Je me souviens. C’était fin 1998.
Ça faisait un an que la N64 était sortie en France. Les fêtes de fin d’année étaient en train d’approcher. Et soudain ils déboulèrent tous d’un coup comme des flèches étincelantes.
Des jeux appelés à être mythiques qui sortaient à toute vitesse, à quelques jours d’intervalle.
Pensez donc Mario Golf en octobre. 1080° Snowboarding, WipEout 64 et surtout Donkey Kong 64 en novembre. Et Rare remettait ça le mois suivant avec Banjo-Kazooie ! …Lequel devait sortir en même temps que les très prometteurs South Park, Rogue Squadron, Turok 2 et surtout le gros mastodonte que tout le monde attendait…
…J’ai nommé The Legend of Zelda : Ocarina of Time.
Non mais comment vous voulez qu’un ado comme moi qui ait été bercé à la Super Nintendo et qui a attendu patiemment la N64 pendant que TOUS SES AUTRES POTES étaient en train de se régaler avec leur PS1 ou leur Saturn puisse gérer un flux d’émotion pareil ?!
Ah mais tu m’étonnes que dans la mélée je ne l’ai pas vu passer cet F Zero-X !
…En même temps comment le voir dans de telles conditions ?
Si rapide. Presque furtif. Masqué par la sortie le même mois que LE jeu de course futuriste de l’époque soit WipEout…
En fait ce jeu avait presque tout pour passer inaperçu – il est d’ailleurs passé inaperçu auprès de beaucoup de monde ! – et il s’en est fallu d’un rien pour que moi aussi il m’échappe…
Quelle tristesse ça aurait été tant aujourd’hui j’en fais une évidence : ce jeu est le meilleur jeu de course auquel j’ai jamais joué et cela même encore plus de vingt ans plus tard…
Mieux que ça, je pense que c’est même carrément le meilleur jeu de compétition sportive qui me soit passé entre les mains…
…De tous les temps.
Pourtant F-Zero X c’était loin d’être une évidence au départ.
Certes à cette époque-là j’aimais bien les jeux de course mais l’épisode F-Zero sorti sur SNES m’avait amusé sans plus.
Visuellement assez terne et dépouillé. Techniquement propre mais moins riche d’enjeu qu’un Super Mario Kart. Et puis un univers futuriste basique qui ne me parlait pas du tout…
Sympa sans plus. Circulez y’a rien à voir.
D’ailleurs quand j’en ai vu les premières images de cet F-Zero X avant sa sortie, je m’étais dit plus ou moins la même chose.
Futurisme plat. Univers dépouillés. Décors pauvres…
Surement sympas ces courses à plusieurs dizaines mais d’un autre côté – eh oh – moi aussi je peux t’afficher un compteur à 1200km/h pour dire que ça va vite… Sans référentiel visuel ça ne veut rien dire. « Argument marketing à la con ça ! Sans moi… »
Premier passage à toute vitesse de F-Zero X et j’ai laissé filé au loin …
…Sans regret.
Et puis le jeu est revenu. Une fois. Deux fois. Trois fois.
Le bougre faisait des tours de piste autour de moi jusqu’à ce que je le repère.
D’abord ce fut un pote qui l’avait acheté et chez qui on a fait quelques parties en multi.
« Ouais bon, je confirme c’est sympa. Distrayant. Mais bon voilà quoi, pas de quoi casser trois réacteurs à un Fire Stringway… (Et puis bon, c’est jamais moi qui gagne de toute façon…) »
Quelques mois plus tard ce même pote me propose qu’on échange des jeux. Je retrouve ainsi F-Zero X mais joue pour l’essentiel du temps à GoldenEye. L’un était sympa alors que l’autre était essentiel, donc le choix a été vite fait…
…Jusqu'à ce que je finisse par découvrir les joies de me faire laver la raie à l’eau de javel avec le niveau Complex et suite à ça j’ai voulu me consoler avec quelques parties solo de ce jeu de course futuriste dont je me souvenais qu’il était « simplement sympa »…
…Or déjà là, lors de cette deuxième rencontre, la donne commença à changer…
Etonnamment c’est en solo que le jeu dévoile le mieux ses cartes.
