FF8 = La plus grosse déception vidéoludique de mon existence.
A la sortie, j'étais encore sous mon high FF7 (que j'ai aussi fini par désavouer, d'ailleurs), j'avais fait la démo comme un ouf-malade, j'étais surexcité, j'en attendais monts et merveilles... Et je suis tombé devant un gros Nomura-wank supporté par pas d'histoire, avec des systèmes certes osés, mais fondamentalement ratés.
Je précise:
-J'aime pas Nomura. Je trouve son character design pauvre et affreusement générique. Si tu demandes à un dessinateur de seize ans de dessiner un truc "facon manga", s'il est pas inspiré, il te sortira du Nomura. Pour une raison qui, j'imagine, tient de la cohérence interne du projet, ses designs fades sont souvent la juste illustration de personnages insipides. Ici, ca manque pas: On a un héros ado antipathique (pas attendrissant facon Daria, non, juste bon à baffer), une rivalité complètement artificielle avec Seifer, un love interest qui me fait encore rager à ce jour (en partie, c'est vrai, pour l'affront fait à l'image du perso-et-son-clebs, magistralement géré par Shadow dans FF6), et des persos secondaires cools en combat... Et transparents ailleurs. C'est tellement navrant que la B-Team (Laguna/Kiros/Ward) en devient une vraie bouffée d'air, précisément parce qu'en prenant un contrepied ils en deviennent les seuls aimables.
-Pas d'histoire. Enfin, si, une histoire, largement basée sur du "BUT THOU MUST" arbitraire et linéaire. Je reproche pas la linéarité aux JRPG, hein, ca serait hypocrite vu que c'est un caractère définissant du genre, je reproche juste ici le coté forcé et artificiel de la mise en place, de l'escalade du scénario, des différents climax et de ce que j'ai vu de la fin. A un certain point, "C'est des militaires, ils font c'qu'on leur demande", c'est léger comme charpente. Et assez anti-héroïque d'ailleurs. Choix curieux dans un genre qui s'axe beaucoup sur la tradition du shonen et particulièrement du nekketsu. C'est expérimental, j'imagine, mais ca m'a pas aidé à projeter mon empathie.
-Parlons-en, d'ailleurs, de l'originalité qui tombe à plat. Parce que si FF8 a été ballsy sur ce qu'il a proposé de neuf, j'ai du mal à considérer ses tentatives comme autre chose que de la branlette conceptuelle. Allez, récapitulons:
--Pas de niveaux! Cool, on va pouvoir arrêter de farmer des pex... Sauf qu'on farme des magies et qu'on farme pour les G-Force et... Ben, au final on farme autant. D'ailleurs "Pas de niveaux", c'est un abus de langage, y'a des niveaux juste plus discrets, ce qui maintient des aspects relous d'un système à niveaux comme la disparité entre dream team et persos pas utilisés.
--Plus réaliste! Exit les persos super déformés, place à la maturité des proportions respectées pour un ensemble plus poignant... Qui s'écroule donc encore plus dur face aux logiques bancales (locations de voiture qu'on peut laisser au milieu de nulle part, salaire versé même en situation de fin du monde et sans employeur, inventaire partagé, joueurs de cartes EVERYWHERE,...). On est moins regardant face à la logique interne d'un monde qui ne se veut pas logique. Ici, FF8 a simplement pété plus haut que son cul.
--Pas d'argent sur les monstres! En effet, c'est une convention un peu débile dans le jeu de rôles... Mais remplacer ca par un salaire et la vente d'objets, ca fait plus que déstabiliser: Ca ajoute un coté gestion bien relou. Avec les niveaux SeeD qui baissent avec le temps et qui montent avec les questionnaires, ca rend l'ensemble quasiment parodique, on se met à gérer son fric dans le jeu comme on envoie des formulaires à la CAF pendant la semaine de demande d'emploi qu'on a entre deux jobs, et on obtient ses niveaux SeeD avec la même excitation qu'on a quand on recoit ses papiers disant "Vous allez avoir tant de fric". Dans la pratique, c'est du Final Bureaucracy.
--Des mini-jeux! Ca avait marché, et ca avait plu, sur FF7, pourquoi pas? Ben là, le gros souci, c'est que les mini-jeux ne sont pas juste un aspect tangent qui fait varier le gameplay. Je parle spécialement du jeu de cartes, là. Il n'est facultatif que de nom tellement la différence entre une partie qui les prend en compte et une partie qui s'en moque verront leurs atouts différer. Economiser ses cartes, les transformer,... Ca aurait pu être intéressant si le jeu avait été plus équilibré, plus gérable, et si ses conséquences étaient moins lourdes. Jouer sans avoir sauvegardé est débile tant on peut se faire chourrer une carte de oufs face à une autre carte de oufs (aucune notion d'équilibre), et avancer sans provoquer tout le monde en duel est le risque de passer à coté de La Carte Ultime De La Légende Ancienne que possédait la réceptionniste du motel. Ca ralentit le rythme et si s'en foutre est une possibilité, c'est une possibilité handicapante. (D'ailleurs, ma théorie: un système de cartes d'une telle importance + REALISME = Les gens qui ont fait ce jeu ont acheté des cartes Magic rares et sont maintenant frustrés de remarquer que c'n'est pas exactement la même chose qu'un investissement immobilier)
--Des persos super adaptables! Là, j'accuse FF7, mais FF8 n'avait aucune raison de suivre le modèle. En transposant des G-Force et des magies, on obtient sensiblement le même perso. A tel point qu'on finit par sélectionner son équipe autour des limit break, ils sont identiques sur les autres aspects. Des personnages à l'emporte-pièce pour une replay value bien perrave. On pourrait penser que la replay value se situe au niveau des configs de G-Force et de magies (à défaut d'avoir des persos vraiment nuancés), mais là aussi les problèmes d'équilibre sont tellement rigolol que par exemple décider de jouer sans Aura n'est pas juste un choix stylistique, c'est totalement crétin.
Alors non, j'ai pas aimé FF8. Je l'ai pas aimé à sa sortie (enfin, si, pendant 5 heures, le mercredi après-midi de sa sortie, ensuite j'ai désaoulé), je l'ai pas aimé au moment où les haters ont fondu sur FF9 (que je préfère amplement), et maintenant avec les nostalgia goggles qui semblant frapper tous les gamers du monde, je l'aime encore pas. Pour mes sensibilités particulières, il a jamais été bon, il le s'ra jamais.
La bande-son est à lire de toute urgence, les posters sont jolis si on aime le style gnangnan nippon, le jeu est à faire caca en courant.