Au cours d'une chasse au trésor, un frère et une sœur tous deux orphelins libèrent par miracle le maléfique Xankulos (oui le mec s'appelle vraiment comme ça !) ainsi que Willow, le sorcier qui l'avait jadis enfermé... Problème, papy Willow est un peu gâteaux ! C'est donc le duo de jeunes héros qui va devoir arpenter le monde à la recherche de la Pierre du Pouvoir, la seule capable d'arrêter le méchant. Pierre située on ne sait où, dans un des nombreux coffres du vieux !
Un scénario-prétexte, des gros pixels, des musiques rétro sur 6 canaux, du bon vieux défilement horizontal et vertical avec des plateformes : non, la NES et la Megadrive n'ont pas ressuscité, nous sommes bel et bien face à une production récente qui s'avère être un beau petit hommage pas prétentieux pour deux sous à cette époque où les Mario, Sonic et Mega Man régnaient en maîtres sur la galaxie vidéoludique. Le jeu est d'ailleurs un platformer très similaire à Mega Man, avec la possibilité d'attaquer à gauche ou à droite dans des tableaux qui exigent autant de dextérité pour sauter que pour éviter les attaques et bien les placer. Au cours de l'aventure, il sera possible d'incarner plusieurs personnages qui ont tous leurs spécificités : les uns ont des attaques à distance, les autres sont plus rapides, d'autres encore peuvent rebondir sur les murs... En plus des attaques traditionnelles, le joueur dispose aussi de plusieurs armes secondaires/compétences magiques qui sont plus ou moins utiles sur certains ennemis en fonction de leur utilisation (une mécanique un peu similaire à ce qu'on a dans Castlevania, avec l'eau bénite, les haches et tout le toutim).
La prise en main, c'est la première bonne surprise du soft. Les commandes répondent bien, c'est fluide et dynamique... Pas d'éléments du premier plan indiscernables des éléments du fond, de hitboxes hasardeuses et autres éléments qui rendaient certains classiques assez brouillons. La difficulté de Fallen Leaf est en outre équilibrée, alternant niveaux abordables et passages quand même assez ardus. Les plus jeunes peuvent se rassurer, néanmoins, on n'a pas affaire à un truc sadique genre Ghosts'n'Goblins. Il n'y a aucune vie et la seule punition quand on meurt, c'est de recommencer au dernier tableau (même pas au dernier niveau). Voilà sans doute une différence majeure avec les vieux titres qu'il émule.
Autre point sympa, l'univers : coloré, très inventif, un peu barré, où on peut rencontrer un chat musicien, des anges avec la dégaine d'adolescentes américaines, des dinosaures qui parlent, bref, une vraie ménagerie. Il est possible d'interagir avec ces charmants PNJ en leur donnant les objets dont ils ont besoin pour recevoir diverses récompenses, notamment des fragments de coeur (The Legend of Leaf !). Ce côté humour saupoudré d'une pointe de tendresse m'a un peu rappelé la série Mother.
Mais il a des points faibles, ce jeu ? Oui, la durée de vie ; pas trop courte, au contraire, un peu trop longue ! Il y aurait eu moitié moins de niveaux que ça n'aurait pas été dérangeant. À la force, on se lasse un petit peu, même si le jeu est globalement très fun. Sinon, que dire ? Bah que Fallen Leaf, c'est chiant parfois, mais chiant à la manière de ces vieux platformers qui demandaient de bien connaître un niveau pour traverser ses périls avec le bon timing sans se planter comme une grosse buse. Chiant au bon sens du terme, quoi, car je préfère perdre des vies dans un challenge honorable que d'en perdre à cause d'un bug ou d'une mécanique de jeu qui se veut complexe mais qui ne réussit qu'à être mal foutue.
En résumé, oui il est vraiment sympa ce jeu ; déjà parce qu'il est satisfaisant sur la forme comme sur le fond, ensuite parce qu'il cultive la nostalgie d'un âge cher au cœur des joueurs en réussissant à faire des choses originales. Le jeu indé en a encore sous le capot ! Car on pourrait se dire que ouais, d'accord, ils sont bien gentils Delta Shore Games, mais faire ça en 2024, c'est facile quand même, maintenant que les pionniers du JV (devenus des classiques depuis) ont montré la voie ; seulement, Fallen Leaf n'est ni un plagiat sans âme ni un pot-pourri de vieux jeux recyclés, mais bel et bien un titre à part entière. Si on ajoute que c'est une équipe de trois personnes seulement qui est derrière, bah on ne peut que s'incliner et dire : « respect les gars ! »