D’abord, à ma grande surprise, j’ai découvert un univers. Une esthétique comic-book. De la musique rock péchue. Puis trente vaisseaux. Trente gueules.
A côté des machines figuraient des têtes crayonnées à la manière d’une vieille BD. Captain Falcon. Dr. Stewart, Pico, Jody Sommer. Mighty Gazelle… Super-héros, scientifiques, extra-terrestres à tête de tortue, hommes-robots : un drôle d’univers cocasse et improbable. Pas grand-chose de plus derrière ça si ce n’était le fait qu’à chaque personnage était associé un véhicule et que chaque véhicule avait vraiment sa spécificité.
Le mashup est au fond classique – vitesse / adhérence / solidité – lesquels sont d’ailleurs explicitement affichés à l’écran : rien de nouveau donc. Par contre une fois sur la piste, l’usage de ces réglages a des conséquences vite palpables.
Longues lignes droites puis virages serrés. Resserrement. Tubes. Cônes. Loopings. Boucles. Bosses. Tremplins. Et tout ça avec trente concurrents qui fonçaient à la même vitesse que vous…
Un looping pris trop vite et ça pouvait être la sortie directe. Disqualified.
Un mur pris avec trop de vitesse et ça pouvait être l’arrêt brutal et tout le peloton qui nous doublait. Quinze places de perdues.
…Et pour peu qu’on se cognait un concurrent au moment de se relancer que ça pouvait avoir un effet flipper, juste avant l’explosion. Disqualified.
En fait, très rapidement, ce jeu nous fait comprendre qu’il y a plusieurs façons d’aborder un même problème. Gagner en adhérence pour éviter de glisser ou s’envoler. Gagner en solidité pour jouer des coudes dans les moments chahuteurs. Ou bien essayer de tracer le plus vite possible devant pour éviter la mélée et gagner au talent.
Bien évidemment chaque coupe multiplie les circuits de natures diverses (six différents pour une coupe) ce qui oblige forcément – quelque soit notre choix – à un moment donné à savoir jouer en dehors de nos points forts et prendre des risques… ou pas.
Car là où chaque course devient brusquement un vrai calcul de risque c’est quand on prend en considération le fait que la jauge de boost est aussi la jauge de résistance… Plus on bourre et plus on risque de faire zéro point. Mais ne pas bourrer c’est parfois se faire doubler pas six à huit bolides dans le dernier virage et se faire distancer par les concurrents directs au classement général.
Bref, à bien tout prendre, c’était finalement bien plus sympa que je me l’imaginais initialement que de jouer à ce F-Zero X...
Bien plus sympa mais pas de quoi me pousser à l’acheter non plus hein. Après tout j’avais vite fait le tour, alors autant valait mieux le rendre à son propriétaire…
Et puis c’est là qu’est survenu le troisième passage. Celui qui a tout changé.
…Et à bien tout considérer, tout ça n’a n’a tenu qu’à une simple histoire de « croix ».
Car oui, voyez-vous, il y a quatre coupes classiques et une coupe spéciale dans ce jeu (on en reparlera plus tard) et dans le menu au-dessus de chaque coupe, il y a l’emplacement pour quatre petites croix, une part niveau de difficulté.
Une petite croix verte pour une victoire en Novice.
Une petite croix bleue pour une victoire en Standard.
Une petite croix violette pour une victoire en Expert.
…Et sur la cartouche de mon pote il y avait l’espace pour une dernière petite croix mais celui-ci me certifiait que « ouais-c’est-bizarre-pourtant j’ai-déjà-gagné-une-fois-en-Master-mais-la-croix-s’est-pas-affichée-alors-j’étais-un-peu-blazé-du-coup-j’ai-pas-insisté-en-même-temps-c’est-tellement-chaud-en-Master-c’est-juste-insensé-j’vois-pas-l’intérêt-enfin-tu-vois-quoi-héhéhé… »
Alors je précise tout de suite une chose pour que vous compreniez ce qui m’a amené à vouloir pousser mon expérience de ce jeu un tout petit peu plus loin au point d’en faire aujourd’hui un de mes jeux cultes, c’est que le pote en question – que nous appelerons du nom de code T.R.I.K.O. afin que personne ne le reconnaisse (notamment d’éventuels potes d’enfance qui pourraient tomber sur cette critique) – ce gars là, à l’époque, ce n’était pas n’importe quel joueur.
