Autant que FAR se peut

Commençons par dire les termes : j'ai du mal avec les walking simulators. Pour la même raison que j'ai du mal avec les films contemplatifs : je m'ennuie extrêmement vite. Car l'exercice est périlleux, et trop souvent, l'histoire, les graphismes ou la bande-sonore ne forment pas un tout qui peut contrebalancer une boucle de gameplay souvent défaillante.

Vous voyez où je veux en venir. FAR : Lone Sails est un jeu dont la direction artistique est marquée, elle claque. C'est super bien dessiné, les effets de lumière et cycles jour/nuits sont tops. L'ambiance est particulièrement réussie : le monde, vide et vraisemblablement apocalyptique (une supposition, l'histoire est aussi vide que son monde, mais j'y reviens en dessous) est jonché d'objets humains, touchés par la rouille et abandonnés.

Dans cet univers, on incarne qui, je ne sais pas, mais en tout, il est truffé d'un chapeau rond de marin et d'un imperméable, donc on va dire qu'il est Breton. Notre Breton en chef est pour la première fois aperçu devant la tombe de quelqu'un, qu'on imagine être son père, puis se dirige vers une sorte de bateau/camion qu'il va falloir démarrer. Voilà pour l'histoire. C'est à peu près tout ce qu'on pourra se mettre sous la dent, autant vous dire que j'ai crié famine tout du long. Et même si le décor est joli, il ne raconte jamais rien vraiment, comme ça peut être le cas pour Little Nightmares ou Limbo.

Le jeu est un walking-simulator, en 2.5D, où l'on va devoir diriger ce véhicule toujours vers la droite. Il faudra constamment se déplacer à l'intérieur du bateau pour, alternativement, mettre du carburant, relâcher la pression du gaz, appuyer sur l'accélérateur... À plusieurs moments du jeu, il faudra sortir de notre véhicule pour aller rapatrier du carburant et résoudre des petites énigmes quand notre véhicule sera bloqué. Enfin, par énigmes, il suffit de pousser des boutons : on n'est jamais vraiment bloqué dans ce jeu. À d'autres moments, on pourra améliorer notre bateau, en lui mettant une voile, un aspirateur qui chopera le carburant quand on passera au-dessus, ce qui nous évitera de s'arrêter pour le récupérer... et puis c'est tout.

Je dois vous avouer que j'ai été un peu déçu. Enfin non, carrément. À aucun moment, on n'est lancé à toutes berzingue dans une plaine, nous laissant profiter du paysage : j'aurais bien aimé un système d'amélioration en automatisant le processus de navigation : le carburant est aspiré -> il est déposé dans le réservoir -> on appuie sur le bouton ON et le bateau est lancé. Non, il faut constamment appuyer sur l'accélérateur, donc à l'intérieur du véhicule, ce qui nous empêche de profiter de paysages dessinés souvent de façon splendide (on peut appuyer sur R2 pour dézoomer... mais très vite, on doit rezoomer pour s'assurer que rien ne casse). Il n'y a aucun moment de sentiment grisant de vitesse, le véhicule peine et est plutôt lent tout au long du jeu.

De même, il y a parfois dans certaines sections du jeu des catastrophes climatiques : éruptions, pluies torrentielles, de tornades ... mais à aucun moment, on ne sent un sentiment d'épique, un sentiment de "ok, je mets le champignon et ça passe de justesse". Quel potentiel gâché !

La bande-sonore vient un peu rattraper le coche, même si elle se tait quand notre véhicule tombe en rade ou ralentit... ce qui encore une fois est intéressant sur papier, mais vu que ça arrive toutes les IFOJSQJO de secondes à cause de sections trop courtes ou parce qu'on a pas pu charger du carburant assez rapidement, ça devient dommage.

FAR : Lone Sails tombe dans les travers des walking-simulators cités en préambule : si la direction artistique est incroyable (le gros plus de ce jeu) et la bande-sonore agréable, la boucle de gameplay est rapidement ennuyante et n'innove jamais vraiment. Et ne parlons pas de l'histoire qui, comme je l'ai dit plus tôt, ne nous parle même pas d'elle-même.