Après la déception qu'a été FF9, mon premier jeu de la série, j'ai bien cru toucher du doigt quelque chose d'exceptionnel et il m'est douloureux d'en retirer au final des sentiments mitigés.
Si tout le jeu avait été comme la première partie, à mes yeux c'était le BGE. Le 10/10. Le chef d'oeuvre. En la parcourant, je me disais sans cesse que j'avais très, très rarement vu, dans ma vie, un jeu comportant aussi PEU de défauts. Des combats un peu trop nombreux; le terrible manque d'un journal de quêtes; et c'est à peu près tout. Cette première partie, c'est une aventure étourdissante qui t'emmène sans temps mort de péripétie en péripétie, en croisant au passage de multiples personnages aux archétypes tous immédiatement accrocheurs, pourvus, chacun, d'une mécanique spéciale et souvent très originale de combat; des décors superbes de raffinement (plus beau RPG de 1994, sans souci); des séquences plus mémorables les unes que les autres (oui ! la scène de l'opéra est superbe, croyez-en un joueur PC qui la découvre à 35 ans), une musique EXTRAORDINAIRE. Parlons-en de ce score. Je ne connaissais Uematsu que de réputation. Mais très régulièrement, au cours de l'aventure, je m'arrêtais sur la scène pour me dire "ah oui ce thème là il tue".
Et puis, au milieu de l'aventure, un événement majeur se déclenche, et là, tout change... et l'histoire s'arrête totalement.
Et c'est la cata. Car, du moment qu'il n'est plus porté par sa narration trépidante, réduite à un trip Mass Effect 2, le jeu ne soutient plus ses personnages, qui deviennent alors simplistes et convenus comme leurs arcs d'écriture. Pour repasser sur la légende du jeu, précisons que oui, il y a 14 personnages; non, il n'y a pas vraiment de héros principal; mais pour autant, ils ne sont pas du tout égaux entre eux en terme d'écriture et on discerne quand même, il ne faut pas plaisanter, qui sont les 3-4 personnages principaux et le reste de figurants plus ou moins inexistants.
En laissant la main de l'aventure au joueur lui-même, qui doit deviner la route à suivre et chercher les multiples secrets, le rythme devient haché, on tourne en rond, on prend le risque de louper des choses cruciales et de devoir s'astreindre à quelques pénibles heures de grind pour aborder sereinement le dernier donjon du jeu.
Cette liberté fait aussi ressortir les défauts précédemment cités : l'excès de combats aléatoires, qui vous opposent d'ailleurs à des ennemis plus random les uns que les autres, se fait ressentir quand on ne sait pas exactement où aller; l'ergonomie encore perfectible à l'époque qui vous fait embrasser des dizaines de sorts et d'objets alors que vous n'avez pas vraiment appris à les maîtriser, tout à votre ligne droite initiale; et surtout que rien n'enregistre les indices utiles à votre progression si ce n'est votre mémoire ou un calepin personnel ! Quittez votre jeu quelques jours à peine et vous êtes perdu; négligez le plus petit dialogue, la plus petite animation et c'est un secret primordial qui peut vous échapper.
Finalement, je pense que FF6 reste en-dessous de Chrono Trigger que j'ai découvert l'an dernier; je trouve Chrono Trigger plus cohérent et carré dans son game design pourtant audacieux, malgré sa narration est vraiment trop brouillonne. Et ce bien que FF6 a probablement eu une réponse émotionnelle plus forte pour moi.