T.R.I.K.O. c’était LE joueur. Il torchait tout. Il pliait tout le monde. A la fin c’était lui qui gagnait… POUR CHAQUE PUTAIN DE JEU.
(Et à chaque fois il faisait « ha ha » ! Scrrrgnnnhtrrikooo)
Ç’en était à un point où j’ai connu des mecs qui n’arrivaient même pas à reproduire ce qu’il était capable de faire, même en trichant avec des Action Replay. Ce mec était le gamer alpha de mon entourage. Et quand le gamer alpha de mon entourage me disait que le niveau Master c’était abusé, je savais par conséquence que le niveau Master c’était vraiment abusé.
D’ailleurs c’était à ce moment-là que j’avais fini par lui rendre son jeu : quand est venu le moment de jouer en Master.
J’ai fait quelques tentatives en pensant que je maitrisais bien le jeu sauf que non. A chaque fois je me faisais coloscoper le fion à 1 200 km/h.
Toujours le même scénario : je bourrais comme un porc, on me dépassait quand même, alors je boostais davantage, mais on me redépassait encore, alors je reboostais… Et cela jusqu’à ce que je n’ai plus d’énergie et que je crève comme un con.
Disqualified.
Je n’avais pas insisté. C’était impossible puisque de toute façon T.R.I.K.O. lui-même m’avait dit que c’était impossible. Enfin presque impossible parce qu’il y était quand-même arrivé une fois !
…Non parce que c’était juste que la croix elle s’affichait pas hein …
M’enfin…
Serait-il possible que…
Il fallait que j’y retourne.
Il fallait que j’y retourne juste pour vérifier cette foutue histoire de croix. Juste pour vérifier si – pour une fois – un jeu avait résisté à Über T.R.I.K.O. et si ce dernier avait préféré m’enfumer plutôt que de l’avouer.
C’est qu’il y avait l’espace pour une quatrième croix bordel !
Hiver 1999.
J’avais fini par ne plus penser à F-Zero X.
A cette époque-là j’espérais comme jamais Re-Volt, persuadé de revivre un Micro-Machines V3 sur N64.
Que dalle. Déception. Le jeu est une merde. Je le ramène le jour même au vendeur et lui demande si – « parkon’skoné » – il pourrait pas me faire un p’tit avoir pour un autre jeu.
« Pas de souci, mais je n’ai plus grand-chose en stock » m’a-t-il dit.
…Plus grand-chose peut-être… Mais F-Zero X était là. Dans son rayon. Neuf. J’entendais déjà les guitares endiablées raisonner dans mon esprit.
Putain de quatrième croix. On va voir si t’existe ou pas.
Hiver 1999. Le moment où j’ai enfin découvert ce qu’était VRAIMENT F-Zero X.
A lire pas mal d’avis ou à zieuter pas mal de notes de mes éclaireurs, pour beaucoup ce jeu était un jeu sympa, efficace, fun… Ce qui lui valait la plupart du temps un 7/10 ou un 8/10.
Des notes généreuses certes, mais des notes que je n’ai pas pu m’empêcher de voir comme étant celles de gens qui n’avait joué qu’au F-Zero X de base. Celui du mode multi. Celui des trois premiers modes de difficulté…
Un F-Zero X sympa certes… Mais un F-Zero X clairement en deça de ce qu’il est en mode Master.
Parce qu’en mode Master tout change.
La logique de jeu n’est plus du tout la même.
En gros, jusqu’en Expert, pour qui maitrisait plutôt les circuits et sa bécane, on pouvait gagner tranquille sans trop booster, sans trop cogner. Il y avait moyen de gérer le risque, de temporiser si nécessaire et de taper un peu dans la jauge d’énergie si jamais on était un peu en retard.
Rien de tout ça en Master. Il faut prendre des risques tout le temps. Saucer comme un bourrin. Optimiser sa barre au max parce que les IA sont au TAQUET.
