Final Fantasy VII: Remake
7.5
Final Fantasy VII: Remake

Jeu de Square Enix (2020PlayStation 4)

Avant de parler de sa version new look, revenons aux origines de Final Final VII: nous sommes en 1996, la presse spécialisée de l'époque commence à "buzzer" sérieusement autour du jeu. En ces temps éloignés, les Final Fantasy sont de gros succès au Japon et dans une moindre mesure en Amérique du Nord. Mais en Europe, les différents titres de la licence circulent uniquement en import auprès d'un public averti et de la presse spécialisée. En dépit d'excellentes critiques, l'épisode VI par exemple, initialement développé sur Super NES et sorti en 1994 exclusivement au Japon puis aux USA, ne sera adapté que plusieurs années après sur d'autres plateformes.
Toujours est-il que si les magazines JV s'enflamment à l'annonce d'un 7e volet, dont Square a annoncé qu'il sortirait officiellement sur le vieux continent, le grand public lui, est plus réservé. A l'heure où cartonnent Resident Evil, Tomb Raider, Crash Bandicoot et autre Die Hard Trilogy, Final Fantasy VII alimente uniquement les conversations des geeks de l'époque. D'ailleurs, le titre sort au Japon en janvier 1997 mais ne débarquera que 11 mois plus tard en Europe! Impensable aujourd'hui...
Ce n'était pas couru d'avance et pourtant, le jeu aura un retentissement exceptionnel et contribuera à assoir le succès de la PSX, qui rappelons-le, était une nouvelle venue sur le marché des consoles à cette période. Peu coutumier des J-RPG, le public européen en général, et français en particulier, va adopter Cloud et sa bande. C'est au final près de 10 millions de copies qui seront vendues de par le monde sur la première console de Sony et marquera profondément l'esprit des gamers.
Vingt ans après, à l'heure où les remastered et remake sont légions, la demande se faisait pressante de la part du public afin que Square Enix mette en chantier une nouvelle version de son chef d'œuvre. Il faut dire que l'épisode original a subi les affres du temps: entre ces petits personnages pixelisés (qui en avaient déjà interloqués plus d'un en 97), son gameplay un peu lourd et ses incessants combats aléatoires, seuls les puristes osaient encore s'aventurer dans le monde de Gaïa, la boite aux trois CD étant surtout devenu un objet de collection.
Il faudra néanmoins attendre près de cinq ans entre les premières confirmations, et la sortie improbable de cette relecture, en plein confinement mondial...


Première précision, mais pas des moindres, ce remake n'est qu'un premier volet. Il est centré sur la partie se déroulant à Midgar. Midgar, c'est un peu la capitale, dans le sens où elle semble concentrer les activités et la population du monde de FFVII. Elle abrite notamment l'incroyable siège de la puissante compagnie d'énergie Shinra. La ville est composée d'une grande structure de forme circulaire comprenant huit réacteurs et un pilier central. Les beaux quartiers se trouvent sur le "plateau" alors que les bidonvilles sont situés en dessous, sans accès direct à la lumière du jour. Ces faubourgs pauvres, délaissés par les pouvoirs publics, survivent uniquement grâce à la bonne volonté de ses habitants qui se débrouillent au jour le jour, au milieu d'une urbanisation anarchique et sous la menace des créatures qui prolifèrent dans les égouts, les décharges et en bordure de la ville.
L'ambiance de Midgar est étonnante: sa vie nocturne, baignée dans une constante lumière bleue, rappelle le Los Angeles de Blade Runner et les bâtiments de la Shinra qui surplombent la ville évoquent ceux de la Tyrell Corporation du film de Ridley Scott. Son aspect futuriste contraste néanmoins avec ses voitures et ses trains qu'on jurerait sortis des années 60.


