Jeu vidéo a été touché pour 1997 PI et s'écroule, telle une loque. Bonne nuit, petit garçon.
Ça m’amuse toujours de me rappeler que j’ai découvert l’existence de Fallout à l’époque où je cherchais à acheter Baldur’s Gate, pour finalement ne trouver qu’une boîte regroupant ces deux jeux, et que je ne l’aurais probablement essayé que bien plus tard si je n’avais pas ouvert ce magnifique guide de survie post-nucléaire garni d’illustrations curieuses et décrivant un monde futuriste violent et tourmenté. Je ne pense pas que Baldur’s Gate soit un mauvais jeu, mais…
Quel choc…
Après un voyage au cœur de Faerün, on peut dire que la différence de ton s’est vite faite ressentir, depuis cette magnifique cinématique décrivant des événements du passé puis enchaînant sur les causes du déclenchement de la troisième guerre mondiale, de la voix envoûtante de Ron Pearlman accompagnée de la bande son oppressante de Mark Morgan, jusqu’à l’écran de jeu, précédé par une autre cinématique introduisant notre rôle et notre mission. Nous incarnons donc un habitant d’un abri antiatomique ayant perdu à la courte paille, et l’espoir de nos congénères repose sur notre capacité à mettre la main sur une puce d’épuration de l’eau en étant quasiment jeté dehors, avec très peu d’indices et d’équipement.
« Débrouille-toi » constitue le fil rouge de l’histoire. En soit, la mission principale n’est pas très longue. L’intérêt principal de l’aventure repose énormément sur l’exploration et l’enquête, avec un nombre important de lieux secondaires à explorer et de villes à visiter, et une narration assez basique, nourrie par les dialogues avec les différents personnages que l’on croise. L’absence de cinématiques et de récapitulatifs réguliers peut donc surprendre, mais c’est aussi un bon moyen d’inciter le joueur à imaginer sa propre histoire tout en favorisant l’exploration et la réflexion.
L’univers de Fallout est riche, sombre, dévasté par les radiations et les mutations, et peuplé par des habitants à la personnalité bien trempée où cynisme, violence et perversion imprègnent ce monde dans lequel une poignée tente de s’en sortir en retrouvant le chemin vers la civilisation tandis que d’autres cherchent à les dominer. Cette ambiance est d’autant plus réussie que la bande son qui l’accompagne, assez éloignée des canons de l’époque comme d’aujourd’hui et retranscrivant une atmosphère en utilisant des sons « naturels » : celui du vent et du vide, des sirènes, de portes et de mécanismes qui s’activent, des chants de guerre tribaux… Tout simplement superbe.
Un autre point m’ayant énormément marqué concerne le système de jeu, qu’il s’agisse du curseur à trois modes d’utilisation pour examiner, activer ou appliquer un objet ou une compétence sur un élément du décor, du système de combat, permettant littéralement de mutiler un adversaire, avec des animations de mort gores et brutales et des messages acides, hilarants et mémorables dans le journal de combat, ou encore son système de dialogues riche et étendu (et permettant même d’utiliser des mots-clés), la fameuse feuille de personnage, ou la présence centrale des drogues.
D’une manière générale, Fallout est un titre ayant énormément favorisé l’exploration et la recherche, qu’il s’agisse de parcourir une carte, ou de chercher un élément caché dans le décor. Il fait partie de ces titres pionniers possédant un univers riche, un scénario non linéaire et une identité forte, avec un antagoniste réussi et une fin particulièrement marquante, aussi logique qu’ingrate.