Et en fait ce n’est pas que la concurrence soit impossible à battre, c’est juste qu’elle joue comme nous. Quand on la double en boostant, elle cherchera à booster pour nous rattraper. Alors il ne sert à rien de tout ruiner pour être en tête toute la course. Il faut juste savoir faire son top chrono dans son coin sans se soucier des flux et des reflux des autres vaisseaux….
…Sauf que, comme des flux et des reflux y’en a tout le temps – dans une course qui plus est menée tambour battant – voilà qu’on se retrouve avec un paquet d’aléatoire et d’obligations d’adaptation alors qu’on se fout en danger dans chaque virage.
Et c’est là que soudainement une fonction qui semblait secondaire dans les niveaux précédents s’est soudainement révélée centrale dans notre partie. La possibilité de DETRUUIRE l’ennemi.
Bah oui, parce qu’en effet, dans F-Zero X si on s’y prend bien, on peut exploser un adversaire. C’est très technique parce que dans les faits il faut vraiment être capable de déclencher un mini-champ de protection autour de son vaisseau au bon moment – ce champ n'apparaissant qu’en cas de manœuvre serrée et au prix d’un léger déport du vaisseau – mais un champ de protection qui peut faire changer le cours d’une course.
Savoir balourder au bon moment un concurrent direct dans les rambardes électriques c’est le meilleur moyen de le voir partir comme une balle de pistolet dans un jeu de quilles… Et se voir gratifié d’un petit bonus d’énergie.
Clairement, en mode Master, le jeu pousse au combat.
L’IA est trop percutante pour qu’on puisse espérer ne l’avoir qu’à la loyale (On peut hein… Mais il faut un certain kilométrage au compteur ! ^^) Du coup on passe son temps à regarder les vignettes présentes sur la gauche de l’écran – ces mêmes vignettes que celles du menu de présentation – et on scrute l’ennemi.
On connait le classement par cœur. On sait que ça peut très vite évoluer. Certains visages deviennent des sources de cauchemar…
…Et quand soudain dans une manœuvre on repère le vaisseau de sa nemesis au loin, une question se pose immédiatement. Est-ce que j’ose ? Est-ce que je prends le risque ?
Se louper totalement c’est pleurer. C’est un disqualified dans la face et potentiellement 100 pts de retard à la ligne d’arrivée.
Tuer l’ennemi et se tuer au passage c’est d’abord croire qu’on s’en sort pas si mal et c’est soudain prendre en considération qu’il y a 28 autres concurrents morts de faim dans le classement.
Tuer sans mourir, et finir parmi les premiers… Ça par contre… En termes de sensation… Ça, ça n’a pas de prix.
Et j’ai fini par la gagner ma Jack Cup en Master.
…Et une petite croix noire est apparue au niveau du dernier emplacement disponible.
(Sacré T.R.I.K.O… Je me souviens de ton « hin hin… » quand je t’ai révélé qu’étonnamment, sur ma cartouche, les croix noires s’affichaient bien.)
Oui, LES croix… Parce que la Jack Cup ne fut que la première étape.
Ensuite j’ai enchainé la Queen Cup, la King Cup, la Joker Cup… Et puis enfin – la reine des reines – la X Cup.
La X-Cup, c’est tout simplement la compète qui fait rentrer ce jeu dans des niveaux stratosphériques.
Six courses de circuits générés ALÉATOIREMENT.
Non seulement ça offre des possibilités de jeu infini, mais surtout ça offre un défi ultime car IMPOSSIBLE de connaître le circuit à l’avance.
Il faut tracer et observer au loin les virages à venir. Des fois ça passe. Des fois ça casse.
Mais ce qui est génial c’est que l’IA est tellement remarquablement paramétrée que pour elle aussi parfois c’est de la grosse prise de risques.
Certaines courses finissent à seulement douze, huit ou six concurrents… Sur trente partants. Quelques rares fois le circuit était tellement dur que j’ai gagné à mi-parcours du second tour parce qu’il fallait piler à mort après un tremplin pour espérer retomber sur la piste.
Je réussissais in extremis. Je voyais ensuite les autres concurrents tomber par dizaines.
Fin de course.
WINNER.
Mighty Gazelle : 100pts. Tous les autres : RETIRED.
Car oui, moi je jouais avec Mighty Gazelle. J’ai tout gagné avec son Red Gazelle.