Ce contraste est finalement à l'image de pas mal de choses dans le jeu. Final Fantasy VII cultive un certain mélange des genres. Derrière son ambiance qui peut paraitre sombre de prime abord, le jeu ne manque pas d'humour. D'ailleurs, le non-initié s'étonnera probablement des réactions parfois outrancières des personnages, ou de leurs répliques un peu loufoques, y compris durant les combats. Ces variations constantes entre dramaturgie et comique est un héritage évident de la culture manga. Et si cela peut surprendre, ceux qui avaient déjà joué à l'épisode original n'en seront guère étonnés, car même si ce dernier était à l'époque uniquement sous-titré, on se rappelle pourtant que cet aspect là était bien présent et transparaissait notamment dans les gesticulations des personnages. Aujourd'hui, Final Fantasy VII: Remake bénéficie de doublages en diverses langues, y compris en français. Ils sont tous de facture correcte, bien qu'inégale.


On pourrait certainement s'étendre longuement sur les points communs et les différences entre les deux épisodes, mais celles qui sont essentiellement à retenir sont de deux ordres.
Tout d'abord le gameplay a été revu de fond en comble. Terminé les combats au tour par tour, ces derniers se déroulent désormais en temps réel. Le joueur peut alterner librement entre les personnages pour les faire combattre ou se déplacer comme il l'entend. Ce choix, bien qu'il rende parfois les affrontements un peu brouillons, n'en demeure pas moins bien plus dynamique. Tout le monde n'approuvera pas ce choix qui est une grosse évolution par rapport au premier jeu, mais il a le mérite d'être en phase avec son temps.
Le scénario a lui aussi évolué. La première raison est simple, vous passerez bien plus de temps à Midgar dans ce remake que dans le volet original. Il a donc fallu écrire des pans entiers d'histoire qui n'existaient pas. De plus, la formule en deux épisodes distincts a également obligé Square Enix a réinterprété le scénario original, en précipitant certains événements par exemple, ou en les modifiant de manière plus ou moins prononcée avant que ce premier volet se suffise à lui-même.


Si bien sûr, les nouvelles orientations prises seront forcément sujettes à débats, voire à polémiques, auprès des fans les plus anciens, ces derniers ne pourront néanmoins nier les aspects qui ont été superbement mis à jour.
Esthétiquement, le jeu a su garder l'âme de Midgar. D'un point de vue purement technique, on pourra bien dire que les textures sont parfois grossières ou que le level design est, en de rares occasions, un peu flemmard, mais dans l'ensemble, cela reste très réussi et on aura même droit à quelques points de vue somptueux qui inciteront le joueur à prendre le temps de contempler le paysage.
L'apparence des personnages restera aussi une des plus grosses satisfactions de cette version 2020. Ces derniers sont complétement cohérents avec leurs ancêtres, tout en étant, évidemment, à mille lieux des personnages grossiers de 1997.
Certains diront que les femmes, à l'instar de Tifa, sont hyper sexualisées, ce qui est vrai, mais là aussi, on sent l'héritage de la culture manga.
Last but not least, les musiques, elles aussi, sont à la hauteur de ce qu'on pouvait attendre, que ce soit les thèmes d'origine "remixés" ou les nouvelles compositions, on se régale tout simplement. L'OST de FFVII intègre sans souci le top 10 des meilleurs musiques de l'ère PS4.


On l'a dit, ce remake se débarrasse de pas mal de lourdeurs d'antan. Si les combats restent légions (si vous n'aimez pas spécialement ça, oubliez ce jeu), ils se font surtout au bénéficie d'affrontements contre des boss, extrêmement nombreux pour le coup. Terminés les combats aléatoires contre des carottes ou des machines à laver...même si le design de certains ennemis demeure un peu particulier, voire même clairement désuet...
D'une manière générale, même si le jeu récompense ceux qui font les quêtes secondaires, explorent tout de fond en comble (y compris les menus) et s'adonnent au leveling, le fait est que tout cela reste assez optionnel et ne conditionne pas votre réussite finale. Si voir le bout de l'opus original traduisait une belle forme de persévérance, voire de jusqu'au-boutisme, c'est désormais moins vrai.
Reste que pour atteindre la fin de ce premier volet, il vous faudra bien une cinquantaine d'heures tout de même, voire plus si vous ne foncez pas tout droit. Et bien que la difficulté "normale" soit plutôt équilibrée, le challenge est bel et bien là. Si on se perd beaucoup moins qu'avant, en revanche, certains combats de boss peuvent s'éterniser, mieux vaut donc toujours avoir un peu de temps devant soi en lançant la console.


