T'as pas vu mon gourdin ?

Aaaah, Far Cry ... une franchise qui oscille régulièrement entre le WHAOU et le MEH ...

Le premier épisode (développé par le studio derrière quelques uns des jeux les plus joliment vides de ces dernières années) était loin d'être une réussite, sans pour autant être un échec retentissant.
Far Cry 2 (vous m'excuserez si je passe sous silence les portages consoles/fausses suites/remakes à la con du premier opus, ridicules tout au plus), lui, fut un succès critique à sa sortie ... cependant, le fantôme de Crytek hantant encore la série, le manque de contenu et les mauvaises idées de game design poussèrent les joueurs à le bouder au bout d'un certain temps.
C'est quatre ans plus tard que Far Cry 3 verra le jour. Grande réussite critique (les développeurs ayant appris de leurs erreurs, ils nous livrèrent un très bon FPS en open-world, sans grande ombre au tableau), et surtout commerciale, Ubisoft réalisa le potentiel pécunier de sa licence récemment réssusitée (pour la seconde fois). Bien déterminé à ne pas laisser passer cette opportunité, Ubi nous gâte quelques mois plus tard d'une extension standalone totalement déjantée, Blood Dragon.
Il était clair que le filon Far Cry allait continuer à être exploité jusqu'à épuisement. Un an plus tard, c'est au tour du quatrième épisode de voir le jour, il connaitra un succès commercial toujours aussi important, mais un succès critique bien plus mitigé. Certes, la formule Far Cry fonctionne toujours, mais le faible nombre de changements entre le 3 et 4 laissa dubitatif.
Aujourd'hui, c'est au tour de Far Cry Primal de passer sur le grill.

Il est vrai que le contexte et l'univers de Primal est une bouffée d'air frais dans ce monde pollué par les FPS contemporains/futuristes qui pullulent depuis le premier Modern Warfare, cependant, l'emballage peine à faire oublier le cadeau empoisonné qu'est ce dernier Far Cry.

Il est rare qu'une pilule si grosse soit aussi facilement avalée. Ubisoft a encore réussi son coup en nous pondant une nouvelle fois un Far Cry 3 bis. Les similitudes entre Primal, FC3 et FC4 sont si grosses, que les réactions des joueurs peuvent aisément surprendre.
Quiconque se tenant au courant et étant familier avec le monde vidéo ludique sait qu'Ubisoft a écopé depuis quelques années, d'une jolie cible peinte en rouge sur le postérieur.
Nouveaux satans de l'industrie, les frères Guillemot sont passés de coqueluches à têtes de turc en à peine 3 ans. Dieu sait que les réactions des gamers sont toujours calculées, proportionnées et justifiées ... sachant cela, il est impressionnant de constater que l'éditeur Breton est autant mal aimé, que le studio Polonais CD Project est glorifié (c'est pas rien).
Vous comprendrez donc qu'il est surprenant que l'accueil des joueurs envers Primal soit si positif. Il suffit de regarder la moyenne SC pour comprendre que la poudre dans les yeux des gamers se doit d'être de la cocainum.

C'est là que normalement vous allez me dire : "Eh mais FDP de pute, pourquoi tu dis que c'est un copier-coller, y'a pas de fusils et y'a pas de voitures, c'est totalement différent".
Et là à moi de répondre que déjà, ça sert à rien de parler devant votre écran comme un con, j'vous entend pas et qu'ensuite, vous avez raison, c'est différent. C'est même moins bien.

Les Far Cry n'ont jamais été des jeux subtils, l'IA ayant des trous béants à la place des yeux, la discrétion était constamment synonyme de victoire, et l'action manquait sans aucun doute de finesse. Heureusement, maintenant c'est différent, c'est pire, quand avant on avait le choix des armes, entre fusil d'assaut, pistolet, mitraillette, fusil de sniper, shotgun etc ... maintenant on a le choix entre un gourdin, un gourdin à deux main, un arc, un arc qui tire deux flèches et une lance.
Autant dire que le peu de subtilité et de tactique qui était présente dans les précédents opus s'est fait défoncer la gueule à coups de bâton. Le jeu est plus bourrin et répétitif que jamais.