Et puis j’ai tenté avec Captain Falcon. Et puis Samurai Goroh. Et puis tout le monde.
J’ai tout fait avec tous les vaisseaux. Et je ne me suis jamais lassé.
Et si je ne me suis jamais lassé c’est parce que je me suis rendu compte qu’en Master, F-Zero X cumulait toutes les qualités de tous les jeux de course que j’ai pu adorer avant lui.
Il est rapide, tendu et ultra-technique comme un jeu de formule 1. Stratégique aussi, obligeant à gérer l’énergie et les écarts sur les bandes de recharge comme un pilote de F1 gère le poids de sa voiture et les arrêts au stand…
…Mais en parallèle de ça il est riche de combats et d’imprévu contre des personnages hauts en couleur et qu’on finit par associer à des moments de course, des rivalités… Comme un grand épisode de Mario Kart.
…Et puis il a aussi son côté roots comme un jeu de rallye, notamment quand il s’agit de s’engager sur des circuits inconnus dont on ne sera pas ce qu’il en ressortira.
Autant dire que ce jeu je l’ai poncé jusqu’à la moelle…
…Et c’est peut-être le seul jeu où – à un moment donné – je me sentais totalement imbattable. (Même par T.R.I.K.O. …HA ! …HA !)
F-Zero X ça a fini par devenir MON jeu de la N64. Celui auquel je jouais tout le temps pour paufiner mon art jusqu’à l’extrême, et cela jusqu’à ce que je passe au GameCube.
Depuis, je n’ai jamais retrouvé ça.
Je ne l’ai certainement pas retrouvé dans F-Zero GX dont les choix de gameplay m’ont amèrement deçus.
Je ne l’ai pas retrouvé dans aucun autre jeu de F1 ou Mario Kart.
...Si bien que, de temps en temps, il m’est arrivé parfois d’excaver la N64 juste pour m’y refroter, manger dans un premier temps, puis réapprendre… Et enfin retrouver les sensations. Retrouver le frisson.
Ça va être très con ce que je vais dire mais ce jeu est le seul qui m’ait refilé la sensation d’avoir été vraiment le pilote de quelque-chose au moins une fois dans ma vie.
Moi qui déteste les bagnoles et qui les perçoit comme des engins de mort ; qui ai toujours conduit comme un papy jusqu’à prendre le parti de ne plus conduire du tout, j’ai eu avec F-Zero-X cette impression de maitrise, de vitesse et d’instant de suspension dans ce jeu…
Et quand j’entendais des pilotes qui parlaient de cette jouissance de la vitesse – de ce moment de suspension quand soudain on se sent au sommet de sa technique – après F-Zero X j’écoutais ça en souriant et en grommelant tel le vieux briscard que je n’étais pas : « Ouais j’vois ce que tu veux dire p’tit. »
Enfin quand même quoi…
Un jeu a reussi à me refiler une impression aussi forte que celle-là… Une impression totalement déconnectée de mon vécu et que je n’aurais certainement jamais pu ressentir autrement que par ce média là.
Ce genre de sensation là – pour moi – c’est clairement le propre des chefs d’œuvre ; ces pièces uniques avec lesquelles il s’est passé – à un moment donné de notre vie – quelque-chose de particulier.
Quelque-chose d’unique.
Alors oui, j’ai parfaitement conscience qu’en disant cela, beaucoup d’anciens qui auront joué à ce jeu ne se reconnaitront pas dans ce que je viens de dire.
Peut-être qu’eux, quand ils ont parcouru ce F-Zero X, ils se sont simplement contentés du premier tour de piste sympa sans pousser.
A moins que peut-être que pour eux la Master ça n’a pas été si dur que ça et que c’était juste T.R.I.K.O. qui – pour une fois – venait de tomber sur sa cryptonite à lui et que ça m’a permis de me monter mon film tout seul dans mon coin…
…Mais je m’en fous. Le résultat est là.
Le chef d’œuvre est passé à toute vitesse et j’ai eu la chance de le voir, de monter dedans et de vivre le grand frisson.
Or, est-ce que ce n’est pas ça qu’on attend à chaque fois qu’on se confronte à de l'art ?