Remake or not? A chacun de décider. On ne blâmera pas ceux qui chérissent Final Fantasy VII premier du nom de préserver leur amour pour le jeu en choisissant sciemment de passer à côté de celui-ci. Certains pourraient même être heurtés par les choix faits sur cette nouvelle version.
Néanmoins, pour ceux qui n'ont pas connu l'épisode de 97 ou qui désirent tout simplement se replonger dans cet univers si atypique remis au goût du jour, Final Fantasy VII: Remake reste une œuvre incontournable de la PS4, respectueuse de l'œuvre d'origine, mais dont les évolutions importantes traduisent forcément les deux décennies qui séparent les deux titres.
Rejouer à FFVII aujourd'hui, c'est aussi se rappeler de son avant-gardisme. Car plus que jamais, les réflexions qu'il inspire au joueur font dramatiquement écho aux enjeux du XXIe siècle, notamment à propos de l'exploitation effrénée des ressources naturelles et du rôle des multinationales prédatrices, tant sur le plan environnemental que social.
Il incite également à méditer quant aux conséquences de nos actes, y compris lorsque leur motivation première est louable et s'avère tout aussi pertinent sur d'autres thèmes, comme la manipulation de l'information ou encore la détresse sociale. A ce propos néanmoins, FFVII 2020 se montre parfois un peu lisse dans son approche, la violence de la Shinra et la rugosité de la vie dans les bas-fonds de Midgar apparaissent ainsi moins palpables qu'avant.
Le débat pourrait s'éterniser encore longtemps à propos de Final Fantay VII: Remake, et c'est bien normal vu la portée de l'œuvre d'origine. Toujours est-il que cette version est assurément remarquable en bien des aspects et qu'on ne saurait que trop conseiller, au moins à ceux n'ayant jamais joué au premier opus, de ne pas passer à côté de celui-là, car on tient sans aucun doute une œuvre atypique et une expérience de jeu peu commune.

billyjoe
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs jeux de la PlayStation 4 (PS4)

Créée

le 16 déc. 2021

Critique lue 71 fois

Billy Joe

Écrit par

Critique lue 71 fois

D'autres avis sur Final Fantasy VII: Remake

Final Fantasy VII: Remake
Jérôme_Derochette
4

Un retour désenchanté !

Dire que ce remake de Final Fantasy était attendu au tournant est un euphémisme. Quelques années après son annonce, les joueurs, fébriles, le tiennent enfin au bout du pad. Et le verdict est sans...

le 16 avr. 2020

46 j'aime

9

Final Fantasy VII: Remake
baje
5

Un mauvais jeu, un mauvais RPG et un mauvais FF.

FF7R est un jeu particulièrement vieux, développé sans aucune idée neuve et pire, avec des dizaines de mauvaises. Le soin tout particulier accordé aux protagonistes principaux, bien pratique pour les...

Par

le 5 avr. 2020

32 j'aime

18

Final Fantasy VII: Remake
Aelphasy
8

Vous connaissez FFVII ?

Bien sûr que vous connaissez FFVII. Vous êtes un joueur du dimanche ? Vous connaissez FFVII. Vous ne jouez pas à des JRPG ? Vous connaissez FFVII quand même. Vous traînez sur des forums spécialisés...

le 19 avr. 2020

30 j'aime

1

Du même critique

Deux fils
billyjoe
7

Le cœur des hommes

On connaissait Félix Moati, l'acteur. S'il n'a pas joué que dans des chefs-d'oeuvre, le jeune homme a déjà une filmographie relativement dense. A 28 ans seulement, il sort en ce début d'année, son...

le 12 janv. 2019

13 j'aime

Dernier train pour Busan
billyjoe
7

Zombiepiercer

Le cinéma coréen a le vent en poupe, et il le mérite bien. Ces dernières années, les productions de qualité en provenance du « pays du matin calme » ont explosé. Le créneau fantastique est d’ailleurs...

le 1 sept. 2016

11 j'aime

La La Land
billyjoe
8

L.A Music Hall

A Damien Chazelle, on devait déjà le très bon Whiplash en 2014. A seulement 32 ans, et pour son troisième film en tant que réalisateur, Chazelle se plonge à nouveau dans le monde de la musique avec...

le 22 févr. 2017

9 j'aime