Et ce ne sont pas les animaux à apprivoiser qui changeront la donne. Exemple typique d'une super idée mal employée, les familiers sont très nombreux ... et très identiques aussi. Un loup, un ours, et un ratel auront donc tous la même façon de se battre, en fonçant sur les ennemis et en leurs enlevant plus ou moins de dégâts suivant la bête. Ce côté Pokemon n'ajoute donc aucune substance ou aspect tactique au tout. Puisque de toutes façons, ils fonctionnent tous de la même manière. La technique pour apprivoiser ces bêtes aussi et plutôt décevante, enfin, sauf si maintenir une touche enfoncée pendant 5 seconde semble être un challenge pour vous.
Le reste de la faune n'est pas en reste. Vous vous souvenez des éléphants de FC4 qu'on pouvait chevaucher ? Bah maintenant ils ont des poils, mais sinon c'est identiques. Vous vous souvenez des tigres de FC3 ? Bah maintenant ils ont des grandes dents, sinon c'est pareil. Vous vous souvenez des rhinos ? Bah ils ont pas changés. Les léopards, loups, cochons etc ... toujours les mêmes. Alors certes, un animal reste un animal ... mais bon, ça aurait vraiment été difficile de diversifier un peu l'offre, de ne pas se contenter de faire des copier-coller dans les lignes de codes ? De faire évoluer cette IA toujours aussi stupide ?

Mais la plus belle supercherie reste le level design du jeu. La map elle-même est un simple recyclage de celle de FC4, en plus d'être simpliste et peu intéressante.
Mais qu'en est-il du village du héros à retaper ? Déjà vu dans le 4. Du craft ? Toujours aussi pauvre qu'avant. Des missions secondaires ? Toujours aussi inintéressantes. De l'histoire ? On s'en fout toujours autant.

Mais que reste-t-il alors ? Est-ce que tout est à jeter ?

Bien sûr que non. Primal a aussi des qualités indéniables. Déjà, le jeu est magnifique, et l'ambiance préhistorique est un atout indéniable. Certaines mécaniques sont très bien pensées, comme par exemple notre gentil petite chouette qui nous sert de drone de fortune. Bizarrement, on s'attache vraiment à ces connards de familiers tous identiques, tellement que le jeu se transforme rapidement en un petting simulator du pauvre. Et enfin, la chasse est grisante. Pour la première fois dans un Far Cry, les parties de chasses sont vraiment intenses et intéressantes. Si bien qu'elles deviennent le gros point fort du jeu. Et puis il faut bien avouer que globalement, la formule Far Cry fonctionne toujours. Le jeu n'est pas déplaisant, loin de là, à aucun moment je ne me suis affaissé sur moi même en fulminant contre ces fieffés québécois, mais ça ne veut pas dire non plus que je me suis éclaté tout du long, un sentiment de lassitude apparaît assez rapidement, et qu'il faut cautionner ce genre de pratiques plus que limites consistant à servir au joueur une soupe réchauffée à plein tarif.

Ces quelques bons points cité précédemment ne suffisent pas à rattraper tous les défauts du titre. Durée de vie ridicule (compter une quinzaine d'heures tout au plus pour terminer le jeu, et guère plus d'une trentaine pour en avoir fait le tour au complet). Contenu riquiqui (pas de multijoueur ou de mode coop). Difficulté inexistante. IA à la ramasse. Sévère impression de jouer à un DLC de Far Cry 4. Et grosse douleur au fion avec la désagréable impression d'avoir gâché 60 euros.

En bref, Far Cry Primal à 20 euros, OUI. Far Cry primal à 60 euros, NEIN !