tout à fait honorable, l'IA légendaire des ennemis étant toujours au rendez-vous et c’est rien de le dire : Les petits bâtards se mettent à couvert, s’organisent, coordonnent leurs attaques, vous contournent et vous délogent à grands coups de grenades : c’est certain, vous n’avez pas fini d’en chier avec les Replica de ce FEAR 3, qui sont clairement une force de ce jeu. Ces unités d’élite ont d’ailleurs toujours suffit tant leur IA nous propose des faces à faces croustillants…mais visiblement pour Day One Studio il manquait quelque chose de frais dans le bestiaire de ce FEAR 3, quelque chose, d’innovant, d’inédit : des Zombies !!! Ça c’est original messieurs dames, c’est pas comme si on en bouffait déjà à toutes les sauces…des zombies, cons comme des manches à balai, qui se jettent sur vous sereinement et que vous explosez généreusement histoire de rajouter encore plus de bourrinage à un titre qui n’en avait décidément pas besoin. Mais bon, pour une licence comme celle-ci, une fois passé le cap des combats de meca et des lance-missiles, on était plus à quelques zombies près : quitte à violer l’âme d’un jeu, autant y aller fond non ? Et puis le zombie, les gens aiment bien, on sait que ça fera vende le jeu.


Un jeu qui se fait pourtant sans déplaisir, au contraire même, mais comme un repas au Macdonald, c’est une chose que l’on consomme puis qu’on oublie. Car je gage qui ne fera pas date dans votre mémoire de Gamer si jamais vous l’essayez.


Si comme moi, vous avez adoré FEAR, premier du nom, son savant dosage action/horreur, et son ambiance pesante, oubliez ce 3eme opus et passez votre chemin. En revanche, si vous cherchez un bon défouloir où répandre de la tripaille dans un monde apocalyptique, glauque et sale, FEAR 3 fera bien le taf (mais quand même moins bien qu'un Doom 3 faut pas déconner).
On regrette néanmoins d’avoir seulement entre les mains un titre sympatoche mais « standard » à l’atmosphère appauvrie.


En somme, faites le deuil de ce que vous connaissiez de FEAR (jusqu’à son nom) et résignez-vous à jouer à un FPS comme il en existe euuuh….des centaines ? Encore une licence initialement originale qui finit aseptisée et broyée dans une masse de jeux uniformes.


Pour la faire courte : FEAR est mort.

Carrhotus
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le 28 mai 2017

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